LISBONNE (AFP) - Le sélectionneur brésilien du Portugal, Luiz Felipe Scolari, dont le discours est bien rôdé, a estimé samedi que la Grèce, finaliste surprise, était déjà le "grand vainqueur" de l'Euro-2004 de soccer, quel que soit le résultat de la finale de dimanche.

Q: Comment allez-vous aborder cette finale face à la Grèce, qui avait battu le Portugal en ouverture?
R: "Il ne va pas falloir commettre les mêmes erreurs. C'est du +50-50+. Tout va se jouer sur de petits détails. Sur ce tournoi, la Grèce et le Portugal sont deux équipes comparables".

Q: Allez-vous continuer à aligner la même équipe, même si Pauleta n'a pas encore marqué?
R: "Nous n'allons pas changer l'équipe. Pauleta va commencer le match, même si je ne peux pas affirmer qu'il le disputera en entier. Son investissement dans le groupe est remarquable".

Q: Vous avez chamboulé l'équipe après le premier match. Etait-ce, comme le prétendent certains, de l'improvisation?
R: "Nous avons travaillé pendant plusieurs semaines avec les joueurs et je les connais bien. On peut parler d'improvisation ou de tous les mots en +ion+ qu'on veut, je m'en moque: le Portugal est en finale".

Q: Cette finale est-elle une revanche?
R: "Non. Il y aura du respect et de l'amitié de part et d'autre. Nous voulons traiter les Grecs de la manière dont nous aimerions qu'ils nous traitent quand ils accueilleront les jeux Olympiques le mois prochain".

Q: Comment jugez-vous les performances de cette équipe?
R: "La Grèce apporte la démonstration que la force collective peut dépasser le talent individuel. Cette équipe n'avait jamais gagné un match dans un tournoi majeur, et là, elle se retrouve en finale! Le Portugal, lui, va également disputer sa première finale mais était déjà arrivé deux fois en demi-finales (1984 et 2000). Quel que soit le résultat demain (dimanche), je pense donc que la Grèce est déjà le grand vainqueur de l'Euro".

Q: Otto Rehhagel et vous-même n'êtes pas originaires du pays dont vous êtes le sélectionneur. Cela facilite-t-il les choses?
R: "Je ne pense pas que cela soit plus facile, mais un sélectionneur étranger n'est pas impliqué dans les enjeux du soccer national. Parfois, cela peut favoriser notre travail".

Q: Vous pouvez devenir le premier sélectionneur à réussir le doublé Mondial-Euro avec deux équipes différentes. Ce match est-il le plus important de votre carrière?
R: "Ce match est le plus important de ma vie, mais j'ai toujours fonctionné comme ça, en pensant toujours au prochain match."

Q: Que vous inspire la décision de Rui Costa de prendre sa retraite internationale après l'Euro?
R: "C'est une surprise. Je vais attendre la fin de l'Euro pour en parler avec lui car maintenant, ce n'est pas le bon moment. En tout cas, demain, je le mettrai dans l'équipe si c'est nécessaire, mais pas uniquement pour le faire figurer parmi les onze qui termineront le match".

Q: Que vous inspire l'enthousiasme populaire dont la Selecçao est l'objet?
R: "Pour sortir du cadre sportif, je dirais que nous pouvons permettre aux gens, à travers le soccer, de voir l'avenir de manière plus positive dans les prochaines années. C'est un défi que toute la société portugaise peut relever".

Q: M. Durao Barroso, nommé président de la Commission européenne, pourrait démissionner lundi de son poste de Premier ministre et une boutade court au Portugal selon laquelle vous devriez lui succéder...
R: (Sourire) "En me mettant dans la peau d'un Premier ministrable, je dirais que ce tournoi a été marqué par la rencontre de plusieurs cultures, sans problème majeur. Je décrirais l'Euro comme une fête de l'amitié".