YOKOHAMA, Japon (AFP) - Quatre ans après le cauchemar de 1998 et malgré des éliminatoires chaotiques, le Brésil est redevenu la nation du soccer, en remportant le Mondial-2002 face à l'Allemagne (2-0), dimanche à Yokohama, grâce à sa marque de fabrique éternelle: des individualités exceptionnelles.

"Les qualités individuelles ont pris le dessus sur la bonne organisation allemande", a ainsi déclaré le sélectionneur Luiz Felipe Scolari. Ce qu'a également reconnu son homologue Rudi Voeller: "La classe individuelle des Brésiliens nous a mis en difficulté".

En effet, deux coups de patte du revenant Ronaldo ont offert au Brésil sa cinquième couronne (1958, 62, 70, 94, 2002), le Penta à laquelle il n'osait rêver il y a quelques mois seulement. Ronaldo, lui, termine meilleur buteur de la compétition (8 buts) et rejoint la légende Pelé au rang de meilleur marqueur brésilien en Coupe du monde (12).

Altruiste Rivaldo

Et si le "Phénomène" a été l'exécuteur de la Mannschaft, c'est Rivaldo qui a placé la tête de cette dernière sur le billot.

Sur le premier but (67e), il a été l'auteur du tir sur lequel Kahn a relâché le ballon rendu glissant par la pluie, permettant à Ronaldo, qui avait suivi, de marquer. Ce dernier avait lui-même été à l'origine de l'action en chipant la balle à Hamann.

Sur le second (79e), Rivaldo a eu l'intelligence et l'altruisme, lui qui a souvent pêché par individualisme, de laisser filer le centre de Kleberson pour Ronaldo, dont le tir à ras de terre a trompé Kahn. Celui-ci n'avait pourtant encaissé qu'un seul but dans la compétition auparavant.

Les deux R se sont particulièrement illustré dans la finale, mais le troisième, Ronaldinho, a été la révélation de ce Mondial, à l'image de son quart de finale éclatant face à l'Angleterre, et cela malgré une exclusion sévère.

Ce trio offensif a fait la richesse et le bonheur du Brésil, qui a terminé avec la meilleure attaque (18 buts, dont 8 pour Ronaldo, 5 pour Rivaldo et 2 pour Ronaldinho).

La défense, qui n'a jamais été le point fort d'Auriverde culturellement offensifs, avait de son côté causé bien des frayeurs au premier tour au sélectionneur Luiz Felipe Scolari, parfois critiqué pour sa tactique prudente.

Or, autour du trio Lucio-Edmilson-Roque Junior et de l'excellent gardien Marcos, elle n'a en tout encaissé que quatre buts, dont deux dans un match sans enjeu face au Costa Rica au premier tour (5-2) après celui contre la Turquie (2-1), et un en quart de finale contre l'Angleterre (2-1).

Erreur de Kahn

La défense, c'est aussi ce qui a été le point fort de l'Allemagne. Elle n'avait, avant la finale, concédé que le but inscrit par Robbie Keane pour l'Irlande au premier tour (1-1).

Mais Kahn, qui a porté son équipe à bout de bras et a été désigné meilleur gardien de la compétition, n'a cette fois-ci pas pu rattraper les errements de ses lignes arrières, et pire, il a commis une erreur fatale sur le premier but.

"Il est normal que des erreurs soient commises, mais quand ça arrive en finale, c'est dix fois plus amer. Il faut tenir un tel ballon", a admis Kahn.

Pourtant, jusqu'à l'ouverture du score, les Allemands pouvaient croire en leur étoile, eux qui avaient appliqué jusque-là les consignes du sélectionneur Rudi Voeller et muselé les individualités adverses.

Or, malgré les bonnes intentions d'Oliver Neuville, meilleur attaquant allemand, et du convaincant Bernd Schneider, ils ont manqué d'un vrai joueur de pointe et d'un "renard des surfaces", comme l'était Voeller en son temps.

Ainsi, Miroslav Klose, qui avait fait illusion avec ses cinq buts au premier tour dont trois face à la perméable Arabie saoudite (8-0), n'a jamais rien apporté offensivement.

De plus, l'absence de Michael Ballack, suspendu, a pesé lourd côté allemand. Le polyvalent milieu aurait pu trouver la solution quand ses coéquipiers de l'attaque en ont été incapables, comme il l'avait fait en quarts de finale face aux Etats-Unis, et en demi-finale contre la Corée du Sud (1-0 à chaque fois).

Unique consolation, l'Allemagne, qui s'incline pour la quatrième fois en finale (1966, 1982, 1986, 2002) a pris rendez-vous pour le prochain Mondial, qui se déroulera chez elle en 2006.