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Entre l'arbre et l'écorce, Bev Priestman exprime son appui à ses joueuses

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Bien qu'elle ne cache pas avoir elle-même été affectée par la controverse qui continue d'ébranler l'équipe canadienne de soccer féminin, l'entraîneuse Bev Priestman ne s'attend pas à ce que les contrecoups du conflit qui oppose ses joueuses à la direction de Canada Soccer affectent leurs performances sur le terrain lors de la Coupe SheBelieves qui s'amorcera jeudi.

Priestman se retrouve coincée entre l'arbre et l'écorce depuis vendredi dernier. Ce jour-là, ses joueuses ont effectué une sortie publique afin de faire connaître leur intention de boycotter le tournoi à quatre équipes qui leur sert de préparation en vue de la prochaine Coupe du monde. Elles dénoncent notamment les coupes budgétaires annoncées par leur fédération en 2023 et demandent l'équité salariale avec leurs collègues de la sélection masculine.

Menacées de poursuites judiciaires si elles mettaient leur menace à exécution, les Canadiennes sont rentrées à contrecoeur dans les rangs, promettant d'éventuellement trouver d'autres façon de mener leur combat à terme.

Même si sa loyauté envers son employeur la force à marcher sur des œufs, Priestman a exprimé son appui à ses joueuses à la veille d'un match contre les États-Unis.

« Évidemment, les circonstances des derniers jours ont représenté un immense défi pour mon staff et moi, mais je tiens à dire que je suis incroyablement fière et honorée de représenter le groupe de joueuses à ma disposition », a déclaré Priestman au début d'une mêlée de presse virtuelle mercredi.

« Leur engagement à se tenir debout pour leurs convictions est palpable. Ce qui crève les yeux, pour moi, c'est que ces joueuses ne se battent pas seulement pour elles et ce qui leur arrivera dans les six prochains mois. Elles le font pour les prochaines générations. »

La veille, la capitaine Christine Sinclair avait affirmé que les joueuses au cœur de ce mouvement revendicateur étaient « épuisées et dégonflées », que l'équipe était « au bout du rouleau ». Vingt-quatre heures plus tard, leur sélectionneuse a partagé un sentiment similaire, révélant que les derniers jours avaient été « drainants et émotifs ».

Priestman a cité en exemple la conversation qu'elle avait eue avec la milieu de terrain Sophie Schmidt qui, frustrée, avait décidé d'annoncer sa retraite en fin de semaine avant que son entraîneuse la convainque de s'accrocher.

« Cette conversation, pour être honnête, a détruit une partie de mon âme. Sophie a traversé beaucoup de choses dans sa carrière. À travers les obstacles, elle a toujours démontré une incroyable force de caractère. Même dans les circonstances les plus difficiles, elle m'a toujours traité avec le plus grand respect. L'entendre parler de retraite a été très, très difficile. Je suis reconnaissante qu'elle ait finalement décidé de continuer, mais au niveau émotif, ça fait partie du chaos que je vis dans la situation actuelle. »

Priestman, 36 ans, a aussi commenté la parution d'un article du quotidien britannique The Guardian dans lequel la journaliste Suzanne Wrack allègue qu'elle remettrait son avenir avec l'équipe nationale canadienne en question.

« Depuis notre conquête de la médaille d'or olympique, d'autres occasions se sont évidemment présentées à moi. Mais je suis engagée envers ce groupe de joueuses. Nous avons partagé des moments incroyables ensemble et je veux en vivre d'autres avec elles. Les circonstances actuelles sont difficiles, on ne se le cachera pas, mais mon but est de continuer avec ce groupe. »

Des conseils de Herdman

Ce n'est pas la première fois que Canada Soccer est secoué par un mouvement de contestation organisé par ses athlètes.

L'été dernier, les membres de la sélection masculine avaient refusé de sauter sur le terrain pour un match amical contre le Honduras, forçant la fédération à annuler l'événement deux heures avant le coup d'envoi prévu. Parmi leurs requêtes de l'époque, une révision à la hausse des compensations prévues pour leur participation à la Coupe du monde et la mise en place d'une structure à l'intérieur de laquelle le traitement équitable des membres de l'équipe féminine serait assuré. Les joueurs étaient revenus à l'action quatre jours plus tard contre Curaçao.

Les joueuses de l'équipe féminine avaient récupéré la balle au bond en publiant un communiqué dans lequel était exposé l'état de leurs négociations avec Canada Soccer. Huit mois plus tard, le dossier n'a clairement pas avancé à leur goût.

Priestman a reconnu avoir voulu s'appuyer sur l'expérience de son homologue John Herdman afin de traverser cette période trouble qui affecte présentement son équipe.

« C'est nouveau, c'est unique, ce n'est certainement pas quelque chose qu'on vous enseigne dans les cours d'entraîneurs. Pour moi, ça a été un énorme défi. John ayant vécu une situation similaire l'an passé, je lui ai demandé conseil pour qu'il m'aide à naviguer là-dedans. Ni lui ni moi n'est expert en la matière, mais ce que je sais, c'est que je ne ferais pas mon boulot si je ne faisais pas tout en mon pouvoir pour bien préparer mon groupe pour ce qui nous attend sur le terrain. »

La Coupe SheBelieves est un tournoi sur invitation qui se déroule chaque année aux États-Unis et qui oppose quatre des meilleures équipes nationales au monde. L'édition de cette année opposera l'équipe hôtesse au Canada, au Brésil et au Japon.