LISBONNE (AFP) - L'Allemagne éliminée au premier tour de l'Euro-2004 de soccer, son sélectionneur Rudi Voeller a annoncé jeudi sa démission et, consentants ou pas, ses collègues Giovanni Trapattoni (Italie) et Inaki Saez (Espagne), devraient eux-aussi vite payer le prix de la défaite.

Tous connaissent la loi du milieu: un bon entraîneur est un entraîneur qui gagne.

C'est ainsi que, pour leur part, les patrons d'équipes triomphantes, le Tchèque Karel Brueckner ou Otto Rehhagel, le patron allemand de la Grèce, par exemple, sont, eux, portés aux nues.

Voeller, à qui sa Fédération avait renouvelé sa confiance, a préféré assumer l'échec de son équipe, éliminée à l'issue du premier tour. A l'en croire, l'ultime, et fatale, humiliation subie jeudi par la Mannschaft, battue 2-1 par les réservistes de la sélection tchèque, n'a pas été déterminante.

"J'avais déjà cette idée derrière la tête avant", a-t-il affirmé. Comme s'il n'était plus prêt à affronter l'énorme pression dont va hériter son successeur: le prochain Mondial, en 2006, est organisé en Allemagne. Une débâcle des locaux y serait tragique.

Billot

Symbole de la grandeur comme des misères auxquelles sont exposés les sélectionneurs, parmi les noms qui circulent pour lui succéder figure celui d'Otto Rehhagel porté au pinacle par les médias grecs depuis que son équipe s'est qualifiée pour les quarts de finale.

Pour l'Espagnol Inaki Saez, mêmes causes - l'Espagne n'a pas passé le premier tour de l'Euro portugais - et vraisemblablement mêmes effets. Jeudi la presse de Madrid affirmait qu'il avait remis sa démission à sa fédération et que celle-ci l'accepterait. Lui-aussi est, ou était, sous contrat jusqu'en 2006.

Giovanni Trapattoni, sélectionneur d'une équipe d'Italie déjà rentrée au pays et qui regardera les quarts de finale à la télévision, ne se fait pas non plus d'illusions. Il ne démissionnera pas, question de principe, mais n'en aura nul besoin. Il est en fin de contrat et bien peu prédisent sa reconduction.

Le Brésilien Luiz Felipe Scolari, entraîneur du Portugal, pays organisateur de l'Euro-2004, avait déjà la tête sur le billot après la défaite (2-1) des locaux en match d'ouverture le 12 juin face à la Grèce. Il s'était préparé à l'exécution, a-t-il avoué après en avoir réchappé.

Revanche

Car le Portugal s'est ressaisi et s'est qualifié. Oubliées les critiques. Les journalistes de la presse lisboète lui ont même remis symboliquement, pour se faire pardonner, un maillot de la Selecçao dédicacé de leurs plumes. Soudain moins acérées.

Autre rescapé, le Néerlandais Dick Advocaat. Après la défaite (3-2) de son équipe contre la République tchèque samedi dernier, presse et public lui avaient reproché un "coaching" aberrant et coupable. La qualification, même in extremis, des Pays-Bas a ramené le silence dans les rangs.

"Je suis soulagé, a-t-il admis. Le plus important, c'était de rester ensemble, de former un groupe. La façon de célébrer notre qualification après le match, tous ensemble, m'a plu. C'était bien après les critiques".

Douce revanche. Mais jusqu'à quand?

Parmi les sélectionneurs présents à l'Euro portugais, un au moins s'est d'ores et déjà placé au-dessus des contingences du métier. Le Français Jacques Santini, dont le contrat à la tête des Bleus arrivait à échéance, a préféré ne pas se soumettre au verdict du résultat. Avant le tournoi, il a signé avec le club anglais de Tottenham.