Alors que Joseph Blatter, président de la Fifa qui vise un cinquième mandat, refuse l'idée d'un débat public ou télévisé avec ses adversaires, ces derniers, notamment Luis Figo et Michael van Praag aiguisent leurs argumentaires.

Réponse à Blatter

Lundi, à Vienne, à la vielle du Congrès de l'UEFA, l'ancien Ballon d'Or portugais et le président de la fédération néerlandaise, se sont livrés de bonne grâce au jeu des questions-réponses avec les journalistes.

Une façon de répondre à distance à Blatter qui clame ne pas avoir besoin de faire campagne car il est président depuis 17 ans. Le patron du foot mondial ne prendra d'ailleurs pas la parole mardi au Congrès de l'UEFA en tant que candidat, avec ses challengers, comme cela lui avait été proposé, mais seulement comme numéro un de la Fifa dans un discours d'ouverture.

« La façon la plus pure de présenter ses idées, c'est le débat, j'étais déçu que Blatter dise non, déplore van Praag. Certains disent que Blatter aurait plus à perdre qu'à gagner dans un débat? Ils ont peut-être raison ». « Moi je n'ai pas peur du débat », renchérit Figo.

Changement

« Changement » est un des mots qui revient le plus dans la bouche des deux challengers de Blatter (le prince jordanien Ali bin Al Hussein, un des vice-présidents de la Fifa, est aussi candidat). Figo a trouvé une bonne accroche: « Si rien ne change (à la Fifa), alors ce sera quatre ans de perdu en terme de transparence et de modernisation ». « Joseph Blatter est président depuis 1998, il a fait des choses positives, mais quand il y a des rumeurs incessantes de corruption qui touchent l'image de la Fifa, vous êtes responsable », a poursuivi l'ancienne gloire du Real Madrid.

« Je n'irais à la Fifa, si j'étais élu, que pour quatre ans seulement », a martelé de son côté van Praag, 67 ans. Blatter en a 79.

Programmes

Van Praag est dans ce domaine le plus incisif: « À la Fifa, on ne parle jamais de réduction des coûts. Moi, je propose de le faire. Il faut aussi plus de démocratie. Mon programme peut être fait en quatre ans et moi au moins, je n'aurais pas à me soucier de me faire réélire au bout de deux ans, car je ne ferais qu'un mandat ».

« L'argent de la Fifa, il appartient aux fédérations, il faut que les membres de la Fifa aient une idée claire de ce que la fédération internationale en fait, pas que ce soit au doigt mouillé comme en ce moment », assène-t-il en faisant le geste du doigt humecté au vent.

Figo veut lui « impliquer davantage les fédérations dans les processus de consultation » et multiplier les contre-pouvoirs à la Fifa, notamment pour surveiller le président.

Le Portugais a une aussi proposition qui fait parler: élargir la Coupe du monde, pourquoi pas de 32 à 40 équipes (il avait parlé précédemment aussi de 48).

Chances et stratégie

« On dit que l'élection est gagnée pour Sepp Blatter ? Qui dit ça ? », répond d'abord Figo dans un large sourire quand on lui évoque ses faibles chances sur le papier. Tout candidat avait besoin de cinq lettres de soutien au minimum pour se présenter. Ces supports viennent en majorité, pour les trois challengers de Blatter, de l'Europe (54 voix sur 209). Ils semblent donc assis sur le même réservoir de votes. Un seul opposant à Blatter aurait-il plus de chances que trois qui disperseraient les votes ? « Je veux aller au bout, attendons de voir ce qui va se passer en terme de votes, c'est imprévisible pour le moment », écarte Figo calmement. Van Praag y a déjà pensé, lui: « Ce serait sage à un moment de s'asseoir et voir les équilibres, et soit laisser comme ça, ou alors retirer un ou deux candidats, mais on là, on vient de commencer la campagne ». Elle s'achèvera avec l'élection, le 29 mai à Zurich.