Lorsqu’on a connu le désert, on ne peut l’oublier. Ses dunes immenses, ses oueds asséchés, ses montagnes rocheuses, ses vents de sable et ses herbes à chameaux sont en nous pour toujours. Eh bien maintenant le désert doit partager sa place avec la jungle dans mon cœur. Ce voyage m’aura fait découvrir un monde où la nature prend tous ses droits et où l’homme est encore bien petit face à elle.



Après notre semaine délirante en camping on ne peut plus sauvage avec nos amis d’Amazon adventures, nous avons poursuivi dans une autre partie de la jungle dans une version plus touristique et luxueuse. Pour une seule raison, nous voulions faire le « Canopy trail et une seule agence l’offrait. Le « Canopy trail est une espèce d’arbre en arbre sans les jeux et les obstacles. C’est en fait une série de passerelles qui nous amènent au faîte des arbres d’où on peut contempler une mer verte à l’infini. J’avais toujours eu l’idée, avant ce voyage, que la jungle était recouverte d’une toiture de feuillage compacte où la lumière passait difficilement. Je me suis rendue compte que ce n’était pas le cas. Les guides m’ont expliqué que ça existe effectivement, mais en certains endroits seulement, que cette toiture est due aux plantes parasites qui envahissent la cime des arbres et arrivent à les recouvrir complètement. Des genres de lierres sauvages si vous voulez.



Les passerelles rejoignent quatorze plates-formes dont la plus haute culmine à 36,8 mètres, soit 118 pieds. C’est suffisant pour nous donner une vue impressionnante des alentours. Aussi loin que notre regard se porte, ce n’est que verdure qui se décline sur tous les tons, avec ça et là une touche de couleur créée par les jacarandas débordants de fleurs mauves ou les autres arbres qui rivalisent avec les leurs jaunes ou des rouges. Dans cette partie du voyage, nous avons visité une tribu Yagua (les Gens rouges) qui nous attendait visiblement, tout le village ayant revêtu les tenues traditionnelle. Si on sentait que les adultes se pliaient au caprice des touristes, les enfants étaient adorables. On a quand même pu en apprendre un peu sur les us et coutumes de cette tribu, l’une des 67 différentes qui peuplent le Pérou.







Puis il a bien fallu quitter le bassin amazonien. Nous avions un dernier arrêt à faire avant de revenir à Montréal…on ne peut aller au Pérou sans voir le Machu Pichu! Nous avons donc pris l’avion vers Cuzco où notre corps a un peu protesté devant ce brusque passage de 56m du niveau de la mer à 3,400! Le souffle court, l’estomac un peu chaviré, nous nous en sommes quand même bien tirées. Le Machu Pichu est à deux heures d’autobus et deux autres heures de train de Cuzco. Ça fait une journée qui démarre tôt et qui fini tard. Rendues au village d’Aguas Calientes, nous prenons un autre autobus qui fera une montée vertigineuse vers les ruines inca avant de nous déposer devant le guichet d’entrée où se bousculent des touristes des quatre coins du monde.



Si la cité est impressionnante, si le site est étourdissant, si le paysage environnant est spectaculaire, je n’ai pas ressenti l’émotion que j’attendais en me promenant entre ses pierres. J’y vois plusieurs raisons. Tout d’abord, je ressentais le contrecoup d’un séjour en altitude sans acclimatation et un paysage perd de ses charmes quand on est nauséeuse. Puis, il y avait trop de monde autour de moi, et pourtant nous étions en basse saison, pour que je puisse me laisser toucher par l’endroit. Et ce ne sont pas tous les touristes qui ont une tenue respectueuse envers ces anciens lieux sacrés. Enfin, je crois que le Machu Pichu doit se mériter. Lorsqu’on y arrive par le chemin de l’Inca, au terme de quelques jours de trek pas toujours facile, et qu’il se révèle au détour d’une piste, qu’il se dévoile comme une récompense aux efforts consentis, on doit certainement lui donner toute la valeur qu’il mérite.



Nous nous sommes regardés comme des chiens de faïence, le Machu Pichu et moi. Il a senti que je ne me livrais pas complètement à lui, alors il a choisi de garder ses secrets. Mais il m’a tout de même fait quelques clins d’œil en me laissant rentrer dans des salles ouvertes aux fenêtres étroites percées dans la muraille, en me laissant me promener dans un dédale de pièces où j’essayais de comprendre ce qu’elles avaient été à leur époque de gloire, et m’a fait regretter de ne pouvoir y revenir en solitaire un soir de pleine lune…



Le Machu Pichu a tout de même été une conclusion grandiose d’un voyage peu commun, un voyage qui a fait naître en moi plus de rêves qu’il n’en a assouvis. Mais avant de repartir pour des contrées lointaines ou des destinations exotiques, je vais faire un retour dans l’hiver et, une heure plus tard dans les Maritimes, je vous écrirai prochainement d’Halifax et vous parlerai des Jeux du Canada. Mais si parfois mon esprit s’égare à nouveau dans la jungle, ne m’en veuillez pas. J’ai encore quelques traces de son soleil sur ma peau, et son empreinte luxuriante dans le cœur.