ROME (AFP) - Le soccer italien, confronté à la violence, un endettement énorme et au dopage, connaît des heures difficiles, mais sur le plan sportif, le Milan AC, détenteur de la Ligue des Champions, est toujours en course pour conserver son trophée.

Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, également propriétaire du Milan AC et déterminé à aider le calcio, sport national en Italie, multiplie les décrets-loi pour répondre à ses difficultés financières.

D'autant que la situation presse car l'UEFA a fixé au 31 mars la date-butoir à laquelle les clubs devront remettre à leur Fédération des comptes en ordre pour s'inscrire aux coupes d'Europe la saison prochaine.

"Les clubs en faillite ne pourraient pas s'inscrire aux tournois européens et, j'imagine que cela pourrait provoquer une révolution", avait déclaré samedi M. Berlusconi.

Sauve soccer bis

Des responsables gouvernementaux et sportifs ont planché lundi soir sur un nouveau décret-loi "salva-calcio bis" (sauve football) qui permettrait aux clubs d'étaler sur cinq ans leurs dettes envers le fisc, soit un total de 635 millions de dollars.

En février 2003, Rome avait adopté un premier décret "salva-calcio", autorisant les clubs à étaler sur dix ans leurs pertes dues à la dévaluation de leurs joueurs.

Les clubs sont aussi surveillés à la loupe par la justice. Fin février, la
brigade financière a mené des perquisitions dans une cinquantaine de clubs. L'objectif de ce "blitz" était d'étayer les soupçons de faux en bilan, commissions occultes et autres acrobaties comptables.

Selon des études publiées par la presse, les grands clubs du nord (Juventus Turin, Milan AC et Inter Milan) seraient les moins mal en point. Mais la Lazio et Parme, dont les ex-présidents Sergio Cragnotti et Calisto Tanzi ont fait faillite et sont en prison, seraient en mauvaise posture.

Les violences, survenues dimanche au stade olympique à Rome lors du derby Lazio-AS Rome, ont par ailleurs fait resurgir un des maux du calcio.

Une rumeur s'était répandue dans les virages réservés aux "ultras" des
deux clubs, affirmant qu'un enfant était mort, renversé par une voiture de police. Les tifosi se faisant menaçants, le match a été arrêté dans la confusion, à la demande du président de la Ligue de football, Adriano Galliani, consulté par téléphone à 600 km de distance.

Le ministre de l'Intérieur, Giuseppe Pisanu, a aussitôt rappelé ses prérogatives en menaçant de faire jouer les matches à risques sur terrain neutre ou à huis clos.

Ombre du dopage

Pourtant, les statistiques de son ministère affirmaient en février que la violence était en baisse dans les stades depuis le début de la saison.

Les rencontres s'étant soldées par des blessés ont diminué de 29%, passant de 142 à 101. Le nombre des blessés a diminué tant du côté des forces de l'ordre (324 blessés contre 540 pour la période correspondante de 2002, -43%) que du côté des supporteurs (137 contre 210, -35%). En revanche, les arrestations avaient augmenté: 166 contre 138.

Malheureusement, les 153 policiers et les 14 tifosi blessés dimanche vont faire remonter ces statistiques en flèche.

Enfin, l'ombre du dopage plane toujours sur le Calcio, avec le procès-fleuve de la Juventus Turin, durant lequel des grands joueurs, comme le Français Zinédine Zidane, ont été entendus.

La justice s'intéresse également à cinq clubs (Sampdoria Gênes/D1, AC Turin, FC Gênes et AC Florence/D2, et Pise/D3) dans le cadre d'une enquête sur les décès de joueurs malades du "syndrome Lou-Gehrig", (sclérose latérale amyotrophique), une maladie qui serait plus répandue que la moyenne chez les ex-joueurs.

Malgré tous ces tourments, le soccer italien continue de faire bonne figure grâce à l'équipe nationale, même si le Milan AC est cette saison son dernier représentant en lice en Ligue des champions alors que l'an dernier, trois clubs italiens étaient en demi-finales.