Je suis de retour. Après quelque temps d’absence sur le blogue, je reprends contact avec vous. Pour parler de tout et de rien, pour parler de plein air et de foot, mais aussi de voyages, d’expériences, de réalisations (les vôtres et les miennes), du sport et de la vie. L’un et l’autre sont parfois plus liés que l’on pense…

Si vous me demandez ce que j’ai fait au cours des dernières 36 heures, je vous dirai que j’ai été rivée au petit écran. Pas pour regarder un match ou une course, mais plutôt pour assister à ce sauvetage extraordinaire des 33 mineurs chiliens. Comme des millions de personnes sur la planète, j’ai été touchée par cet exploit technologique et humain, par la population du pays qui se rassemblait derrière eux, par ces familles et ces amis qui campaient dans cette région aride depuis les tout premiers instants du drame.

J’ai souri, j’ai été émue, j’ai ri aussi lors de la sortie peu banale de Mario Sepulveda. J’ai admiré le président Piñera qui est resté là durant tout le sauvetage, recevant avec émotion chacun des mineurs, et qui est aussi resté, en compagnie du ministre de l’industrie minière Laurence Golborne, jusqu’à ce que le dernier sauveteur remonte à son tour. C’était plus qu’une opération de relation publique, c’était le soulagement réel d’avoir réussi à sortir 33 hommes sains et saufs des entrailles de la terre.

J’ai aussi été amusée de voir que le soccer, malgré la gravité de la situation, avait réussi à prendre sa place dans l’histoire. On n’est pas le sport le plus populaire de la planète pour rien… D’abord, les joueurs du Réal Madrid ont envoyé des maillots signés par tous les joueurs, maillots qui portent tous le numéro « 33 » et marqué de la légende « Fuerza Mineros » (la force des mineurs). De plus, ils sont les invités du président du Réal Madrid Florentino Perez, pour assister au match de leur choix au Santiago Bernabeu où bien sûr une cérémonie spéciale leur serait dédiée.

L’un des mineurs dont la sortie était la plus attendue était Franklin Lobos, ancien joueur de soccer, ailier du Cobresal, et ami personnel de Ivan Zamorano, ancien attaquant du FC Séville, du Réal Madrid et de l’Inter Milan. Lobos avait, semble-t-il, un talent particulier pour les coups de pied arrêtés, ayant marqué une centaine de buts de cette façon en 15 ans de carrière. Il a été sélectionné sur l’équipe nationale du Chili en 1984 pour participer au tournoi pré-olympique du CONMEBOL en vue des Jeux de Los Angeles.

Il a eu une carrière honnête mais qui ne lui a pas amené la richesse, n’ayant jamais pu se joindre à l’un des grands clubs du Chili. C’est ainsi que lorsqu’il a accroché ses crampons en 1995, il est d’abord devenu chauffeur de taxi avant de devenir chauffeur à la mine de San José. Il semblerait que pour les footballeurs des équipes du nord, le travail à la mine présente une belle possibilité de reconversion. Arriver sur le marché du travail au milieu de la trentaine, sans autre formation spécifique, n’est pas chose facile.

Lorsqu’il est sorti de la capsule de sauvetage « Fenix 2 », Franklin Lobos s’est vu remettre un ballon signé des joueurs de l’équipe Colo Colo, équipe supportée par une vingtaine de ses compagnons, et qui n’a pas manqué de saluer elle aussi le courage exceptionnel des hommes confinés au fond de la mine pendant près de 70 jours. Enfin, le directeur de son ancien club le Cobresal évalue même la possibilité de changer le nom du stade pour lui donner celui du mineur footballeur.

Le président Piñera n’a pas manqué de faire le parallèle entre le football qui est un élément rassembleur d’un peuple, et le mouvement de solidarité qui s’est créé autour des trente-trois hommes retenus prisonniers de la mine. Tous unis derrières une équipe… Le président leur a présenté un dernier défi : un match de soccer entre une sélection de mineurs d’Atacama, dirigée par Franklin Lobos, et celle du palais du gouvernement. L’équipe qui gagne va au Palais et celle qui perd retourne dans la mine, a-t-il dit à la blague.

C’est joué d’avance, les mineurs ont déjà gagné. Le retour à la vie, l’admiration d’une planète, et la chance de tout recommencer…