LAUSANNE, Suisse - Menacé de radiation à vie par la justice interne de la Fifa, Michel Platini a reçu un mauvais présage: le Tribunal arbitral du sport (TAS) a maintenu vendredi sa suspension provisoire jusqu'au 5 janvier 2016 dans le cadre de l'affaire du versement controversé de 1,8 M EUR.

L'ancien meneur des Bleus reste donc à l'écart de l'élection présidentielle à la Fifa, prévue le 26 février à Zurich, puisque sa candidature est gelée le temps de sa suspension.

Et il peut craindre le pire: la justice interne de la Fifa a requis sa radiation à vie à cause de ce paiement controversé reçu en 2011 de la part de Joseph Blatter pour un travail de conseiller achevé en 2002. La chambre de jugement de la Fifa doit entendre Platini sur le fond le 18 décembre, pour un verdict final qui pourrait tomber à partir du 21 décembre, selon des sources proches de l'instance suprême du foot.

Plus symboliquement, le Français ne pourra pas non plus participer samedi au tirage au sort de l'Euro 2016 à Paris, ce qui aurait constitué une grosse bouffée d'oxygène pour l'ancien Triple Ballon d'Or, privé de son costume de président de l'UEFA depuis le 8 octobre.

Malgré ce coup dur, le camp Platini veut rester positif. L'ancien joueur vedette de la Juventus « reste confiant sur le fond de l'affaire et sur la solidité de son dossier », a assuré à l'AFP son avocat Thibaud d'Alès.

« Perdu une bataille »

« Michel Platini a perdu une bataille, mais pas la guerre et tant que la guerre n'est pas perdue l'espoir est permis », a exposé Jacques Lambert, patron de l'organisation de l'Euro 2016. Ce proche de Platini a d'ailleurs démissionné de la commission d'éthique de la Fifa qui a suspendu Platini par « devoir d'amitié ».

« Platini a perdu une manche mais ce n'est pas définitif », a jugé Matthieu Reeb, secrétaire général du TAS de Lausanne, la plus haute juridiction de la justice sportive. Il a justifié le maintien de sa suspension par le souci de laisser la Fifa mener sa procédure sur le fond jusqu'à son terme.

« Puisque la commission d'éthique de la Fifa a indiqué vouloir rendre une décision avant la fin de l'année, alors laissons la finir son travail et attendons la décision sur le fond », a-t-il ajouté.

Le TAS a en revanche « demandé à la Fifa de ne pas prolonger la suspension provisoire de Michel Platini au-delà du 5 janvier », a précisé Me Reeb. La Fifa avait en effet la possibilité de prolonger de 45 jours la première suspension de trois mois, prononcée le 8 octobre.

Le TAS a expliqué dans le communiqué détaillant sa décision qu'une levée provisoire de la suspension n'aurait de toutes façons donné « aucune garantie à Michel Platini que la Commission ad hoc de la Fifa validerait sa candidature pour l'élection présidentielle de la Fifa avant le 5 janvier 2016 ».

Platini « sera innocenté »

La Fifa n'a d'ailleurs pas manqué de souligner dans la foulée que le TAS « a validé la procédure de la commission d'éthique indépendante ».

« Michel Platini sait qu'il sera ultimement innocenté », selon Me D'Alès, membre du cabinet Clifford Chance à Paris. L'ex-capitaine de l'équipe de France a également relevé « avec satisfaction que le TAS accueille favorablement partiellement ses demandes en interdisant à la Fifa de prolonger sa suspension », a poursuivi son avocat.

La défense du Français pense toujours pouvoir changer la donne en produisant une nouvelle pièce du dossier, une note interne de l'UEFA datant de 1998 et qu'a pu consulter l'AFP où Platini est qualifié de futur « employé de la Fifa ».

« Compte tenu des nouvelles pièces recueillies par la défense de Michel Platini, la commission d'éthique de la Fifa, contrairement à ce qu'elle annonce, ne sera pas en mesure de rendre sa décision dans des conditions normales et dans les délais impartis », avance l'avocat de l'ancien no 10 des Bleus.

Un document également saisi par le bureau du procureur général Michael Lauber, qui a aussi demandé des documents et informations à la Fifa. Car la justice suisse a déjà entendu fin septembre Platini dans cette affaire en tant que témoin assisté, tandis que Blatter a été mis en examen pour cela et pour un contrat de droits TV présumé déloyal vis-à-vis de son instance.