SANTIAGO, Chili - La plus récente édition de la Copa America s'est conclue, samedi, avec le Chili célébrant un triomphe attendu depuis longtemps, alors que l'Argentine se demandait pendant combien de temps encore durera sa disette.

Ce fut une fin de tournoi décevante pour Lionel Messi et ses coéquipiers, qui n'ont rien gagné en 22 ans. Mais ce fut une victoire historique pour une nation qui avait désespérément besoin de raisons pour se réjouir, après avoir été trop souvent habituée à devoir se relever d'événements tragiques.

Après avoir dû endurer des sécheresses dans le sud du pays, des inondations dans le nord, un tremblement de terre et deux éruptions volcaniques cette année, le pays de 17 millions de citoyens a pu célébrer une conclusion parfaite à un tournoi émotif.

Le Chili a vaincu l'Argentine 4-1 aux tirs de pénalité lors de la finale du grand tournoi d'Amérique du Sud, gagnant enfin un titre après des décennies de déceptions.

« Nous avons toujours été frappés par des tragédies, a rappelé le défenseur Jorge Rojas. Nous méritions de vivre un moment de bonheur. »

La nation entière s'est rangée derrière « La Roja » dès le départ, et la victoire acquise au « Estadio Nacional » - sous les yeux de la présidente Michelle Bachelet - a aidé le peuple à oublier les récents désastres naturels. La liste inclut un dévastateur séisme accompagné d'un tsunami, en 2010, qui a tué plus de 500 personnes et détruit près de 220 000 résidences.

« Dans le vestiaire, nous ne pensions qu'aux membres de nos familles, nos enfants, aux gens qui ont souffert au Chili à cause du tremblement de terre et de plusieurs autres choses, a raconté le défenseur chilien Mauricio Isla.

« C'est pourquoi nous avons joué avec coeur. Nous avons prouvé qu'avec du coeur, il est possible d'accomplir n'importe quoi. »

Des milliers d'amateurs ont envahi les rues de Santiago, la capitale, pour célébrer le triomphe. Peu de temps après la fin du match, les joueurs ont été accueillis par Bachelet au Palais présidentiel.

« Ce pays mérite un tel moment à cause de tout ce qu'il a d traverser », a renchéri l'entraîneur du Chili, Jorge Sampaoli, un Argentin.

Pour les Chiliens, la Copa America avait des allures de Coupe du monde. La sélection nationale a amorcé la compétition parmi les favorites, en raison de l'appui du public dont elle bénéficierait mais aussi parce qu'elle comptait sur l'un de ses meilleurs groupes de joueurs. Les amateurs ont suivi de près les exploits de leur équipe pendant le tournoi, ont assisté aux séances d'entraînement et quittant leur domicile pour accueillir les joueurs avant les matchs.

Avant leur triomphe de samedi, le Chili s'était incliné en quatre occasions en finale de la Copa America incluant devant ses compatriotes, en 1955. L'an dernier, à la Coupe du monde, le pays a atteint la ronde des huitièmes de finale mais a perdu contre le Brésil, aux tirs de pénalité.

De son côté, l'Argentine a baissé pavillon face à l'Allemagne en finale de la Coupe du monde de 2014, et cette nouvelle édition de la Copa America procurait à Messi et ses talentueux coéquipiers une autre opportunité de mettre fin à la léthargie du pays. Mais une fois de plus, Messi n'est pas parvenu à livrer une performance comme celle qu'il a l'habitude d'offrir dans l'uniforme du FC Barcelone, et sa séquence de tournois sans victoire avec l'équipe nationale se poursuit.

La finale de samedi a été présentée exactement 22 ans après le dernier triomphe de l'Argentine, lors de la Copa America de 1993. Depuis ce jour, l'Argentine a échoué lors de sept éditions de la Copa America, et six autres de la Coupe du monde. Messi a participé à cinq de ces tournois.

« Nous allons continuer d'essayer », a déclaré l'entraîneur-chef de l'Argentine, Gerardo Martino.