Les mains liées
Coupe du Monde Feminine de la FIFA vendredi, 4 oct. 2013. 13:30 vendredi, 13 déc. 2024. 16:36ZURICH - La FIFA n'a pu dissimulé vendredi un certain embarras face au sort des ouvriers engagés sur le grand chantier du Mondial 2022 au Qatar, se déclarant à la fois responsable mais non habilitée à s'immiscer dans les lois de l'émirat.
Au terme de la réunion de son comité exécutif à Zurich, le patron de l'instance dirigeante du football mondial Sepp Blatter a aussi balayé les supputations sur une possible réattribution du grand événement sportif planétaire au vu des polémiques qui collent à cette édition depuis trois ans.
« La Coupe du monde 2022 se jouera au Qatar... Mais on ne sait pas encore si ce sera en été ou en hiver », a-t-il déclaré.
Le Suisse a ensuite balayé toute responsabilité de la Fédération concernant les sombres conditions des travailleurs migrants, principalement venus d'Asie, dans ce minuscule État du désert, dénoncées par plusieurs syndicats et ONG.
Le quotidien The Guardian en dressait la semaine passée un sordide tableau parlant « d'esclavagisme des temps modernes » et avançant que 44 Népalais étaient morts entre début juin et début août. Des chiffres exagérés, ont rétorqué les autorités qataries qui ont mandaté un cabinet d'avocats international pour enquêter.
Les entreprises responsables des travailleurs
« Vraiment de tout coeur, j'exprime toute la sympathie et tout le regret pour ce qui se passe dans un pays, quand il y a des morts sur des constructions qui sont en relation avec la Coupe du monde », a déclaré le patron de la FIFA.
« Nous ne pouvons pas passer inaperçus dans cette affaire et cela nous touche, mais ce n'est pas une intervention directe de la FIFA qui va changer cela. Cette intervention ne peut être faite que par le Qatar lui-même et le Qatar a confirmé qu'il allait le faire », a-t-il ajouté.
« La FIFA ne peut pas faire d'ingérence dans le droit du travail d'un pays mais ne peut l'ignorer », avait-il auparavant résumé sur Twitter.
Selon lui, la responsabilité est aussi à chercher du côté des entreprises, notamment européennes, qui ont obtenu les contrats de construction.
« Ce sont ces entreprises qui sont responsables de la condition des ouvriers, mais ce n'est pas la responsabilité de la FIFA. »
Un positionnement vertement critiqué par l'organisation Human Rights Watch, selon laquelle la FIFA considère que « les droits fondamentaux des ouvriers qui bâtissent la Coupe du monde de 2022 au Qatar est le problème de quelqu'un d'autre ».
Blatter est « soit ignorant, soit indifférent aux abus consternants qui se déroulent en ce moment même au Qatar », a insisté Nicholas McGeehan, un expert du Golfe pour HRW.