BALE - La Suisse, coorganisatrice de l'Euro-2008, a été éliminée du tournoi après avoir perdu son deuxième match, face à la Turquie mercredi soir à Bâle, encaissant un but dans le temps additionnel (2-1), tandis que les Turcs ont miraculeusement conservé leurs chances de qualification.

La Suisse croyait avoir pourtant fait le plus dur en ouvrant le score à la demi-heure de jeu, mais elle n'a pas réussi à conserver ce résultat, qui l'aurait maintenue en vie dans ce match couperet, où les deux équipes jouaient leur survie.

Pour ne rien arranger au scénario catastrophe, c'est sur un but encaissé en toute fin de rencontre (90+2), sur une frappe contrée de Turan, qu'elle a obtenu son bon de sortie. Un scénario cruel mais somme toute assez logique, tant la Nati a baissé de pied en fin de match.

La Suisse, avec deux défaites en deux matches, en a donc fini avec son Euro et peut avoir le sentiment d'un immense gâchis vu ce qu'ont montré les joueurs sur leurs deux matches.

La Turquie, deuxième du groupe A, à égalité parfaite avec la République tchèque (3 points), jouera elle une deuxième finale dans ce premier tour face aux Tchèques lors de son dernier match. Une chose est certaine: elle revient de loin.

Car les Suisses, comme contre les Tchèques d'ailleurs, ne lui ont pas facilité la tâche, et n'ont pas grand-chose à se reprocher, sauf peut-être une faute de son gardien sur l'égalisation turque.

Sans Streller, forfait à la dernière minute pour ce match crucial en raison d'une pubalgie, le sélectionneur suisse Kobi Kuhn ne disposait plus que d'un seul attaquant d'expérience, Hakan Yakin, à associer au jeune Derdiyok (19 ans) devant... Un ennui de plus pour la Nati, qui avait déjà perdu son attaquant et capitaine Alexander Frei jusqu'à la fin du tournoi lors du match d'ouverture, qui n'annonçait rien de bon. Et pourtant, l'ouverture du score est venue de ces deux garçons.

Sur une passe décisive ralentie devant le but vide par la pluie, Yakin, d'origine turque inscrivait le premier but suisse de cet Euro (1-0, 32e).

Le comble, c'est que cet enfant d'émigrés turcs a marqué juste devant la tribune réservée aux supporteurs turcs, et sans doute par respect, il n'a pas explosé de joie comme tous ses partenaires et tout le public de Bâle.

Pendant vingt minutes, les Helvètes ont cru pouvoir remporter le premier match de leur jeune carrière européenne, ce qu'ils n'avaient pas su faire lors de leurs deux dernières participations dans un championnat d'Europe.

Mais les Turcs sont parvenus à égaliser près de dix minutes après la mi-temps, sur une tête de Semih (1-1, 57e). Un but qu'il faut également mettre sur le compte de Benaglio, le gardien helvète, qui n'a pas fait preuve d'une grande solidité sur cette action.

Il n'a en revanche rien à se reprocher sur le deuxième but. La Suisse avait tout fait pour éviter un tel déroulement, mais même chez elle, elle n'a pu défier la logique.

Les déclarations du match

Ernst Lämmli (délégué général de l'équipe de Suisse): "Je suis resté sceptique après le 1-0. Quand les Turcs ont égalisé, ils ont rendu nos joueurs très nerveux. Ensuite, nous avons peut-être pris trop de risques, mais le match aurait aussi pu basculer de notre côté. Dimanche contre le Portugal, il faudra quitter le tournoi dans la dignité."

Eren Derdiyok (attaquant de l'équipe de Suisse, d'origine turque): "Les Turcs ont eu deux demi-occasions de but qui se sont transformées en deux buts contre nous, c'est évidemment très amer. Au vestiaire, après le match, il régnait un grand silence. Tous les joueurs étaient déçus."

Hakan Yakin (milieu de terrain offensif de l'équipe de Suisse, d'origine turque): "C'est difficile de trouver les mots pour exprimer notre terrible déception. Nous avons bien joué, bien mieux que contre les Tchèques. Le temps a joué un rôle, car avec cette pluie, le jeu en première mi-temps était une loterie. C'est le plus chanceux qui a gagné."

Köbi Kuhn (sélectionneur de l'équipe de Suisse): "C'est une très, très grande déception. Après le 1-0, on a eu une chance de mener 2-0 et après le 1-1, de nouveau une chance de mener 2-1. Nous n'avons pas pu les saisir, mais je ne peux rien reprocher à mon équipe qui a tout donné. Nous avons aussi manqué de chance après les forfaits pour blessure d'Alexander Frei et de Marco Streller, qui ont constitué un handicap, mais cela n'est pas une excuse pour notre élimination. L'équipe et les supporteurs avaient de grands espoirs, mais cela n'a pas suffi. La Suisse survivra évidemment à notre élimination".

Fatih Terim (sélectionneur de la Turquie): "Pour être franc, nous pensions que le pluie serait un avantage pour nous, mais nous ne nous attendions pas à ce que le terrain soit détrempé. Nous avons dû changer notre façon de jouer et nous adapter. J'ai prié pour que la pluie cesse. C'est un sentiment merveilleux. C'était ce qu'il fallait, les joueurs en avaient besoin pour leur confiance et je les félicite pour leur incroyable effort. Cette victoire nous donne beaucoup de confiance pour le prochain match (face à la République tchèque, ndlr). Nous sommes encore dans le tournoi. L'Euro commence aujourd'hui pour nous. Cela n'était pas facile, la Suisse est une équipe très forte, qui jouait chez elle, donc c'est une victoire importante. (sur Semih, le premier buteur, ndlr). C'est l'un de nos joueurs les plus importants, qui, à chaque fois qu'il rentre, est capable de faire la différence. C'est un buteur et nous attendions de lui qu'il marque et il l'a fait. Nous attendons toujours quelque chose de lui."