PARIS - Sous forte pression après le fiasco de l'équipe de France pendant la Coupe du monde en Afrique du Sud, le président de la Fédération française de football Jean-Pierre Escalettes a finalement annoncé lundi sa démission, après avoir longtemps refusé de quitter "un navire en perdition".

Issu du sérail amateur, l'homme a semblé totalement dépassé par l'implosion des Bleus à Knysna, payant en partie sans doute le fait d'avoir maintenu en 2008 le très contesté Raymond Domenech à la tête de la sélection.

"Après un week-end de réflexion durant lequel j'ai consulté mes collègues élus, mes collaborateurs et mes proches, je considère qu'il est de mon devoir de démissionner de ma fonction de président de la Fédération française de football", a-t-il expliqué dans un communiqué diffusé sur le site Internet de la FFF.

Président depuis février 2005, M. Escalettes a dit "assumer avec lucidité (sa) part de responsabilité".

"Ma décision est essentiellement dictée par la volonté de préserver et de faciliter l'évolution d'une institution que je sers avec passion depuis plusieurs décennies."

Le 22 juin dernier, il avait pourtant rejeté toute idée de démission, expliquant qu'il n'était "pas dans (sa) nature d'abandonner un navire en perdition".

M. Escalettes a précisé que sa démission sera remise à l'issue du conseil fédéral de vendredi.

"Je resterai à la disposition de tous pour analyser sans complaisance les raisons du fiasco de l'équipe de France en Afrique du Sud. Je développerai ces divers points vendredi devant mes collègues du conseil fédéral", a-t-il dit.

Il doit être entendu mercredi par les députés de la commission des Affaires culturelles et l'éducation. Il n'a pas précisé dans son communiqué si cette audition sera maintenue. La ministre des Sports, Roselyne Bachelot, qui avait reçu un carton jaune de la FIFA pour avoir jugé la semaine dernière que la démission de M. Escalettes était "inéluctable", a sobrement fait savoir lundi dans un communiqué qu'elle prenait acte de cette démission.

Les Bleus ont été éliminés en phase de poules de la Coupe du monde après deux défaites, un nul et un seul but marqué. Surtout, leur passage en Afrique du Sud a été marqué par l'exclusion de Nicolas Anelka pour des insultes adressées au sélectionneur Raymond Domenech. Une exclusion qui avait poussé les joueurs à boycotter leur entraînement le 13 juin dernier à Knysna.

Né en mai 1935 à Béziers, M. Escalettes a enseigné l'anglais pendant 25 ans à Ribérac, avant de rejoindre Parempuyre, près de Bordeaux. Comme joueur, il a notamment porté le maillot du Bordeaux Etudiants Club (BEC) de 1952 à 1959 avec un intermède de deux ans à l'Université de Bristol. Il a animé le CA Ribérac pendant 15 ans comme secrétaire général, joueur et éducateur.

Après des fonctions dirigeantes au sein du district de Dordogne et de la Ligue d'Aquitaine, M. Escalettes est entré au conseil fédéral de la FFF en janvier 1985. Nommé secrétaire général de la fédération en 1990, il a présidera le Conseil national du football amateur (CNFA) à partir de 1995, puis la Ligue fédérale du football amateur (LFFA) de 2000 à début 2005. Il avait été élu à la tête de la FFF en février 2005, puis réélu en décembre 2008. Ses mandats auront été marqués par la défaite de la France face à l'Italie en finale de la Coupe du monde en Allemagne en 2006, puis les éliminations prématurées des Bleus pendant l'Euro 2008 et le Mondial sud-africain.

L'ancien sélectionneur de l'équipe de France Michel Hidalgo a observé sur LCI que Jean-Pierre Escalettes "ne pouvait plus résister (...) devant la dégringolade de l'équipe de France". Son maintien à la tête de la FFF devenait impossible, a-t-il souligné, précisant néanmoins que c'était "un homme droit, honnête".