C’est la Coupe de tous les dangers. Personne n’est à l’abri et le succès d’un match ne garantit rien pour le suivant. L’Allemagne l’a appris à la dure aujourd’hui et le groupe C reste complètement ouvert au terme des matchs du jour.

Après une démonstration de maîtrise et de savoir-faire contre l’Australie où elle avait largement dominé en l’emportant 4–0, le match contre la Serbie semblait être une formalité. Surtout que celle-ci n’avait pas bien parue dans sa défaite de 1–0 contre le Ghana. Mais dès le début, on a vu que le jeu des Allemands n’était pas aussi fluide qu’au premier match tandis que les Serbes avaient gagné en présence. Les duels étaient serrés, les corps à corps fréquent.

Mais l’arbitre du match, l’espagnol Alberto Undiano, était en forme aujourd’hui. À la demi-heure de jeu il avait déjà décerné 5 cartons jaunes, jouant de son sifflet (jaune aussi) allègrement sur toutes les fautes, imaginaires ou réelles. À la 37eminute, il a vu rouge et expulsé sur deuxième carton jaune, l’attaquant de pointe de l’Allemagne Miroslav Klose. Les Serbes profitent du choc qui secoue les Allemands réduits à dix et dans la minute qui suit, Jovanovic marque le premier but de la Serbie en Coupe du monde, en tant que nation indépendante. Stupeur dans les gradins et dans le monde du foot.

Il reste 50 minutes de jeu, il y a amplement le temps pour les Allemands de se ressaisir et de revenir au score. D’ailleurs, malgré le fait qu’ils aient un homme de moins sur le terrain, ils assurent. Ils reprennent possession du ballon, créent des jeux et juste avant la mi-temps, Kedhira frappe une transversale dont le retour échappe à Müller. Mais la plus grande occasion ratée sera le penalty tiré par Podolski et arrêté par Stojkovic qui recevra le titre d’ « Homme du match ». Toute l’Allemagne a dû avoir une pensée pour le capitaine Michael Ballack, blessé et absent de la formation, qui tire habituellement ces ballons-là…

Pourtant malgré le fait que l’Allemagne vacille, la Serbie ne parvient pas à marquer le but d’assurance. Peu importe, elle s’accroche à son 1–0, elle commence à ressembler à l’équipe annoncée en début de tournoi et chose certaine, elle fait l’affaire du jour. Pendant ce temps, l’ours regagne sa tanière en léchant ses blessures…

Dans le groupe C, tous les experts sont confondus. Les États-Unis et l’Angleterre avaient l’occasion de remettre les pendules à l’heure. Cependant, la victoire ne semble pas inscrite dans leur carnet de bal jusqu’à maintenant… La Slovénie marque rapidement contre les américains. Elle est en tête du groupe et veut y rester. Mieux, elle ajoute un deuxième but avant la mi-temps. L’avenir des États-Unis est sombre, personne n’a encore remonté un déficit de deux buts dans cette Coupe du Monde.

À la reprise, l’Américain Donavan prend les choses en mains. Endossant le rôle de capitaine sans brassard, il marque au retour, bouscule ses joueurs, les houspille, les asticote, les oblige à réagir. Du coup, les Américains sont plus efficaces et un deuxième but les hisse à la hauteur des Slovènes. Ils maintiennent la pression et à la 85e minute, Edu marque le troisième but américain…qui sera refusé. Une faute dans la surface, un hors-jeu, on ne sait pas trop ce qu’a vu l’arbitre, mais on en restera là. 2 à 2.

L’Angleterre arrive donc avec une belle perspective: rejoindre la Slovénie en tête. Avec une équipe de riches étoiles, elle a ce qu’il faut pour dominer l’Algérie, défaite 1–0 par cette même Slovénie au premier match. Encore là, les choses ne se déroulent pas comme prévu. L’Angleterre peu inspirée, peu créative, se traîne les pieds devant les Fennecs qui, flairant l’occasion, s’accrochent. Lampard et Gerrard n’ont pas encore trouvé comment accorder leur immense talent. Rooney a raté quelques occasions, mais sans sa fougue habituelle. Pas de chances nettes du côté de l’Algérie qui n’a pas vraiment mis en danger David « Calamity » James, remplaçant de l’infortuné Green. Elle a quand même bien paru dans le débat, allant chercher le point qui lui permettait de rester en vie dans le groupe où tout sera décidé lors de la dernière journée de cette première phase.

La leçon que donne cette Coupe du Monde, c’est qu’il n’y a plus de « petits » pays. Tous peuvent aspirer à la victoire dans ce sport hautement démocratique, et rien n’est acquis pour les mieux nantis. Demain, les Pays-Bas et le Japon s’affrontent dans un duel de vainqueurs de premier match. Puis le Ghana et l’Australie tenteront de gagner une option sur un ticket du deuxième tour et enfin le Cameroun et le Danemark (qui aimeraient bien un match nul Pays-Bas/Japon) essaieront d’engranger de premiers points. Des prédictions? On ne s’y risque plus…