LAUSANNE, Suisse - Sepp Blatter a été « imprudent » en versant deux millions $ à Michel Platini dans une transaction qui a fini par faire bannir les deux hommes du soccer mondial, a jugé le Tribunal arbitral du sport.

L'ancien président de la FIFA a aussi outrepassé le comité exécutif quand il a prolongé de quatre ans le régime de pension de Platini - ajoutant illégalement plus d'un million $ au fonds de retraite de l'ancien président de l'UEFA.

Les détails de l'audience du mois d'août ont été révélés dans un verdict de 68 pages, récemment publié, où les juges du TAS expliquent pourquoi ils ont rejeté l'appel de Blatter, qui voulait faire annuler le bannissement de six ans imposé en décembre.

En tant que membre du comité exécutif depuis 2002, Platini devait recevoir une pension de trois pour cent de son allocation finale de la FIFA - 300 000 $ en 2015, au moment de la première sanction - pour chaque année de service.

Ce serait payé annuellement pour le nombre correspondant d'années.

En soutenant unilatéralement la demande de Platini de faire débuter le plan en 1998, Blatter a créé illégalement, pour son ancien protégé, un fonds de pension de 2,6 M $ en 2015 plutôt que de 1,52 M $, ont noté les juges.

« Le crédit accordé à M. Platini revenait donc, et de façon certaine, à un cadeau auquel il n'avait pas droit », ont dit les trois juges, concluant qu'une sentence de six ans hors de la FIFA pour Blatter, qui a maintenant 81 ans, n'est « pas disproportionnée, et qu'elle est en fait raisonnable et équitable. »

« Les standards de conduite éthique de la FIFA devraient, en soi et dans la façon dont ils sont perçus, être appliqués au président de la FIFA aussi rigoureusement sinon plus qu'à toute autre personne », écrit le comité.

On a conclu qu'il n'y avait ni entente verbale ni contrat valide pour que Platini recoive du salaire antidaté en 2011 pour du travail comme conseiller présidentiel de Blatter, de 1998 à 2002.

Les officiels du soccer ont dit avoir convenu que Platini devrait obtenir un million de francs suisses annuellement, mais ils ont plus tard signé un contrat de 300 000 francs suisses, pour ne pas qu'il empoche plus que le secrétaire général de la FIFA de l'époque.

En 2010, Platini a demandé deux millions de francs suisses $ (et non 2,8 M $ de francs suisses, comme on lui devait prétendument, a noté le TAS), quand il a appris l'existence de parachutes dorés accordés à M. Urs Linsi et M. Jérôme Champagne, d'anciens haut gradés de la FIFA.

« (Platini) est allé voir ou bien le secrétaire général ou le directeur financier de la FIFA pour dire 'vous savez que la FIFA me doit de l'argent' », lit-on dans le jugement.

En facilitant la sortie de Champagne, qui avait la confiance de Blatter comme directeur des relations internationales, Platini a sans le vouloir fourni à l'ancien diplomate français une séparation dans les sept chiffres, en lien à son départ en janvier 2010.

Le jugement statue que Blatter a témoigné qu'il se souvenait d'une entente verbale avec Platini, mais qu'il avait « oublié l'existence d'un contrat écrit (en 1999). »

« Dans ce dossier comme président de la FIFA, le comité considère la conduite de M. Blatter imprudente, ou à tout le moins profondément insouciante, car il a approuvé un paiement sans vérifier le contrat écrit, sans demander à ses employés de le faire ou de faire toute autre vérification », ont dit les juges.

Blatter n'a pas été formellement accusé par le procureur général de la Suisse. Les autorités américaines se penchent sur son cas dans une enquête fédérale sur de la corruption qui impliquerait des officiels de la FIFA.

Un comité différent du TAS a réduit de six à quatre ans la sanction de Platini. Ancien capitaine des Bleus, il s'est vu écarté de la présidence de l'UEFA et aussi de la course visant à remplacer Blatter, en février 2016.