ROME (AFP) - Le soccer italien semble enfin chercher des solutions pour éradiquer la violence qui le gangrène depuis des années, à l'image du quart de finale retour de Ligue des Champions entre l'Inter et le Milan AC interrompu mardi après des jets de bouteilles et de fumigènes.

Le ministre italien de l'Intérieur Giuseppe Pisanu a apporté son soutien jeudi aux solutions préconisées par le président de la fédération italienne de soccer, Franco Carraro, au terme d'une réunion d'une heure et demie environ, en présence du président du Comité olympique italien (CONI) Gianni Petrucci, du chef de la Police Gianni De Gennaro, et d'autres autorités.

M. Carraro avait souhaité mercredi l'arrêt immédiat des matches de championnat en cas de jets de fumigènes sur un terrain, au lendemain des incidents survenus à San Siro. Il avait ajouté que la formation jugée responsable de ces incidents devait être sanctionnée d'une défaite (3-0) sur tapis vert.

Le président du conseil Silvio Berlusconi, qui est par ailleurs le président du Milan AC, était lui-même monté au créneau mercredi pour demander à M. Pisanu "de poursuivre la ligne de fermeté adoptée depuis longtemps, en se consacrant à des activités de prévention, sans toutefois, exclure si nécessaire, le recours à des mesures plus drastiques".

Le ministre de l'Intérieur avait déjà affirmé lundi qu'il était prêt "à fermer les stades à risques" si l'intégrité physique des forces de l'ordre était menacée après des incidents lors de plusieurs rencontres plus ou moins importantes.

Dida légèrement brûlé

Ces grandes résolutions étaient mises à l'épreuve pour la première fois jeudi soir à l'occasion du quart de finale retour de la Coupe de l'UEFA Parme - Austria Vienne (aller: 1-1).

Mardi soir, la deuxième manche de l'Euroderby milanais, a été arrêtée par l'arbitre allemand Markus Merk, pour jets répétés de fumigènes sur le terrain. L'un d'entre eux a légèrement brûlé le gardien du Milan AC, le Brésilien Dida, qui pourra néanmoins tenir sa place dimanche en série A contre Sienne.

Quatre personnes ont été arrêtées mercredi au lendemain de ces débordements, qui pourraient valoir à l'Inter une lourde sanction de la Commission de discipline de l'UEFA, vendredi. D'autres interpellations devraient suivre après visionnage des images de vidéo-surveillance.

Ces incidents ont encore accru la tension autour du match Juventus Turin - Liverpool, premier affrontement entre les deux équipes depuis la tragédie du Heysel (39 morts), le 29 mais 1985.

La présence massive des forces de l'ordre mercredi soir n'a pas empêché quelques échauffourées mais elle a permis d'éviter de plus graves affrontements.

Scooter jeté

Ces débordements sont les dernières illustrations d'une dérive plus ancienne, dont l'un des épisodes les plus célèbres reste le jet par des supporteurs de l'Inter d'un scooter de la tribune centrale de San Siro lors d'un match contre l'Atalanta Bergame le 6 mai 2001.

A la suite de cet incident qui, miraculeusement, n'avait pas fait de victimes, la police avait procédé à 7 arrestations.

A Rome, le match de Ligue des Champions AS Rome-Kiev, avait dû être arrêté après que l'arbitre suédois Anders Frisk eut été blessé au cuir chevelu par une pièce de monnaie, le 15 septembre dernier, et deux mois plus tard, des supporteurs de la Lazio avaient proféré des insultes racistes lors d'un match de Coupe de l'UEFA contre le Partizan Belgrade.

Si l'on ajoute les bagarres qui ont éclaté dans plusieurs enceintes à tous les échelons du soccer professionnel italien (série A, B et même C), il était grand temps que les dirigeants de la Federcalcio prennent le problème à bras le corps.