LONDRES - Si Chelsea adopte de nouveau la tactique du château fort samedi à Munich en finale de la Ligue des champions, comme le mois dernier contre Barcelone, ses chances reposeront en grande partie sur la solidité de son donjon, le gardien Petr Cech, grand artisan du miracle des demi-finales.

Le géant tchèque d'1,97 m, qui fêtera ses 30 ans le lendemain du match, avait écoeuré les stars du Barça, tant à Stamford Bridge à l'aller, où il avait dévié une tête en arrière de Puyol dans les dernières minutes, qu'au Camp Nou, où il avait éteint le génie de Lionel Messi.

Depuis, Cech a poursuivi sur sa lancée en contribuant de façon décisive à la victoire des "Blues" en finale de la Coupe d'Angleterre contre Liverpool (2-1) le 5 mai à Wembley. Son extraordinaire parade sur une tête d'Andy Carroll, qui arrivait lancé à seulement quelques mètres de sa cage, a été l'action du match.

« On n'attribue jamais autant de mérite au gardien qu'aux buteurs, pourtant Petr nous a donné la victoire avec cet arrêt », a souligné Frank Lampard après le match.

C'était la quatrième « FA Cup » de Cech, qui s'est taillé un beau palmarès depuis son arrivée au club en 2004 en provenance de Rennes : trois Championnats d'Angleterre, deux Coupes de la Ligue, mais pas encore de Ligue des champions, malgré huit participations consécutives.

Les « Blues » étaient passés tout près contre Manchester United en 2008. Le gardien avait fait plus que son travail en finale, sous la pluie de Moscou, en stoppant le tir au but de Cristiano Ronaldo, mais les échecs de Nicolas Anelka et de John Terry avaient rendu son exploit inutile.

Pour combler cette lacune, la saison actuelle n'était pas a priori la plus propice. Avec un effectif jugé vieillissant, Chelsea a terminé à la sixième place du championnat, son plus médiocre résultat depuis l'arrivée de Cech à Londres.

Une place en jeu

Le portier lui-même n'a pas toujours été au-dessus de tout soupçon, à tel point que les journaux anglais évoquaient encore, quelques jours avant la demi-finale, l'éventualité de son remplacement la saison prochaine.

Le natif de Plzen, une ville de Bohème célèbre pour sa bière, ne s'est pas affolé car ce n'était pas la première fois qu'il était la cible des critiques dans un championnat où l'on ne pardonne rien, surtout pas à Chelsea.

Depuis son terrible accident d'octobre 2006, lorsqu'un joueur de Reading lui avait fracturé le crâne involontairement au cours d'un match, sa capacité à retrouver son meilleur niveau a été remise en question à plusieurs reprises. Mais le gardien, contraint depuis de porter un casque de joueur de rugby, a toujours su réagir, avec l'aide de son entraîneur Christophe Lollichon, un Français connu à l'époque rennaise.

Les « Blues » joueront très gros en finale car, en cas de défaite, ce sera non seulement un grand rêve qui s'envolera pour la deuxième fois en quatre ans mais aussi la place de grand d'Europe de leur club qui sera fortement affectée, puisque Chelsea ne participerait pas la prochaine édition.

« Ce serait une année perdue. On peut accepter qu'un grand club ne gagne pas de titre dans une année de transition, mais pas qu'elle manque la Ligue des champions. Les grands clubs doivent jouer la Ligue des champions », a prévenu récemment Cech.