Quelque 80 millions de dollars ont été bloqués sur 13 comptes bancaires par la justice suisse, dans le cadre de la demande d'entraide judiciaire américaine sur le scandale de corruption autour de la FIFA, a précisé mercredi l'Office fédéral de la justice (OFJ) à Berne dans un communiqué.

Le 17 décembre, l'OFJ avait déjà indiqué que les fonds bloqués se situaient entre 50 et 100 millions de francs suisses (le même montant en dollars, soit environ entre 46 et 92 millions d'euros).

Dans ce communiqué de mercredi, l'OFJ précise également avoir transmis aux États-Unis les documents bancaires réclamés par la justice américaine dans le cadre de ses investigations autour de la FIFA, la Fédération internationale de football. 

« L'OFJ vient de communiquer aux autorités américaines les premiers moyens de preuve qu'elles réclament pour leur procédure pénale contre des hauts fonctionnaires de la FIFA », a indiqué le communiqué.

Concrètement il s'agit de documents sur des comptes bancaires en Suisse sur lesquels auraient transité des dessous-de-table et pots-de-vin pour l'octroi de droits de marketings sur des tournois organisés en Amérique Latine et aux États-Unis.

L'OFJ fait par ailleurs le point sur les neuf fonctionnaires de la FIFA arrêtés à Zurich les 27 mai et 3 décembre dernier, à la demande de la justice américaine.

Quatre de ces neuf fonctionnaires avaient consenti à être extradés aux États-Unis. Il s'agit de Jeffrey Webb (Iles Caïman), ancien vice-président de la FIFA, du Brésilien Jose Maria Marin, ancien président de la Fédération brésilienne, de le Paraguayen Juan Angel Napout, ex-président de la Conmebol (la Confédération d'Amérique du Sud), et de l'ancien président de la Fédération costaricienne de football, Eduardo Li, remis respectivement aux autorités américaines les 15 juillet, 2 novembre, 15 décembre et 18 décembre.

L'Uruguayen Eugenio Figueredo, a lui été remis le 24 décembre aux autorités de son pays.

Il reste quatre personnes encore en prison en Suisse, qui continuent à s'opposer à leur extradition : le Nicaraguayen Julio Rocha, ex-responsable du développement de la FIFA et ancien président de la Fédération du Nicaragua, le Britannique Costas Takkas, ancien collaborateur de Jeffrey Webb et ancien secrétaire général de la Fédération des îles Caïmans, le Vénézuélien Rafael Esquivel, ex-membre du comité exécutif de la Conmebol et ex-président de la Fédération du Venezuela, et le Hondurien Alfredo Hawit, membre du Comité exécutif de la FIFA.

Vieux dossier de 2010

L'OFJ a également précisé que les États-Unis s'intéressent désormais aussi à un vieux dossier de la FIFA, celui des pots de vins versés par des responsables de la société de marketing ISL-ISMM, classé en 2010.

Les États-Unis ont demandé que ce dossier leur soit transmis, et l'OFJ a accepté que des fonctionnaires américains viennent en Suisse pour assister aux opérations de sélection de ces dossiers, conservés dans le canton de Zoug (centre de la Suisse).

Ces dossiers, équivalent à une cinquantaine de gros classeurs, « sont actuellement examinés par l'OFJ, y compris au plan de leur utilité pour la procédure américaine », indique le communiqué de l'OFJ.

Le 11 mai 2010, le Ministère public du canton de Zoug avait rendu une ordonnance de classement dans cette affaire de gestion déloyale visant la FIFA et les Brésiliens Ricardo Terra Texeira et Joao Havelange.

Les deux hommes avaient touché de juteuses rétro-commissions d'ISL-ISMM en échange de contrats passés pour la Coupe du Monde. Ils n'avaient cependant pas été poursuivis car au moment des faits la loi suisse n'interdisait pas de tels versements.

Joao Havelange a présidé la FIFA jusqu'en 1998 et Ricardo Texeira la puissante fédération brésilienne de football jusqu'en 2012.