PARIS - L'équipe de France de football aura d'abord à coeur de faire oublier le fiasco de ses deux précédentes campagnes internationales à l'occasion de l'Euro 2012, qu'elle s'apprête à disputer en Pologne et en Ukraine. Mais les Bleus ne s'interdiront pas de plus grandes ambitions.

«L'objectif de l'équipe de France, c'est d'être présente en quart de finale, souligne le sélectionneur tricolore, Laurent Blanc. Après un quart de finale, il peut tout se passer, mais ayons quand même cet objectif, car je vous rappelle que, lors des deux dernières compétitions internationales, la France n'a pas franchi le premier tour.»

À l'Euro 2008, les Bleus, pourtant finalistes de la précédente Coupe du monde, avaient quitté la compétition en phase de groupes sans avoir remporté un seul de leurs trois matchs (deux défaites et un nul). Deux ans plus tard, au Mondial sud-africain, non seulement l'équipe de France n'avait pas réussi à rallier le deuxième tour, mais elle avait été la risée du monde entier en offrant le spectacle consternant de la première grève d'une sélection nationale.

Les Bleus veulent tourner la page avec un nouvel entraîneur depuis deux saisons et un groupe considérablement rajeuni, dont seulement neuf éléments sont d'anciens mondialistes et dans lequel 11 joueurs n'ont jamais disputé de phase finale.

Pour la génération montante qui s'est révélée sous l'ère de Laurent Blanc, l'Euro constituera une grande première et l'occasion d'apprendre un peu plus en vue d'autres échéances comme le Mondial brésilien en 2014, si la France se qualifie.

Elle paraît, toutefois, encore un peu tendre pour prétendre se glisser dans les pas de ses devancières championnes d'Europe en 1984 et 2000 et, d'ailleurs, son milieu de terrain Samir Nasri réclame, à l'avance, l'indulgence.

«Nous sommes une équipe jeune manquant d'expérience. Aussi, on ne fait pas partie des favoris. On sait que l'on a de la qualité, mais il ne faut pas se mentir et nous verrons match par match», assure le champion d'Angleterre avec Manchester City.

La France n'a pas été étincelante durant les éliminatoires, n'obtenant sa qualification que lors de l'ultime journée. Mais, après une surprenante défaite à domicile face au Bélarus en ouverture et malgré des difficultés récurrentes à concrétiser ses occasions de but, elle n'a perdu aucun match (six victoires et trois nuls) pour coiffer au poteau la Bosnie-Herzégovine et éviter les barrages.

«Il y a tout de même un peu de confiance malgré des qualifications un petit peu poussives, reconnaît Blanc. C'est vrai qu'après le premier match, l'équipe est montée en puissance dans les rencontres qualificatives.» La sélection tricolore a également remporté trois rencontres amicales contre des adversaires de prestige (Brésil, Angleterre et Allemagne), qui ont montré qu'elle pouvait élever son niveau de jeu.

Les deux saisons passées ont permis à Blanc de dégager une ossature d'une quinzaine de joueurs et une épine dorsale avec, à une extrémité, le portier Hugo Lloris, dont il a fait son capitaine et, à l'autre, Karim Benzema, son meilleur réalisateur en sélection (12 buts).

La question de la défense semblait résolue mais a resurgi avec les forfaits de Bacary Sagna et d'Éric Abidal et se compliquerait un peu plus si Philippe Mexès, dont Blanc comptait faire un des deux piliers de son axe central, ne retrouvait pas sa forme physique après sa saison perturbée. Reste le milieu de terrain, le coeur du jeu, objet d'une permanente recherche d'équilibre.

Après les trois matchs de préparation, ponctués de trois succès sur l'Islande (3-2), la Serbie (2-0) et l'Estonie (4-0), le secteur défensif ne dégage toujours pas de certitudes. Ce n'est pas le cas, en revanche, des autres compartiments du jeu dont le comportement a été rassurant et incline à penser que, globalement, les Bleus sont prêts. La France s'est, en outre, envolée vers l'Ukraine et son camp de base de Kircha en n'ayant pas perdu depuis 21 matchs.

«Ce qui fait la force d'une équipe, c'est la qualité des joueurs qui la composent. Cela ne suffit pas mais il faut en avoir et la France en a», estime le sélectionneur.

Versée dans le groupe D, où figurent l'Angleterre, la Suède et l'Ukraine, co-organisatrice du tournoi, la France ne doit pas s'attendre à un premier tour facile.

L'Angleterre véhicule une vraie part d'inconnu avec un nouvel entraîneur, Roy Hodgson, ayant pris ses fonctions en mai et ses absents de marque (Frank Lampard, Gareth Barry, Garry Cahill) alors que sa star Wayne Rooney sera suspendue pour les deux premiers matchs. La Suède a disputé les quarts de finale en 2002 et 2006, tandis que l'Ukraine, quart de finaliste surprise au Mondial 2006, peut créer la sensation avec l'aide de son public.

La France débutera la compétition le 11 juin contre l'Angleterre à Donetsk (Ukraine), la poursuivra dans la même ville face à l'Ukraine le 15 juin et bouclera le premier tour en affrontant la Suède le 19 juin, à Kiev.