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RÉSULTATS

Le visage d'une industrie

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COLLABORATION SPÉCIALE

 

De loisir estival, il est passé au statut de sport en émergence, avant de devenir un sport professionnel assumé avec l'arrivée de la MLS.

 

La conception du soccer au Canada a largement évolué au cours des dernières décennies.

 

Avec les plus récents succès des équipes féminine et masculine, on a passé un nouveau cap. Le soccer canadien est maintenant une industrie.

 

Personne n'incarne mieux cette nouvelle réalité qu'Alphonso Davies.

 

Matière première

 

On ne transforme pas un âne en cheval de course. Tout part de qualité sur le terrain.

 

John Herdman a beau être un coach d'exception, il avait besoin de matière première crédible pour bâtir et vendre son projet de soulever la nation. En ce sens, Davies a ouvert un tout nouvel univers du possible.

 

D'abord par son transfert au Bayern en 2019, mais surtout en raison du rôle important qu'il a rempli à Munich depuis.

 

Davies a mis fin au snobisme qui planait sur le programme masculin. Comment lever le nez sur une équipe menée par un Champion d'Europe et quadruple champion d'Allemagne?

 

Dans la foulée, il a ouvert la voie aux Jonathan David, Tajon Buchanan, Cyle Larin et cie. qui ont eu le droit de croire en leur capacité d'atteindre le plus haut niveau, malgré la présence d'une feuille d'érable dans leur bio.

 

Un gâteau à partager

 

Les joueurs s'occupent du ballon et les dirigeants s'occupent des affaires.

 

Voilà comment fonctionnait Canada Soccer avant l'ascension météorique de Davies et la qualification subséquente pour le Qatar. Dire que l'équilibre du pouvoir a changé serait un euphémisme.

 

Si la grève des joueurs en juin n'en était pas un exemple assez probant, la plus récente entente entre Canada Soccer et son joueur étoile devrait faire l'affaire.

 

Davies est devenu le premier joueur (hommes et femmes confondus) à se voir octroyer un pourcentage des ventes de maillots portants son nom. Cette entente interdit également Canada Soccer d'associer son image à des entreprises avec lesquelles il n'a pas lui-même un partenariat.

 

Tôt au tard, les autres suivront.

 

Souhaitons que les portes ouvertes par Alphonso Davies permettent à la prochaine Christine Sinclair d'avoir, elle aussi, sa juste part du gâteau.

 

Question de standards

 

L'éclosion de l'ex-Whitecaps, et tous les à-côtés qui l'accompagnent, ont établi de nouveaux standards.

 

Du terrain aux bureaux de Canada Soccer, en passant par l'équipementier et les partenaires, on demande maintenant à chacun de justifier sa valeur et livrer la marchandise (parfois littéralement).

 

Tout ça menace évidemment le statu-quo et s'avère inconfortable pour plusieurs. Jamais dans l'histoire, les joueurs canadiens n'ont eu une valeur aussi élevée ou un levier de négociation aussi important.

 

Imaginez quand Jonathan David sera à Manchester United ou Chelsea et que la Coupe du Monde sera disputée chez-nous en 2026...

 

Les joueurs ne se contentent plus de participer au projet canadien. Ils le propulsent et souhaitent maintenant être récompensés proportionnellement à leur contribution.

 

Puisqu'ils ont vendu l'exclusivité des droits d'exploitation de leurs équipes nationales à Canadian Soccer Business pour une bouchée de pain, cette nouvelle réalité place les dirigeants de Canada Soccer dans une position plus que précaire.

 

Pour le meilleur ou pour le pire, la naïveté est tranquillement évacuée de l'écosystème unifolié. Ironiquement c'est avec un sourire contagieux qu'Alphonso Davies aura mené cette transition qui en fait sourciller plus d'un.