Nous avons mérité un premier point à l'étranger en faisant un match nul de 1-1 avec le DC United, mercredi. Obtenir un point sur un terrain adverse, c'est un peu comme une victoire.

On a retenu une leçon de notre partie de samedi dernier à Dallas où on n'avait pas été en mesure de garder notre avance pour finalement perdre. On a appris qu'il fallait mieux gérer les matchs et comprendre que jouer sur les pelouses adverses n'est pas facile et qu'il faut s'attendre à voir le club local attaquer plus fort et à ouvrir les corridors. C'est à nous de temporiser et de calmer le jeu pour freiner le rythme de l'adversaire.

Mercredi, on a réussi à prendre l'avance contre le DC United avant d'encaisser le but égalisateur, mais nous sommes parvenus à amasser un point. Je dis toujours qu'il est important de récolter au moins un point à l'étranger. Quand on arrive à sortir du match avec trois points au classement, c'est un boni.

Mon entrée dans le match à la 74e minute avait pour objectif de fermer les espaces que nous avons tendance à laisser ouvrir en fin de partie. À Washington, on ne voulait pas répéter les mêmes erreurs qu'à Dallas. On voulait aussi calmer le jeu lors des montées adverses.

On aurait pu sortir des deux derniers matchs avec six points plutôt qu'un seul, mais il faut être réaliste et se dire qu'on ne jouait pas à la maison. Vous savez, c'est très difficile de gagner sur la route. J'ai appris en Europe qu'il fallait absolument obtenir au moins un point à chaque partie disputée à l'étranger et maximiser nos chances à la maison pour aller chercher les trois points au classement.

On ne s'en cachera pas. Il y a eu de la frustration dans la défaite à Dallas où nous avons perdu malgré de très beaux efforts. On aurait dû gagner cette partie. Dallas n'était pas vraiment dans la partie, à part les 25 dernières minutes. La leçon de Dallas était donc fraîche à notre mémoire et on n'a pas répété la même erreur contre le DC United. Pour avoir du succès, nous devons apprendre très rapidement.

Quand DC United a compté le but égalisateur, on n'a pas paniqué, mais on voyait que le momentum changeait de côté. Les vagues offensives arrivaient rapidement et on tentait de bien les gérer en défensive. On s'en est sorti sans accorder d'autre but en calmant le jeu dans les dernières minutes.

Quand l'entraîneur m'a envoyé dans la partie, la rencontre se déroulait déjà à vive allure et le vent venait de changer de direction. C'est difficile d'entrer avec ce rythme.

Il y a eu quelques moments en deuxième demie où nous avons perdu le focus, mais on est demeuré assez concentré pour garder notre point. En fin de rencontre, l'adversaire a marqué un but, qui lui a été refusé en raison d'un hors-jeu. Sur la séquence, on s'est dit instinctivement, "Non, pas encore." Heureusement le but a été refusé.

On se doit d'apprendre à diminuer ce genre de situation qui va se reproduire en cours de route devant des clubs qui vont pousser fort dans les dernières minutes. Il faut donc limiter les dégâts en empêchant l'autre club de se retrouver trop souvent à l'intérieur des 18 mètres sur notre surface.

Un peu d'action

J'ai joué un peu plus de 15 minutes en fin de rencontre, moi qui avais été laissé de côté lors des trois parties précédentes. J'ai apporté mon expérience et j'ai calmé le jeu après le but des locaux. Les choses ont finalement bien tourné, car on a obtenu un match nul. Ça m'a permis d'avoir enfin un peu de millage dans les jambes et de contribuer. Je n'ai pas joué longtemps, mais j'ai réussi à créer deux chances de marquer, ce qui est très satisfaisant.

Je sais que j'ai été laissé de côté au cours des trois parties précédentes. Puisque je suis un joueur québécois, je dois continuellement répondre aux questions concernant la décision de mon entraîneur d'avoir recours à mes services ou non et j'avoue que ça commence à m'agacer un peu. Je ne contrôle pas mon utilisation. Au hockey, quand un joueur ne joue pas, il est sur la galerie de presse. Au soccer, les réservistes se trouvent sur le bord de la pelouse. Si tu ne joues pas, c'est le choix de l'entraîneur et ça n'a rien à voir avec le talent de l'athlète.

Le jeu en Amérique du Nord est différent de ce que j'ai connu ces dernières années. La culture du jeu est différente de celle de l'Europe. Je dirais que mon adaptation allait bien, surtout après ma partie contre les Red Bulls de New York où j'avais l'impression d'avoir joué un bon match et d'avoir eu de bons commentaires. À mes yeux, c'était mon match référence. Je croyais que j'avais réussi à bien assimiler mon style au soccer qui se joue ici.

J'ai appris à jouer d'une certaine façon et je ne vais pas commencer à changer mon style pour devenir plus physique. Je peux jouer un style physique, mais mon style ne dépend pas uniquement de ça. Je m'adapte au jeu. Après, on aime ou on n'aime pas.

Je suis dans la construction de jeu. Plus je touche au ballon et mieux je suis. Je ne suis pas le type de joueur qui doit avoir constamment des duels. Je suis dans la construction et dans la possession. Mon travail est d'arriver à mettre mes joueurs offensifs dans les meilleures dispositions pour attaquer le filet. La MLS est différente de ce qui se joue en Europe et je continue à m'adapter en jouant à ma façon parce que c'est comme ça que j'ai appris.

Dès que j'ai eu le feu vert de l'entraîneur pour sauter sur le terrain, je n'avais aucun doute dans mon esprit que je pouvais faire le travail et en aucun moment, j'ai craint de faire une erreur. J'ai pleine confiance dans ma façon de jouer et je sais qu'elle est productive. Tout ce que j'attends, c'est qu'on me donne du temps de jeu. Me retrouver sur la touche comme réserviste n'ébranle pas ma confiance. Je n'ai pas 20 ans. Je suis un vétéran de 12 saisons. J'ai joué les dix dernières campagnes en Europe alors j'ai confiance en mes moyens. Être sur le banc ne sème pas le doute dans mon esprit sur mes capacités. Si je reste sur les lignes de côté, c'est juste un choix de l'entraîneur.

Dix jours avant Portland

Nous disputerons notre prochaine partie au Stade olympique le 28 avril prochain face aux Timbers de Portland. D'ici là, nous aurons des entraînements et des réunions d'équipe. On en profitera pour regarder nos deux derniers matchs pour éviter de répéter les mêmes erreurs. On aura aussi le temps d'observer les forces et les faiblesses du prochain adversaire.

Les caprices du calendrier font en sorte que nous n'avons pas eu beaucoup d'entraînements spécifiques au cours des deux dernières semaines. Les prochains jours permettront donc à ceux qui ont joué de régénérer leurs forces, et à ceux qui n'ont pas joué, de garder leurs jambes fraîches. Puis, comme on jouait à l'extérieur, on pourra un peu se reposer à la maison.

*propos recueillis par Robert Latendresse