PARIS  - Alors que le Maroc maintient toujours sa demande de report de la CAN-2015 pour cause d'Ebola, la Confédération africaine de football (CAF) doit trancher cette semaine, et répondre à cette question: la Coupe d'Afrique des nations aura-t-elle lieu ?

 Qui pourrait remplacer le Maroc ?

Les positions du Maroc, pays désigné initialement hôte de l'épreuve, et celles de la CAF semblent difficilement réconciliables. Le royaume chérifien n'a pas jeté l'éponge, mais a renouvelé samedi sa demande de report, réclamant un délai d'un an, jusqu'à janvier 2016. La Confédération africaine veut, elle, que l'épreuve se déroule comme prévu du 17 janvier au 8 février et a même ouvert le processus d'accréditation pour les médias la semaine dernière.

La CAF, qui se réunit mardi, et sans doute mercredi, à son siège du Caire, doit trancher et pourrait donc en conclure à un désistement, par la force des choses, du Maroc. Quel pays pourrait alors constituer un plan B ? "La CAF est embourbée, car les pays qui veulent ou qui peuvent accueillir la CAN rapidement sont peu nombreux", a récemment twitté Gary Al-Smith, consultant du foot africain pour CNN ou encore la BBC.

Dès les premières fritures sur la ligne entre la CAF et le Maroc, tous les regards s'étaient tournés vers l'Afrique du Sud, premier pays d'Afrique à avoir accueilli un Mondial, en 2010, et qui a organisé la CAN-2013 à la place de la Libye, alors plongée dans le chaos et livrée aux milices depuis le renversement du régime de Kadhafi. Mais la nation arc-en-ciel avait fait savoir, fin octobre, que budgétairement, cette fois, ce n'était pas possible. Le Nigeria ou l'Angola, régulièrement cités, peuvent-ils préparer l'évènement en si peu de temps ?

Que risque le Maroc ?

La CAF ne laissera sans doute pas le Maroc impuni pour avoir renoncé indirectement à accueillir l'évènement phare du continent africain. Le directeur des médias de la CAF, Junior Binyam, s'est montré ferme dans une réponse à l'AFP: "Le Maroc n'est pas propriétaire de la compétition et n'est donc pas en position de décider d'un report".

Et de rappeler le précédent du Togo, où en dépit "de conditions particulièrement tragiques, le Togo avait été suspendu" après que les Eperviers aient déclaré forfait pour la CAN-2010 après le mitraillage de leur bus à Cabinda (Angola). La CAF avait suspendu le Togo pour deux éditions de la CAN, avant de lever cette sanction à la suite d'une médiation de la Fédération internationale (Fifa).

Le journal marocain Le Matin évoque une amende de 50.000 dollars à payer pour le Maroc, qui pourrait en outre être poursuivi au titre des dommages et intérêts à hauteur d'un préjudice "évalué à 20 millions de dollars". Par ailleurs, la CAF "pourrait bannir les équipes nationales (marocaines) de toutes les compétitions africaines", pour une durée plus ou moins longue, selon la presse marocaine.

« Le Maroc, en évitant de parler de +refus d'organiser la CAN+, cherche une issue pour échapper au paiement d'une lourde sanction", avance Moncef El Yazghi, chercheur et spécialiste de la gouvernance sportive cité par Le Matin. Les experts consultés par le journal estiment que le différend "CAF-Maroc » pourrait être, en cas de sanctions, porté devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne (Suisse).

En Algérie, une première sanction médiatique est tombée: Le journal El Watan juge que le Maroc a renoncé à la CAN de "peur de rater cette édition" en raison "d'une sélection nationale de niveau moyen (88e au rang Fifa)", "bien loin derrière l'Algérie (15e au classement Fifa)".