BRUXELLES (AFP) - Deux inculpations, deux mandats d'arrêts internationaux: la justice belge a accéléré jeudi et vendredi son enquête visant à mettre la main sur les organisateurs présumés d'un système mafieux de paris truqués sur internet touchant le Championnat de Belgique de soccer.

Jeudi à Bruxelles, la juge d'instruction Silvania Verstreken a lancé deux mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de Ye Zheyun, homme d'affaires chinois soupçonné d'être l'instigateur du système mafieux, et du Belge Pietro Allata, agent de joueurs suspecté d'avoir introduit "le Chinois" au sein de plusieurs clubs.

La juge n'en est pas restée là. Vendredi, elle a procédé aux deux premières inculpations dans ce dossier. Le président de La Louvière, Filippo Gaone, et l'avocat de ce club de 1re division belge, Laurent Denis, ont été inculpés (mais laissés en liberté) pour des infractions de type financier, liées à la comptabilité du club.

Ces premières décisions judiciaires officielles font suite à une série de d'actes judicaires, nombreux ces dernières semaines. Il y a eu 23 perquisitions jeudi et sept personnes interpellées, principalement dans la région de La Louvière (centre).


Championnat en sursis

L'enquête vise actuellement trois clubs de 1re division: le SK Lierse, Saint-Trond et La Louvière. Selon le parquet, tous ces clubs, en difficultés financières, ont été approchés --voire noyautés-- par Ye Zheyun.

D'après la presse, "le Chinois" agissait toujours selon le même mode opératoire: il proposait son aide financière aux clubs en échange d'arrangements sur le résultat de certains matches.

En Asie principalement, plusieurs parieurs mis au courant de la combine pouvaient dès lors miser sans risque (et souvent très gros, comme l'ont plusieurs fois indiqué des société de paris en ligne) sur les résultats de ces matches.

Les premières traces de matches truqués remontent à janvier 2005.

La justice et la presse ont acquis la certitude que le Championnat de Belgique en 2004-2005, ainsi que la saison actuelle, ont été faussés, même si le nombre de matches truqués n'est pas défini. Au moins six, selon des enquêteurs. Plus de vingt, d'après certains médias.

Dans ces conditions, des quotidiens se demandaient vendredi s'il ne faudrait pas neutraliser le Championnat. Pour Jan Peeters, président de la Fédération belge de football, "ce serait une folie".

Au-delà du royaume

Lundi prochain, les présidents des clubs de D1 se réuniront à Bruxelles pour adopter une position commune sur la suite de la compétition.

Actuellement, cinq joueurs (tous du Lierse ou anciens du Lierse) et deux entraîneurs (Paul Put, ex-Lierse, et Gilbert Bodart, de La Louvière), visés par l'enquête, ont démissionné ou ont été licenciés.

D'autres, régulièrement interrogés par les enquêteurs, ont notamment permis de découvrir que le scandale dépassait les frontières du royaume.

Jeudi, l'ancien joueur et manager belge Olivier Suray a avoué que le match du Championnat de Finlande 2004-2005 entre son club de l'époque, Alliansi, et Hank (0-8) avait été truqué à la demande de Ye Zheyun.

Jeudi aussi, le Français du FC Brussels, Mario Espartero (ex-Metz et La Louvière) a été longuement interrogé. Selon la presse, il est soupçonné d'avoir été "acheté" par Ye Zheyun.

Le code pénal belge prévoit des peines de six mois à trois ans de prison pour la corruption privée. En cas d'association de malfaiteurs et de mise en place d'un système mafieux, elles peuvent atteindre dix ans.