BERLIN (AFP) - Le suspense est à son comble sur le plan sportif, à quelques jours de la fin du Mondial-2006 de football, mais pour les équipementiers tout est pratiquement joué, et les trois principaux, Adidas, Puma et Nike, se voient chacun comme grand gagnant de l'événement.

"Il ne fait aucun doute qu'Adidas est le gagnant de cette Coupe du monde", pour Herbert Hainer, son patron. Le groupe avait déjà dépassé la semaine dernière, à mi-parcours de la compétition, ses objectifs de ventes liées au Mondial. Et voyait encore du potentiel à la hausse.

Son rival américain Nike se voit pour sa part "en bon chemin pour devenir numéro un mondial" dans le football, selon son porte-parole européen Charlie Brooks. La marque au swoosh a dépassé les attentes "à la fois en termes de ventes et en termes de communication avec le public".

Et ce, même si la Seleçao brésilienne, figure de proue de Nike et éternelle favorite, a été évincée samedi par la France. "Ce qui se passe dans la dernière semaine n'a pas tellement d'influence" sur l'image de la marque, pour M. Brooks. Nike a d'ores et déjà vendu 2,4 millions de maillots aux couleurs de ses huit équipes, pour environ la moitié brésiliens.

Effet Mannschaft

Même discours chez Puma, chez qui seule une équipe sur les 12 sous contrat, l'Italie, a passé le cap des huitièmes de finales. "L'un (la performance sportive) n'a rien à voir avec l'autre (les ventes)", pour Ulf Santjer, porte-parole du groupe. "Les objectifs sont d'ores et déjà dépassés" pour la marque au félin, a-t-il ajouté.

De toute façon "à la fin il n'en reste qu'un, c'est comme ça", philosophe-t-il. Donc les équipementiers tirent satisfaction d'autres critères que la seule victoire: Puma a été "la marque la plus présente", à plus de la moitié des matches, rapporte M. Santjer. Nike pour sa part "a le plus fort taux d'équipement en chaussures des auteurs de but", soit 38%, relève M. Brooks.

Pour Adidas, l'engouement suscité par l'équipe allemande, la Mannschaft, portée par tout un pays, a été une véritable aubaine. La marque aux trois bandes a déjà écoulé plus d'1,5 millions de maillots de Ballack et consorts, près de trois fois plus qu'attendu. Et 450.000 de l'équipe de France, dont l'arrivée en demi-finale était inespérée.

Au total les ventes d'articles de football du groupe bavarois atteignent déjà 1,2 milliard d'euros. L'inventeur de la chaussure à crampons est le partenaire officiel du Mondial, et fournit à ce titre le ballon "Teamgeist" et les tenues des arbitres. Il équipait six équipes en lice.

Puma: l'axe africain

Son frère ennemi Puma -- les deux groupes sont issus de la même société familiale de chaussures bavaroise - avait misé sur l'Afrique, et parrainait notamment les cinq équipes sélectionnées du continent (Angola, Côte d'Ivoire, Tunisie, Ghana, Togo).

"Le Ghana (seule équipe africaine à avoir passé le premier tour) a conquis le coeur des fans", explique M. Santjer. Et conforté le groupe dans son positionnement comme marque préférée des Africains et de leurs nombreux supporteurs. Un axe d'autant plus important, souligne-t-il, que le Mondial-2010 se tient en Afrique du Sud. Alors que ce Mondial-ci battait encore son plein, Puma a d'ailleurs déjà donné le coup d'envoi de sa campagne marketing pour le prochain.

Chez Nike, présent dans le football depuis 1994 seulement mais qui veut ravir sa place de numéro un de la discipline à Adidas, ce sont maintenant Luis Figo et ses collègues portugais, adversaires de la France mercredi à Munich, qui incarnent l'espoir de la marque. Mais de toute façon, même si le Mondial-2006 est "une opportunité commerciale", "le football, ce n'est pas que le Mondial", commente M. Brooks.