ISTANBUL (AFP) - Deux clubs mythiques, le Milan AC, maître en Europe depuis plus de quinze ans, et Liverpool, son alter ego des années 70-80, en décousent mercredi à Istanbul (18h45 GMT) en finale de la Ligue des champions de soccer, pour une 50e finale de C1 à l'affiche alléchante. Cette finale sera présentée à RDS dès 14h30.

Istanbul, aux confins de l'Europe, à la fois si loin et si proche du Vieux continent, accueille l'affrontement de deux géants et de deux cultures. Quoi de commun en effet, si ce n'est la tradition, entre les clubs italien et anglais ?

Le noble et vénérable Milan AC, avec ses six titres glanés entre 1963 et 2003, dont quatre depuis 1989, et le populaire et ouvrier Liverpool, qui mit l'Europe en coupe réglée entre 1977 et 1984 (quatre succès), avant que certains de ses supporteurs ne sèment la terreur un soir de mai 1985 au Heysel (39 morts).

Jamais finale - qui est aussi la première entre des clubs anglais et italiens depuis le drame du Heysel et son cortège d'horreur - n'avait offert un plateau aussi richement doté en titres de champion d'Europe. Seul un rendez-vous Milan AC - Real Madrid aurait pu offrir plateau plus prestigieux en terme de palmarès, même s'il faut reconnaître que le lustre européen de Liverpool s'est quelque peu jauni, malgré une Coupe de l'UEFA enlevée en 2001.

Match fermé

Au-delà de cette dimension historique et culturelle, que goûtent les puristes, les simples amateurs du jeu retiennent, eux, que les "Reds" ont privé l'Europe d'une explication entre deux superpuissances, Chelsea et Milan, en éliminant les "Blues" sur deux matches cadenassés (0-0, 1-0). Chelsea a pourtant fini le Championnat avec 37 points (!) d'avance sur Liverpool.

Mais l'ambiance indescriptible d'Anfield lors de la demi-finale retour, doublée d'une explosion de joie finale si intense et si éruptive que le Kop en tremble encore, a largement compensé l'absence de spectacle.

Les pessimistes persiflent néanmoins qu'Istanbul va vivre un match fermé, car les deux formations n'ont pas la réputation d'être résolument et prioritairement tournées vers l'avant.

"Reds" et "Rossoneri", qui n'ont encaissé que six buts en douze matches de C1, basent d'abord leur jeu sur une ferme assise défensive. Mais les deux équipes savent aussi montrer un visage séduisant devant. Principalement Milan, où Pirlo, Seedorf, Kaka et Shevchenko forment un quartet virtuose, que Crespo - plutôt qu'Inzaghi - devrait compléter mercredi. A Liverpool, les milieux Gerrard, Xabi Alonso et Luis Garcia sont aussi résolument attirés vers le but.

L'emblématique capitaine milanais Paolo Maldini est toutefois persuadé que "Liverpool va fermer le jeu et cherchera à procéder en contre". Un constat qui n'effraie pas l'entraîneur Carlo Ancelotti, pour lequel le fait que "Liverpool joue comme une équipe italienne" semble plutôt être une aubaine.

Tempo élevé

Car Milan sait parfaitement contrer les équipes italiennes, même si la seule qui l'ait supplanté cette saison en Série A, la Juventus, a chuté en Ligue des champions devant... Liverpool. Mais le club anglais est aussi un miraculé qui aurait pu chuter dès le tour préliminaire face à Graz AK (2-0, 0-1), puis ne pas sortir de la première phase (qualification à la dernière minute du dernier match contre Olympiakos).

Si les "Reds" veulent bousculer le Milan, ils peuvent s'inspirer du PSV Eindhoven, demi-finaliste malheureux: un pressing permanent, un jeu vif sur les ailes et un tempo élevé. Ou alors reproduire ce qu'ils ont fait subir à la Juventus à Anfield, durant les 45 premières minutes du quart de finale aller. Ce n'est pas un secret, les "Rossoneri" - qui restent sur deux matches nuls et deux défaites - n'aiment pas subir.

Liverpool se présente au stade Atatürk, sur la rive dite "européenne" du Bosphore, avec dix jours de repos. La seule incertitude concerne l'identité de l'attaquant de pointe: Milan Baros ou Djibril Cissé ? Baros a certes un prénom prédestiné pour cette finale mais Cissé, après une fracture tibia-péroné en octobre, est revenu en force avec un doublé contre Aston Villa (2-1, le 15 mai). Benitez a prévenu, il choisira "une heure avant le match".


Équipes probables

Milan AC (ITA): Dida - Cafu, Nesta, Stam, Maldini (cap.) - Gattuso, Pirlo, Seedorf - Kaka - Shevchenko, Crespo

Liverpool (ENG): Dudek - Finnan, Carragher, Hyypia, Traoré - Hamann, Xabi Alonso - Luis Garcia, Gerrard (cap.), Riise - D. Cissé (ou Baros)


Liverpool FC (ENG)

Fondation: 1892
Entraîneur: Rafael Benitez (ESP, 1re saison)
Championnat d'Angleterre 2004-2005: 5e
Stade: Anfield (45.362 places)
Couleurs: rouge
Principaux joueurs: Steven Gerrard (cap.), Jamie Carragher, Sami Hyypia (FIN), John Arne Riise (NOR), Xabi Alonso (ESP), Luis Garcia (ESP), Milan Baros (TCH), Djibril Cissé (FRA)

. Palmarès:
Championnat d'Angleterre: 18 (1901, 1906, 1922, 1923, 1947, 1964, 1966, 1973, 1976, 1977, 1979, 1980, 1982, 1983, 1984, 1986, 1988, 1990), record en Angleterre
Coupe d'Angleterre: 6 (1965, 1974, 1986, 1989, 1992, 2001)
Coupe de la Ligue anglaise: 7 (1981, 1982, 1983, 1984, 1995, 2001, 2003)
Coupes d'Europe:
C1: 4 (1977, 1978, 1981, 1984)
C3: 3 (1973, 1976, 2001)
Supercoupe d'Europe: 2 (1977, 2001)


Associazione Calcio Milan (ITA)

Fondation: 1899
Entraîneur: Carlo Ancelotti (ITA)
Championnat d'Italie 2004-2005: 2e (un match reste à jouer)
Stade: Guiseppe-Meazza (85.700 places)
Couleurs: rouge et noir
Principaux joueurs: Paolo Maldini (cap.), Gennaro Gattuso, Andrea Pirlo (ITA), Dida, Cafu, Kaka (BRE), Andrei Shevchenko (UKR), Clarence Seedorf (PBS), Hernan Crespo (ARG)

. Palmarès:
Championnat d'Italie: 17 (1901, 1906, 1907, 1951, 1955, 1957, 1959, 1962, 1968, 1988, 1989, 1992, 1993, 1994, 1996, 1999, 2004)
Coupe d'Italie: 5 (1967, 1972, 1973, 1977, 2003)
Supercoupe d'Italie: 5 (1989, 1992, 1993, 1994, 2004)
Coupes d'Europe:
C1: 6 (1963, 1969, 1989, 1990, 1994, 2003)
C2: 2 (1968, 1973)
Supercoupe d'Europe: 4 (1989, 1990, 1994, 2003)
Coupe intercontinentale: 3 (1969, 1989, 1990)