PARIS (AP) - Le soccer français s'apprête à vivre des journées lourdes de conséquences la semaine prochaine, avec la suite des développements concernant l'affaire des faux passeports de joueurs "extra communautaires".

Par l'intermédiaire de ses avocats, l'AS Nancy-Lorraine, reléguée en Division-2 en fin de saison dernière, va saisir le Conseil d'Etat, pour tenter de faire invalider le classement du championnat 1999-2000.

"Notre requête sera déposée lundi ou mardi auprès du Conseil d'Etat. Ces recours - en excès de pouvoir et en sursis à éxecution - visent à la réintégration de Nancy en Division-1, sous astreinte de 200 000 FF par jour de retard" pour la Ligue nationale de football (LNF), a déclaré à l'Associated Press l'avocate Christine Tadic, qui défend avec le bâtonnier Patrice Vicq les intérêts du club lorrain.

L'AS Nancy-Lorraine a lancé ce pavé dans la mare après la révélation par des journaux alsaciens que l'Argentin du RC Strasbourg Diego Garay possédait un faux passeport italien la saison dernière. Strasbourg contrevenait alors au réglement de la LNF, qui depuis l'arrêt Bosman en 1995, fixe à trois le nombre d'étrangers hors Union européenne dans chaque club.

Nancy, 16e sur 18 équipes du classement final, mais seulement relégué pour deux buts de moins inscrits que Marseiller, estime que Strasbourg doit être sanctionné pour "tricherie" volontaire ou involontaire.

"Si le réglement de la LNF est appliqué, à savoir match perdu pour l'équipe qui a fraudé, nous avons calculé que l'AS Nancy-Lorraine aurait terminé 13e du championnat, explique Tadic. Si nous obtenons gain de cause devant le Conseil d'Etat, les championnats de France de D1 et D2 seront annulés".

Claude Simonet, le président de la Fédération française de football (FFF), réélu pour quatre ans samedi lors de l'assemblée fédérale, n'a pas caché ses inquiétudes.

"Il semble d'ores et déjà que les régles sportives ont été bafouées par des tricheurs. Dans ces conditions, je recommande à certains dirigeants, compte tenu de leur engagement financier personnel dans leurs clubs, de s'abstenir d'aligner les joueurs suspectés", indiquait-il dans le journal L'Equipe paru dimanche, avant d'ajouter: "Car aujourd'hui, on peut s'interroger sur ce que sera le classement définitif de notre championnat en fin de saison".

Saint-Etienne est dans le collimateur, et passera lundi à la demande de Toulouse, devant la commission juridique de la LNF. Toulouse a posé réclamation, car lors du match aller dans la cité des Violettes le 12 août, l'attaquant des Verts Alex Dias était portugais et le gardien Maxim Levytsky ukrainien, alors que quatre mois plus tard pour le match retour, Alex était brésilien et Levystky grec...

Saint-Etienne s'est posé en victime en saisissant la justice comme partie civile, avec une "plainte contre X" déposée auprès de Jacques Chauvot le doyen des juges d'instruction de Saint-Etienne, qui a ouvert jeudi une information judiciaire pour "faux et usage de faux".