BERLIN (AFP) - Meilleur buteur du dernier Mondial et à deux buts du record de Gerd Müller, Ronaldo, empêtré dans de nombreuses polémiques avant le début de la Coupe du monde de soccer, a livré mardi contre la Croatie (1-0) une prestation catastrophique qui lui a valu son remplacement, sifflets, huées et quolibets.

"J'ai joué trois fois contre Ronaldo, et cette fois défendre contre lui a été facile", a affirmé Robert Kovac, le défenseur croate, à sa sortie du match.

Le seul dribble réussi par Ronaldo mardi soir a en effet été le crochet qui lui a permis d'éviter la zone mixte où l'attendaient 500 journalistes avides d'avoir son avis et ses justifications pour sa performance transparente.

Si Ronaldo n'a pas été le seul à manquer son match, Adriano n'ayant pas non plus brillé, il cristallise sur lui toutes les attentions en raison de son palmarès, son glorieux passé et son avenir incertain, mais aussi et surtout en raison de son embonpoint mal accepté, ses sorties nocturnes et autres menus problèmes (ampoules, presse rose....).

Il est vrai que Ronaldo a été particulièrement statique mardi, et forcément tout le monde s'est interrogé sur son poids et son ventre. Perspicace, le Berliner Zeitung a même remarqué que lors de l'entrée des joueurs sur le terrain tenant chacun un enfant par la main, Ronaldo avait hérité du plus joufflu des têtes blondes...

"Joueur important"

Au sein de la délégation brésilienne, l'analyse est différente: Ronaldo n'est pas gros et manque simplement d'un rythme qu'il va progressivement retrouver pour redevenir "Il Fenomeno".

Blessé avant le Mondial, Ronaldo "n'a pas joué depuis deux mois, il va atteindre son niveau de forme optimal durant le tournoi, j'en suis persuadé. Il va commencer le match contre l'Australie, c'est un joueur important qui a besoin de disputer des matches", promet le sélectionneur Carlos Alberto Parreira.

"Ronaldo n'est pas gros. Combien de fois doit-on le dire? Il n'est pas à 100%. Il lui manque encore un peu de mobilité", poursuit Kaka.

La délégation brésilienne n'a pas la mémoire courte: elle sait que le métabolisme de Ronaldo a changé depuis deux ou trois ans et que, malgré tout, la star n'a pas perdu de son efficacité en club. On se rappelle aussi que Ronaldo a offert au Brésil le titre mondial en 2002 et qu'il a porté le Brésil à bout de bras en 1998.

Pour l'heure, il conserve la confiance de tous. La Seleçao peut, il est vrai, se permettre d'être patiente, elle a passé l'obstacle Croatie et avec l'Australie et le Japon comme prochains adversaires, un boulevard s'offre à elle vers les 8e de finale.

En 1982, un autre avant-centre manquant de rythme n'avait pas marqué pendant toute le phase de poules: Paolo Rossi. Il avait ensuite terminé meilleur buteur et conduit l'Italie au titre avec, au passage, un triplé historique contre... le Brésil.