Avec un seul match à disputer, on peut dire que l'heure est au bilan dans le camp de l'Impact et même si nous sommes encore déçus de ne pas participer aux séries éliminatoires, nous devons voir cette saison inaugurale avec énormément de positivisme.

Si je reviens dans un premier temps sur ma première année passée dans la MLS au point de vue individuel, je pourrais dire qu'elle a été ponctuée de hauts et de bas. Ça n'a pas très bien commencé, mais heureusement, un élément déclencheur m'a permis de retrouver toute ma confiance. Ce moment est survenu à la fin du mois de mai au Colorado lors d'une défaite crève-cœur de 3-2 contre les Rapids. À l'occasion de cette rencontre, j'ai vraiment eu l'impression de retrouver ma vitesse de croisière alors que j'ai participé aux deux buts de mon équipe. Tout a alors commencé à aller dans le bon sens et ce fut le cas pour le reste de la saison.

Sur le plan collectif, le premier match au stade Saputo a permis à l'équipe de réaliser tout le talent qu'on possédait. Dans cette rencontre où nous avions surclassé le Dynamo de Houston pour l'emporter 4-2, nous avions déployé toutes nos qualités offensives et défensives. Mais avant tout, nous nous étions amusés.

Évidemment, le plus grand des regrets est de ne pas avoir pu participer aux séries éliminatoires. Lorsqu'on constate la qualité du groupe que composait l'Impact cette saison, c'est une situation bien dommage. On aurait dû y être, mais les points qui nous ont filés entre les doigts en fin de match ont fini par faire très mal. Néanmoins, nous nous sommes battus jusqu'à la fin et même si nous avons terminé à plusieurs points derrière la dernière équipe à se qualifier, nous avons été compétitifs toute l'année.

Participer aux séries dès cette année aurait été génial en raison du contexte actuel où il n'y a pas de hockey de la Ligue nationale. Je crois que la ville aurait été soccer cet automne. L'engouement aurait été encore plus grand que lors de la saison et je suis certain que les amateurs se seraient rangés en grand nombre derrière nous. Mais bon, j'estime que l'avenir de ce club est très prometteur.

Parlant des amateurs, ils ont très bien répondu à l'appel. C'était plaisant pour tous les joueurs de voir l'appui et l'énergie que la foule nous donnait. Les Ultras ont accompli un travail remarquable en étant à la fois enthousiastes et bruyants. Disons qu'au stade Saputo, il y a eu beaucoup de bons matchs où le 12e joueur a eu son mot à dire. On sentait toute la présence des spectateurs et les encouragements nous ont transportés lors de certains matchs. Les partisans sont en droit de s'attendre à de belles choses pour les autres saisons à venir. Nous avons placé la barre très haute; la pression sera plus grande l'an prochain, car on n'aura plus l'excuse que c'était la saison inaugurale.


Enfin, je crois que nous pouvons être très fiers du nombre de buts comptés à domicile, de la séquence sans défaite - qui est d'ailleurs toujours en cours - au stade Saputo et le fait que plusieurs de nos filets ont été sélectionnés pour les buts de la semaine.

Pas de dissensions, seulement des différences

Plusieurs rumeurs ont fait état de dissensions à l'intérieur de l'équipe entre les joueurs européens et les joueurs nord-américains. Or, il n'y a pas de quoi s'alarmer. En fait, l'esprit d'équipe est au beau fixe.

Bien entendu, ce n'est pas évident de faire fonctionner un groupe aussi hétéroclite, où les éléments proviennent de différents endroits sur la planète. Les Européens ont dû s'adapter du mieux qu'ils pouvaient au style de jeu de cette ligue nord-américaine, au même titre qu'un joueur de hockey russe qui patine pour la première fois sur une glace de la Ligue nationale.

Les joueurs s'entendent tous. Cependant, il y aura toujours un écart de culture. Ceux qui ont débarqué en provenance d'Europe ont eu une adaptation à faire, non seulement sur le terrain, mais dans la vie en général. Nous comptions plusieurs joueurs provenant d'Italie et ils ont dû s'adapter à un moment ou un autre à ce style de jeu qu'ils ne connaissent pas. Moi-même j'ai dû m'ajuster puisque j'avais passé les dix dernières années de ma vie outre-mer.

En somme, le groupe est très uni, vous pouvez me croire sur parole.

La journée de Sebrango

Avec une victoire face au Revolution samedi, l'Impact s'assurerait de terminerait au premier rang parmi les équipes canadiennes devant les Whitecaps de Vancouver. Il s'agit d'un enjeu de taille, car ça voudrait dire qu'on affronterait Edmonton en demi-finale de la Coupe des Champions l'an prochain. Sur papier, nous aurions de meilleures chances de mériter notre en finale en affrontant Edmonton plutôt que le Toronto FC. Nous pourrions également terminer la campagne avec une récolte de 45 points, ce qui représenterait un record pour une équipe canadienne. Pas mal pour une équipe qui en est à sa première saison.

L'affrontement contre la Nouvelle-Angleterre sera également une belle occasion d'encourager Eduardo Sebrango, qui devrait être sur le terrain si l'on se fie aux propos de Jesse Marsch. Je connais Eduardo depuis longtemps puisqu'il était présent lors de mes premiers pas avec l'Impact.

Cet ultime professionnel aura toujours été un bel exemple pour moi et pour plusieurs de mes coéquipiers. Toujours souriant peu importe le contexte, il a travaillé d'arrache-pied toute la saison sans jamais s'apitoyer sur son sort. À 39 ans, Sebrango aurait sans doute espéré davantage de temps de jeu - surtout qu'il le méritait à travers le travail qu'il mettait - mais il est demeuré professionnel.

J'espère honnêtement qu'il sera en mesure de conclure de belle façon la saison devant un public montréalais qui l'apprécie. Je lui souhaite un but. Je ne mets pas de pression sur mon coach, mais ça serait bien de le voir sur le terrain pour de longues minutes, car c'est peut-être la dernière fois qu'on le verra en action.

Propos recueillis par Nicolas Dupont