LUCERNE, Suisse - Le tirage au sort de l'Euro-2008 dimanche à Lucerne a programmé un nouvel épisode au feuilleton de la rivalité entre France et Italie, dans un groupe C aussitôt rebaptisé "groupe de la mort", puisqu'il compte aussi les Pays-Bas, et un outsider, la Roumanie.

Quand Jürgen Klinsmann, une des personnalités préposées au tirage, a sorti la boule contenant l'Italie, les traits de Raymond Domenech se sont assombris. Plus tard, devant la presse, le sélectionneur tricolore avouera qu'il "était en train de prier pour ne pas tomber contre l'Italie au début du tirage"...

Seul Didier Deschamps, lui aussi guest-star, aura eu la main moins lourde avec son ancienne équipe en tirant la boule de la Roumanie (dont ce sera le 4e Euro et qui retrouvera la France ensuite dans les qualifications pour le Mondial-2010).

Avant Klinsmann et Deschamps, le Grec Theodoros Zagorakis (capitaine des champions d'Europe en titre) avait déjà cassé l'ambiance dans le camp français en plaçant les Bleus avec les Pays-Bas (champion d'Europe en 1988, dont ce sera le 8e Euro), tête de série.

La question qui fâche

Même s'il n'a pas donné de noms -"D'autres tirages m'auraient rendu le sourire"- une autre tête de série comme l'Autriche (qui devait ce rang à son statut de co-organisateur), classée 91e au rang Fifa et qui n'a jamais disputé d'Euro, n'aurait sans doute pas déplu à Domenech.

Mais le sort en a décidé autrement. L'histoire était écrite pour certains, puisque Roberto Donadoni avouait qu'il avait eu avant ce tirage "ce pressentiment" : voir les deux meilleurs ennemis du football mondial se retrouver.

Français et Italiens ne se quittent plus, après la finale de l'Euro-2000 (succès français), celle du Mondial-2006 (trophée italien), leurs affrontements sulfureux en qualifications pour cet Euro, pimentés par les polémiques avec Domenech, sans oublier bien sûr, la victoire de l'Italie en Ecosse le 17 novembre qui a permis la qualification des Azzurri... et des Bleus.

Comme si le dépit ne suffisait pas, Domenech a été confronté en conférence de presse à sa première escarmouche avec la presse italienne, quand un journaliste transalpin lui a demandé : "Le 17 juin (date du match contre l'Italie), ça ne se passera peut-être pas très bien pour la France car cette fois il y aura Materazzi sur le terrain, qui n'était suspendu puis blessé en qualifications...".

"Question à la +con+!", a lâché plus tard Domenech, qui n'a pas répondu sur le moment. "Les Italiens font ça, ils me provoquent et après ils me font porter le chapeau, mais je ne rentre pas là-dedans", a tempéré le sélectionneur français. Le match est lancé.

Suisse-Turquie sous surveillance

Les retrouvailles franco-italiennes ne doivent pas occulter les autres points chauds de l'Euro. Les acteurs du football présents dans la salle pour le tirage ont ainsi laissé échapper une petite clameur quand la Turquie et la Suisse ont été placées dans le même groupe (groupe A, avec la République tchèque et le Portugal, deux sérieux clients).

Car Suisse-Turquie sent déjà le souffre après les graves incidents de novembre 2005 à Istanbul, lors d'un match de barrage des qualifications pour le Mondial-2006, et la bagarre générale qui avait émaillé la fin du match.

Dans le groupe B, l'Allemagne, première qualifiée pour cet Euro (et qui portera à dix son record de participations consécutives à un Euro), a été bien lotie avec l'Autriche, la Pologne (soit les deux bizuths de l'Euro) et la Croatie, qui opposera plus de résistance, auréolée du label "équipe qui vient d'éliminer l'Angleterre".

Enfin, le tenant du titre grec et l'Espagne devraient passer sans souci l'écueil du groupe D, la Russie et la Suède étant largement à leur portée.

"Le rendez-vous de l'émotion" avait été choisi comme slogan pour l'Euro. Le tirage a déjà été à la hauteur. À dans moins de 190 jours pour la suite.