LONDRES - À 33 ans, âge au coeur de la polémique de l'hiver avec son entraîneur de Chelsea José Mourinho, l'indéboulonnable et attachant Samuel Eto'o s'apprête à disputer au Brésil son quatrième Mondial avec les Lions indomptables.

Idole au Cameroun, légende du soccer africain et européen, où il a beaucoup gagné avec le Barça et l'Inter notamment, le buteur était sorti l'été dernier de sa pré-retraite avec l'Anzhi pour atterrir à Londres. Le propriétaire russe Souleyman Kerimov ayant du mal à payer son salaire astronomique, il avait sollicité une fleur de son vieil ami et homologue des Blues Roman Abramovich.

Un an plus tard, le vieux félin a inscrit neuf buts en Championnat et trois en Ligue des champions. Mais comme souvent avec lui, rien n'est simple et sa saison peut se lire autant comme une réussite qu'un échec tant il est aussi apparu physiquement loin de sa forme d'antan.

Sa saison restera en tout cas marquée par les problèmes offensifs récurrents de son équipe et les critiques de son entraîneur Jose Mourinho, avec lequel il entretient depuis longtemps un rapport amour-haine.

Déjà, en 2010 à l'Inter, le Portugais lui avait offert un 2e triplé Championnat-Coupe-C1 après celui réalisé un an plus tôt alors qu'il jouait au Barça... mais en faisant jouer latéral son buteur.

« Le problème, c'est que je manque de buteurs », a même lâché en février Mourinho en prétendant ne pas voir la caméra. « Eto'o? Il a 32 ans. Peut-être 35 même, qui sait! »

Sensible et fin, son joueur lui a répondu de la meilleure des façons, en marquant juste après contre Tottenham (4-0) puis en mimant un vieillard qui se tient les reins.

Histoire de montrer qu'il a de beaux restes, il avait également inscrit un triplé historique contre Manchester United (3-1).

« Marquer trois buts face à MU, je crois que personne à Chelsea ne l'avait fait depuis longtemps, avait-il ensuite malicieusement relevé. À 36 ou 37 ans (sourire), je ne sais plus, je l'ai fait. Je ne suis plus tout jeune. Je n'ai plus forcément le droit de faire certaines déclarations... »

« Eto'o reste Eto'o »

L'âge aidant, Eto'o se plait ainsi à apparaître comme un vieux sage sur lequel tout glisse. Particulièrement fier, il n'hésite pourtant jamais à rappeler à la 3e personne que « Eto'o reste Eto'o ».

Attention donc : quand on l'énerve, l'enfant de Nkon a encore les crocs après avoir galéré adolescent et même été sans-papier à Paris avant de percer.

International avant 16 ans, capé à 116 reprises et meilleur buteur du Cameroun (55 buts, dont 3 en 7 matchs de Coupe du monde), Eto'o réserve encore peut-être quelques surprises avec ces Lions qu'il a pris l'habitude de prendre à contre-pied.

Après des débuts idylliques marqués par des JO (2000) et deux CAN (2000 et 2002), la suite a été moins rose. Deux penalties ratés en éliminatoires ont ainsi privé les Lions de Mondial 2006 et de CAN 2012.

Dans l'intimité du vestiaire, une guerre de tranchées a aussi longtemps opposé le clan Song à celui d'Eto'o, avec en point d'orgue la débâcle du Mondial 2010 et trois défaites sèches.

Suspendu fin 2011 pour avoir refusé de jouer après une histoire de prime non payée, il avait ensuite boycotté sa sélection en septembre 2012 avant de changer d'avis un mois plus tard.

Rebelote en septembre 2013 avec l'annonce de la fin de sa carrière internationale, suivie d'un rétro-pédalage en octobre.

« Ce n'est pas parce qu'un idiot a dit que j'étais un vieil homme que vous devez le croire, a-t-il mordu mercredi, regonflé par son arrivée en Afrique. Vous avez pu voir que le vieux était d'ailleurs meilleur que les jeunes. Certains ont disputé un Mondial à 42 ans, donc je pense pouvoir encore en disputer deux. »

D'ici là, il a encore le temps de changer plusieurs fois d'avis.

Fiche du Cameroun : 

Palmarès

Coupe du monde : quart de finaliste 1990, 7e participation

Coupe d'Afrique des nations : vainqueur en 1984, 1988, 2000, 2002

Coupe des Confédérations : finaliste 2003

Jeux olympiques : vainqueur en 2000

Classement FIFA (au 08 mai 2014) : 50e

Sélectionneur : Volker Finke (ALL, depuis 2013)

Principaux clubs : Canon de Yaoundé, Coton sport de Garoua, Union de Douala

Joueurs vedettes : Samuel Eto'o, Alexandre Song, Nicolas Nkoulou

Parcours en qualification : 1er du Groupe I de la zone Afrique, vainqueur du barrage contre la Tunisie (0-0, 4-1).

Équipe-type : Itandje - Assou Ekotto, Chedjou, Nkoulou, Mbia - Makoun, Enoh, Song - Eto'o, Choupo Moting, Aboubakar