BELO HORIZONTE - Neymar, star du moment du foot brésilien, a entretenu la légende du no 10 auriverde, qu'il portait pour la première fois contre le Japon (battu 3-0) en Coupe des Confédérations, avec un but de toute beauté.

À 21 ans, l'ailier gauche de la Seleçao a inscrit avec sa nouvelle tunique son 21e but en 35 sélections, lui qui n'avait pas marqué lors des neuf derniers matchs, club et sélection confondus.

Plusieurs numéros de maillots sont célèbres - comme le no 10 argentin (Maradona) ou les no 7 de Manchester United (Best, Cantona, Beckham, Cristiano Ronaldo) - mais aucun n'égale le numéro « dez » brésilien.

Dans beaucoup de pays, le no 10 est associé à l'image d'un meneur de jeu calme qui a le tempo sous contrôle, mais au Brésil il honore souvent le joueur le plus dynamique, le plus explosif.

Quand un joueur revêt cette tunique, c'est un lien qui s'établit avec le passé, en connection avec le roi Pelé, le plus grand no 10 de l'histoire du foot.

Pelé l'endossa pour la première fois à l'âge de 17 ans à la Coupe du monde 1958 en Suède et ne le quitta qu'à la fin de sa carrière 13 ans et trois victoires en Coupe du monde plus tard en 1971.

Créativité

Autant que ses 77 buts internationaux, c'est grâce aux inspirations géniales de Pelé que le maillot no 10 symbolise le don naturel du Brésil pour la créativité.

À la Coupe du monde 1970 au Mexique, qui vit le couronnement du Brésil, Pelé essaya de lober le gardien tchèque depuis le milieu du terrain (raté pour quelques centimètres) et plus tard mystifia le gardien uruguayen d'une audacieuse feinte en demi-finales (qui passa là aussi à côté du cadre): rares sont les joueurs dont les occasions manquées ont marqué à ce point les esprits. Hormis ses buts, il faut dire que Pelé brilla par des gestes uniques et hors normes.

En 1982, lors de la Coupe du monde en Espagne, plusieurs joueurs auraient pu prétendre à porter le no 10 mais il revint à Zico, fer de lance d'une des équipes les plus populaires du Brésil.

En dehors de Pelé, deux Brésiliens avec le fameux numéro ont soulevé le trophée de la Coupe du monde : Rai en 1994 et Rivaldo en 2002, deux joueurs possédant l'élégance et la vision du jeu.

Ce no 10 de couleur verte frappé sur un maillot jaune peut s'avérer lourd à porter en certaines circonstances. C'est ainsi que Ronaldinho et Kaka, tous deux Ballons d'Or, ont échoué dans leurs tentatives d'inspirer le Brésil lors des Coupes du monde 2006 et 2010.

« Fardeau »

« Le numéro 10 montre normalement deux choses, indique un spécialiste du football brésilien et écrivain, Jack Lang. Premièrement, un élément de fantaisie : le 10 est le joueur qui peut gagner un match - ou le sauver - avec une feinte, un coup de patte ou un coup franc. »

« Mais il a un fardeau à porter : il n'est pas comme les autres joueurs, aussi il n'est pas à juger sur les mêmes critères », estime Lang.

« Il y a une responsabilité parce que les projets de l'équipe sont tellement liés à sa performance. »

Avant de s'approprier ce no 10, Neymar avec Santos et l'équipe du Brésil portait le no 11 qui peut être associé à un grand buteur, mais est rarement le joueur autour duquel l'équipe est construite.

En demandant ce maillot, Neymar a donné un signe clair pour dire qu'il croit maintenant être prêt à répondre aux attentes qu'il a fait naître depuis ses premiers pas à Santos à 17 ans.

Il a insisté sur le fait que le numéro n'a pas d'importance mais il connait, comme tout Brésilien, le symbole qu'il constitue au pays du foot roi.

À Barcelone, où il jouera la saison prochaine, le maillot no 10 appartient déjà au meilleur joueur du monde, l'Argentin Lionel Messi.

Mais dans une équipe du Brésil émergente, en quête d'un leader, c'est bien lui qui veut poursuivre l'histoire d'amour avec le fameux numéro.