LISBONNE (AP) - Avec trois victoires en trois matchs, la République tchèque est le seul favori ayant véritablement assumé son statut lors du premier tour de l'Euro 2004, marqué par les éliminations prématurées de trois anciens vainqueurs de l'épreuve (Espagne, Italie et Allemagne) ainsi que par l'ascension de la Grèce.

La première phase de la compétition, qui s'est terminée mercredi soir, a généré beaucoup de suspense car dans trois des quatre groupes la qualification s'est jouée lors de la dernière journée. Mais ce premier tour a provoqué un improbable écrémage.

Certes, la liste des huit promus au deuxième tour dessine une carte d'Europe aux contours familiers, avec la France, tenante du titre, la République tchèque, les Pays-Bas ainsi que l'Angleterre et le Portugal, pays hôte, qui avaient rendez-vous dès jeudi soir pour le premier quart de finale.

Mais cette Europe pousse ses frontières vers le sud-est, avec la présence inattendue de la Grèce et vers le nord, avec celles des deux voisins scandinaves, le Danemark et la Suède.

Manquent à l'appel trois ténors, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne, qui ont dû ravaler leurs ambitions après avoir affiché leurs limites physiques, mais surtout mentales.

Considérée comme une formation capable de battre tout le monde, la République tchèque fait encore plus figure d'épouvantail après son étonnant parcours du premier tour.

Si vaincre la Lettonie, le "petit Poucet" du tournoi ne fut pas si facile (2-1), la République tchèque a étonné face aux Pays-Bas (3-2) et s'est, pour finir, offert le luxe de battre l'Allemagne (2-1) tout en ayant vidé son banc.

A chaque fois, les Tchèques ont fait preuve d'enthousiasme, pris des risques payants et proposé un jeu où se mélangent la qualité collective et les nombreux talents individuels.

La fraîcheur mentale, l'envie, l'esprit d'initiative s'attachent également aux pas de la Suède et du Danemark. Sans pression particulière, ces deux formations, qui ne manquent ni de forme, ni de techniciens de haut vol, ont pratiqué un jeu débridé, spectaculaire et souvent productif.

Avec huit buts, la Suède partage d'ailleurs avec l'Angleterre le titre de meilleure attaque du premier tour. A noter que si le revenant Henrik Larsson a inscrit trois buts, quatre autres joueurs ont contribué au total suédois. Aucune équipe n'a fait mieux.

Les Pays-Bas se sont également montré talentueux, à l'image de leur attaquant Ruud Van Nistelrooy, meilleur réalisateur du premier tour (4 buts) et qui reste un "renard des surfaces".

Si le ciment tient entre toutes les individualités bataves et que le collectif reste performant, l'équipe de Dick Advocaat constituera un sérieux candidat au titre.

Angleterre, France et Portugal n'ont offert un jeu digne de leur statut que par intermittence. Alors que ses leaders David Beckham et Michael Owen paraissent un peu en retrait, l'Angleterre a pu se reposer sur l'explosion du phénomène Wayne Rooney.

Percutante, rapide, habile dans la finition, la jeune vedette d'Everton (18 ans) a fait preuve d'autant d'efficacité devant la cage (4 buts) que le très expérimenté Van Nistelrooy.

De son côté, la France a assuré sans totalement rassurer. Les Bleus, qui étaient restés un an et 1040 minutes sans voir trembler leurs filets ont encaissé quatre buts en trois matches avec une défense encore en quête de stabilité.

Surtout, les Tricolores n'ont inscrit qu'un seul de leurs sept buts sur une action vraiment construite.

Les champions sortants sont attendus au tournant des quarts. Ils y affronteront vendredi soir la Grèce, qui jusque ici a fait preuve d'assez d'engagement et d'organisation collective pour poser des problèmes à des Tricolores qui ne maîtriseraient pas totalement leur sujet.

Enfin, le Portugal s'est hissé en quarts par le trou de la serrure grâce à une courte victoire sur l'Espagne (1-0). La formation lusitanienne s'était d'abord fait peur en concédant une défaite (1-2) face à la Grèce lors du match d'ouverture.

Ce coup de tonnerre a poussé son sélectionneur Luiz Felipe Scolari à lancer des jeunes et a renvoyé à leurs souvenirs la plupart des survivants de la "génération dorée" comme Rui Costa ou Fernando Couto.

Reparti sur de nouvelles bases, le Portugal peut de nouveau rêver de devenir le quatrième pays organisateur à remporter le trophée sur son sol.