DOHA (AFP) - Le secrétaire général adjoint de la Fédération qatarienne de soccer, Majed Al-Khalifi, s'est dit "surpris" par l'adoption par le comité d'urgence de la FIFA de mesures contre les naturalisations abusives, une initiative qui met fin à ses propres démarches.

"Nous sommes surpris par cette décision, contraire à une précédente décision de la Fédération internationale de football (FIFA), notamment l'article 15" des statuts de cette fédération, a déclaré M. Khalifi.

Selon lui, "cet article (...), adopté en marge de la conférence de Doha en octobre dernier était clair et autorisait les fédérations à naturaliser tout joueur qui n'a pas joué pour son pays d'origine" en compétition internationale.

L'article 15, alinéa 1 du règlement d'application des statuts de la FIFA, indique qu'un "joueur n'ayant encore jamais joué dans une équipe nationale peut adopter une autre nationalité et représenter son nouveau pays en équipe nationale".

"La naturalisation permettant à des joueurs qui n'ont aucun lien avec leur nouveau pays de jouer avec leur équipe nationale ne respecte pas ni la lettre ni l'esprit des statuts. C'est pourquoi ce type de pratiques doit être immédiatement interdit", a estimé la FIFA, mercredi.

La principale mesure, adoptée par le comité d'urgence consiste à imposer une résidence continue de deux ans dans leur pays d'adoption à tous les candidats à la naturalisation en vue d'une sélection en équipe nationale.

Le prochain congrès ordinaire de la FIFA, les 20 et 21 mai à Paris, devrait modifier les statuts en ce sens.

Contre l'esprit du sport

La procédure d'urgence a été rendue nécessaire par les initiatives du sélectionneur du Qatar, le Français Philippe Troussier, qui entend "fabriquer" une équipe composée de joueurs fraîchement naturalisés, avec en particulier le Brésilien Ailton (Werder Brême/ALL), dans la perspective des qualifications pour le Mondial 2006 qui, pour le Qatar, débutent le 31 mars contre la Jordanie.

"Les clubs allemands auxquels appartiennent les joueurs candidats pour défendre les couleurs du Qatar (...) ainsi que la Fédération européenne ont pesé de leur poids" dans la nouvelle décision de la FIFA", a déploré le responsable qatarien.

En outre, a-t-il ajouté, "certains pays qui devraient nous rencontrer aux éliminatoires du Mondial en ont eu peur et ont fait objection" aux naturalisations envisagées par l'équipe du Qatar.

Le Qatar, battu (3-1) pour son premier match de qualification de la zone asiatique par l'Iran entendait présenter, le 31 mars, des joueurs fraîchement naturalisés contre la Jordanie, leader du groupe. La fédération jordanienne avait envoyé un courrier à la FIFA pour dénoncer "les méthodes contre l'esprit du sport utilisées par un pays ami".

"Nous avons des alternatives à la naturalisation pour promouvoir le football au Qatar", a indiqué le responsable qatarien, citant la formation des joueurs et le recrutement d'entraîneurs étrangers.