ATHENES (AFP) - Les représentants de la communauté albanaise en Grèce ont dénoncé mardi un "pogrom" anti-albanais, qui a notamment fait un mort, à l'issue de la victoire de l'Albanie contre la Grèce en match de qualifications au Mondial 2006 de soccer, samedi.

Selon le Forum des immigrés albanais, les violences, provoquées dans le centre d'Athènes et de Salonique (nord) par des groupes grecs d'extrême-droite, mais aussi dans le reste du pays, ont fait "environ une centaine de blessés", outre la mort d'un Albanais de 20 ans poignardé sur l'île ionienne de Zakynthos (ouest).

Au moins six Albanais ont été blessés à coups de couteau, dont deux compagnons de la victime de Zakynthos, et deux à Athènes, toujours hospitalisés mardi, a indiqué au cours d'une conférence de presse une représentante du Forum, Egida Leka.

Le Forum va déposer des plaintes y compris contre la police, a-t-elle ajouté, dénonçant l'incurie des forces de l'ordre, voire comme à Athènes leur "coopération" avec les auteurs des violences.

Avec une série d'organisations de gauche, qui ont dénoncé un accès de xénophobie et l'attitude policière, le Forum a appelé à deux manifestations, mardi soir à Salonique et jeudi à Athènes.

La police et les médias avaient rendu compte d'incidents, mais d'une ampleur plus limitée, tandis que seuls deux Grecs ont été arrêtés pour le meurtre de Zakynthos et déférés lundi devant le procureur. Un Albanais de 18 ans a aussi été arrêté à Salonique pour avoir blessé deux Grecs.

Le gouvernement conservateur a condamné les violences dimanche, mais plusieurs personnalités, dont le préfet conservateur de Salonique, Panayotis Psomiadis, et l'évêque orthodoxe de la ville, Mgr Anthimos ont mis en cause l'attitude "provocatrice" des immigrés albanais, sortis fêter la victoire de leur équipe nationale.

De nombreux médias se sont aussi indignés d'un climat "anti-grec" lors du match, à Tirana. L'autorité de contrôle de l'audiovisuel a indiqué qu'elle vérifiera si les télés ont contribué à "créer un climat négatif et agressif".

Estimée à environ un million, la communauté d'origine albanaise est confrontée à une xénophobie croissante en Grèce depuis sa forte augmentation au début des années 90.