Diego Maradona, joueur d'exception mais plus difficile comme entraîneur
Soccer mercredi, 25 nov. 2020. 12:38 vendredi, 13 déc. 2024. 17:57Diego Maradona, mort mercredi à l'âge de 60 ans, a été un entraîneur aussi médiocre qu'il fut un joueur époustouflant, contrairement à d'autres grands noms du football qui ont réussi leur reconversion.
Johan Cruyff a réinventé le jeu du FC Barcelone depuis le banc après l'avoir réinventé sur le terrain. Franz Beckenbauer, Mario Zagallo et Didier Deschamps ont été champions du monde dans les deux rôles. Maradona... n'a jamais rien gagné comme entraîneur, si ce n'est des sanctions pour mauvais comportement.
En octobre 2008, l'arrivée à la tête de l'équipe d'Argentine de l'idole absolue du foot national électrise pourtant le pays, qui rêve de conquérir en Afrique du Sud une troisième Coupe du monde.
Les supporters espèrent que le court CV d'entraîneur du « Diez », avec deux éphémères passages sur les bancs de clubs argentins, sera compensé par son aura, intacte, et son charisme.
Mais le chemin de la qualification pour le Mondial s'avère semé d'embûches pour l'Albiceleste, malgré une génération pétrie de talent: Messi, Agüero, Tévez, Mascherano, Zanetti...
L'Albiceleste finit quatrième sur dix des qualifications sud-américaines à l'issue d'une campagne qui l'aura vu subir, en Bolivie, la pire défaite de son histoire (6-1).
Et à mesure que la Coupe du monde approche, le pays s'inquiète de plus en plus des choix erratiques de son sélectionneur, qui n'a jamais dégagé de onze-type.
Surtout quand il choisit d'écarter Javier Zanetti et Esteban Cambiasso, pourtant au sommet de leur art et tout juste vainqueurs de la Ligue des champions avec l'Inter Milan, du voyage en Afrique du Sud, au profit de joueurs méconnus du championnat argentin.
L'aventure s'arrête en quarts de finale avec une déculottée contre l'Allemagne (4-0). Maradona, limogé dans la foulée, aura convoqué 108 joueurs en deux ans !
Fiascos et altercations
Outre l'Argentine, Maradona a dirigé six clubs.
Sa première expérience arrive en 1994, alors qu'il n'a pas encore raccroché les crampons mais est frappé d'une suspension après son contrôle antidopage positif au Mondial-1994. Mandiyu, petit club du nord-est de l'Argentine en difficulté financière, joue son va-tout et tente le pari fou d'aller chercher Maradona comme entraîneur et l'international argentin Sergio Goycochea comme gardien.
À lire également
Le fiasco est total, avec une seule victoire en 12 rencontres. Le club finit la saison relégué en deuxième division et disparaît, criblé de dettes, quelques mois plus tard.
Son passage en 1995 sur le banc de Racing, grand club historique du foot argentin, est tout aussi chaotique. En à peine 11 matches (dont 2 victoires), Maradona fait des doigts d'honneur à des supporters adverses, est exclu pour avoir jeté de l'eau sur un arbitre, et... manque plusieurs rencontres.
Ses piges aux Emirats arabes unis, après son échec avec l'Albiceleste, se suivent et se ressemblent. À Al Wasl, il est sanctionné pour une altercation avec un entraîneur adverse, puis renvoyé au bout d'un an pour mauvais résultats. A Al-Fujaïrah, en deuxième division émiratie, il reste moins d'un an, échouant à décrocher la promotion dans l'élite.
Seule réussite de sa carrière, son passage aux Dorados de Sinaloa, en deuxième division mexicaine, où il reprend une équipe là encore en perdition et l'amène deux fois en finale du championnat... insuffisant pour décrocher l'unique promotion.
En 2019, un nouveau club argentin en difficulté, Gimnasia, l'appelle au secours. Reçu par un stade plein pour sa présentation comme entraîneur, il démissionne en milieu de saison, puis revient. L'aura de Maradona est toujours intacte. Son talent d'entraîneur, désespérément absent.