ROME (AFP) - Quatre grands clubs italiens de soccer, impliqués dans un scandale de matches truqués, jouent leur prochaine saison lundi devant la justice sportive à Rome, et leurs défenseurs sont prêts à tacler les coupables pour éviter la relégation.

Le grand procès très médiatisé s'est ouvert jeudi dernier devant la Commission d'appel fédérale (CAF) de la justice sportive présidée par Cesare Ruperto, 81 ans, ancien président de la Cour Constitutionnelle italienne, mais il a été rapidement suspendu à la requête de plusieurs des parties et ne commencera vraiment que lundi.

Sur le banc des accusés se trouvent quatre clubs historiques, la Juventus Turin, l'AC Milan, la Lazio Rome et la Fiorentina, et vingt-six dirigeants de clubs, responsables fédéraux, arbitres et arbitres-assistants accusés de "fraude sportive".

Tous sont soupçonnés d'avoir participé à un système de conditionnement des matches du Championnat d'Italie à travers la désignation d'arbitres favorables à un club lors de rencontres importantes.

La Juventus acceptera la décision

Les trois journées de suspension ont été mises à profit par les avocats des clubs pour peaufiner leurs défenses.

Giovanni Cobolli Gigli, le nouveau président de la Juventus Turin, le club au coeur du scandale, a donné le ton dimanche dans un entretien au quotidien Corriere della Sera.

"La société Juventus n'a pas été impliquée (dans le scandale). Peut être que certains de ses dirigeants le sont, mais ils ont commis des péchés véniels, pas mortels", a-t-il déclaré.

"Nous accepterons la décision" de la justice sportive, a-t-il assuré. "Dans le cas d'une rétrogradation en série B, nous supporterons une année de purgatoire, car il faut une année pour revenir de la B à la A", a-t-il souligné.

Près de 20.000 supporters de la Juventus ont participé samedi à Turin à une marche de soutien à leur club.

Le président de la Juventus se démarque clairement de l'ancien directeur général du club Luciano Moggi et de son ancien administrateur délégué Antonio Giraudo, accusés d'avoir mis en place un "système qui a influencé le déroulement du Championnat lors de la saison 2004-2005, mais dont la naissance remonte à bien des années".

La carte du rejet

Luciano Moggi a indisposé son club en déclarant: "La Juve savait tout de mon action". L'avocat du club noir et blanc, Cesare Zaccone a envoyé à la CAF quatre documents démontrant que "le système Moggi n'était pas le système Juventus".

Le Milan AC a opté pour le même système de défense contre Leonardo Meani, afin de démarquer le club et son propriétaire Silvio Berlusconi.

Les défenseurs de Diego et Andrea della Valle, patrons de la Fiorentina, et de Claudio Lotito, le président de la Lazio Rome, jouent en revanche la carte du rejet des écoutes téléphoniques, car elles sont une violation de la Constitution.

La sentence est attendue entre vendredi et dimanche. L'appel sera jugé devant la Cour fédérale et le verdict définitif est annoncé pour le 20 juillet.

La Fédération italienne de football (FIGC) communiquera à l'UEFA le classement du Championnat 2005-2006 le 27 juillet, à la veille du tirage au sort pour les coupes européennes.

Cinq clubs -Bologne, Messine, Lecce, Trévise et Brescia- ont demandé de participer au procès du scandale du Calcio, car ils pourraient éventuellement bénéficier de la rétrogradation des quatre clubs accusés ou des points de pénalité infligés à ces derniers.