ROME - L'ex-capitaine de l'Atalanta Bergame Cristiano Doni, emprisonné dans le cadre des matches truqués par des parieurs, reconnaît son implication et dénonce "l'omerta" et la mentalité en Italie qui facilitent cette tricherie, dans une entrevue à deux journaux parus samedi.

"J'ai été un imbécile, et il n'y a aucune justification", a-t-il raconté à la Repubblica et à la Gazzetta dello sport, arrêté dans le cadre de l'enquête "Last bet" (dernier pari) sur les matches truqués en Italie, et déjà suspendu trois ans et demi par la justice sportive. L'Atalanta a elle écopé de six points de pénalité en Série A (première division), où elle a été promue à la fin de la saison écoulée.

Doni, 38 ans et dont la carrière est terminée, a admis avoir truqué deux matches de Série B (2e div.) la saison dernière, contacté par des officines de paris clandestins.

Il a truqué Ascoli-Atalanta et Atalanta-Plaisance. Lors de ce dernier match, "au moment de tirer le penalty, (Mario) Cassano (le gardien plaisantin) m'a dit: Tire au centre que je plonge", a raconté Doni.

"Les erreurs que j'ai commises c'était pour faire remonter l'Atalanta en (Série) A. C'était une obsession. J'aurais fait n'importe quoi, et d'ailleurs, j'ai fait n'importe quoi. J'ai trahi le sport", a-t-il jugé.

Et des joueurs prêts à "trahir le sport, il y en a beaucoup, trop, a estimé Doni. En B plus qu'en A, parce qu'à part trois ou quatre clubs, les autres payent peu, certains ne touchent que 20 000 euros annuels (26 400 $ CAN). Et ainsi les joueurs sont plus corruptibles".

"Il faut faire voler en éclat cette omerta qui est en train de détruire le soccer, a ajouté Doni. Il faut avoir le courage de raconter la pourriture du football."

"Problème culturel"

Pour Doni, il s'agit aussi d'un "problème culturel: chez nous (en Italie) existe l'habitude de ne pas envoyer en B un collègue en danger sauf si c'est pour son propre classement. Et depuis qu'on a légalisé les paris, ces habitudes persistent. Le problème prend maintenant d'autres proportions, mais le point de départ est un défaut culturel qui ne concerne pas seulement les joueurs mais aussi les arbitres, qui voient tout et ne font rien, les observateurs de la Fédération, les journalistes, les dirigeants..."

Désormais Doni se "repend". "La prison t'aide à comprendre tes erreurs, a-t-il dit. C'est pire que dans les films, j'avais froid, je ne dormais jamais. Je pensais à la connerie que j'avais faite, à ma fille, à ma femme, à l'Atalanta... Il me tardait de passer devant le juge et de tout raconter..."

"Mon seul espoir est qu'au moins mon histoire serve de leçon. J'espère que les autres joueurs ne seront pas aussi imbéciles et feront comme (Andrea) Masiello. Il a été très courageux, et contrairement à moi, il a eu l'intelligence de dénoncer tout à temps", a dit Doni.

Andrea Masiello, joueur de Bari, a commencé à collaborer avec les enquêteurs de son implication dans le scandale "Last bet".

L'affaire a éclaté à la fin de la saison 2010-2011, impliquant notamment l'ancien international Beppe Signori. Le 19 décembre, la police italienne a procédé à 17 nouvelles arrestations, dont Doni.