LONDRES, Royaume-Uni - L'affable et poli Gareth Southgate, jusque-là intérimaire, a été confirmé mercredi au poste de sélectionneur de l'Angleterre pour quatre ans, et devra apporter résultats et stabilité à une équipe qui enchaîne scandales et contre-performances.

« Nous sommes ravis de confirmer Gareth en tant que sélectionneur. C'est évidemment quelqu'un que nous connaissons bien, qui comprend le football international et l'importance du développement » des jeunes joueurs, a déclaré le président de la Fédération anglaise (FA), Greg Clarke, dans un communiqué.

Southgate, 46 ans, occupait le poste de sélectionneur des moins de 21 ans anglais quand il a été appelé en urgence pour pallier le départ de Sam Allardyce, renvoyé en septembre sur fond de scandale. Il avait été piégé par des journalistes en train d'affirmer qu'il était aisé de contourner certaines règles sur les transferts.

Southgate « nous a impressionnés pendant les entretiens. Gareth est un superbe ambassadeur pour tout ce qui importe à la FA, c'est un superbe tacticien et un leader », a poursuivi Greg Clarke.

Car aux yeux de la FA, très critiqué après coup pour le choix d'Allardyce, l'impeccable Southgate est au-dessus de tout soupçon. Il rassure joueurs et dirigeants.

À la tête de la sélection pendant quatre matches, Southgate, avec sa gentillesse et ses belles manières, a parfaitement réussi dans son rôle de pompier de service. Après une victoire poussive contre Malte (2-0), l'ancien international est allé chercher un match nul en Slovénie (0-0) avant d'obtenir une victoire convaincante contre l'Ecosse (3-0).

Dans la course aux qualifications pour le Mondial 2018, l'Angleterre occupe seule la tête du groupe F.

Et son discours de calme capitaine dans la tempête a séduit: « Je crois que nous avons ramené de la stabilité dans l'équipe, à un moment où elle en manquait, pour pouvoir construire pour l'avenir », avait-il estimé après avoir frôlé une victoire de prestige face à l'Espagne, en amical (2-2).

Et en plus, plutôt que de jouer petit bras, Southgate a « essayé de construire » et « intégré des jeunes ». « Ma vision des choses, c'est de préparer chaque match en prenant des décisions pour le futur », avait-il dit après l'Écosse.

Situation pas brillante

Car il faut penser loin, tant le présent n'est pas brillant pour la sélection du pays qui a inventé le foot et a le championnat le plus puissant du monde.

Côté coulisses, c'est cauchemardesque. Dans le sillage de l'Euro 2016 (élimination par la petite Islande en 8e), la FA avait nommé Allardyce pour renflouer l'épave. Il ne sera resté que 67 jours en poste.

Mi-novembre, c'est cette fois l'emblématique capitaine Wayne Rooney qui a été photographié apparemment ivre à une soirée de mariage lors d'un rassemblement de l'équipe d'Angleterre.

Par ailleurs, le football anglais est bousculé par un scandale de pédophilie, la "pire crise" que la FA ait connue selon les mots de Greg Clarke mardi. Une vingtaine d'anciens joueurs professionnels ont révélé avoir été agressés sexuellement par l'un de leur ancien entraîneur.

Au-delà des enquêtes de police, la FA a ouvert une enquête pour essayer d'évaluer l'ampleur du phénomène. Mais les victimes pourraient se compter par centaines...

Côté terrain, depuis sa demi-finale de l'Euro-1996 perdue à Wembley après un tir au but raté de... Southgate, l'Angleterre n'a passé un premier tour en grande compétition qu'à deux reprises. Et elle n'en a jamais passé deux.

À l'Euro, elle n'est pas sortie des groupes en 2000 et ne s'est pas qualifiée en 2008. La sortie piteuse face à l'Islande en juin en France n'est donc même pas la pire humiliation sportive...

En Coupe du monde, le bilan est à peine meilleur: les Anglais ont tout de même passé un tour en 2002 et 2006. Mais la dernière édition a été la pire avec aucune victoire en 2014.

Southgate pourra-t-il sortir la sélection du marasme? « Je pense que le potentiel est énorme », a-t-il en tout cas jugé. « Je suis déterminé à donner à tout le pays une équipe dont il puisse être fier et qu'il apprécie de regarder jouer. »