Le président et quatre membres de la fédération afghane de football (AFF) ont été provisoirement suspendus de leurs fonctions à la suite d'allégations de violences sexuelles contre des joueuses de l'équipe nationale, a-t-on appris dimanche de source judiciaire.

« Afin de pouvoir mener une enquête approfondie, recueillir des preuves et assurer la justice », l'équipe des procureurs chargés de l'enquête « a décidé de suspendre le président de l'AFF, son adjoint, le secrétaire général, l'entraîneur des gardiens de but et le coordinateur provincial », a indiqué à l'AFP le porte-parole du procureur général, Jamshid Rasuli.

Ces cinq membres de l'AFF sont « des hommes » a ajouté M. Rasuli, refusant de préciser à ce stade si ils sont soupçonnés d'avoir commis des violences sexuelles.

Le porte-parole de l'AFF a indiqué que « la fédération est pleinement disposée à coopérer avec la justice ».

Après les allégations révélées début décembre dans un article du Guardian, l'AFF avait dans un premier temps balayé ces « fausses histoires ». « Aucun abus sexuel n'a été commis sur aucune fille de l'équipe nationale », avait assuré le secrétaire-général lors d'un point presse.

Le président afghan Ashraf Ghani s'était lui dit « choqué » par les révélations faites au quotidien britannique par une ex-capitaine de l'équipe qui a fui le pays en 2016 à la suite de menaces de mort.

La footballeuse Khalida Popal avait déclaré avoir recueilli auprès de ses anciennes coéquipières des témoignages de violences sexuelles, de menaces de mort et de viols qui se seraient déroulés notamment dans les locaux de l'AFF ainsi que lors d'un rassemblement en février en Jordanie.

Après ces révélations, la Fédération internationale de football (Fifa) avait indiqué « examiner » ces allégations. Et l'équipementier danois Hummel a suspendu son partenariat.

Dans un message sur Twitter, Khalida Popal a salué une « preuve de l'unité ». « Si nous tenons bon tous ensemble et devenons la 'voix des sans voix' personne n'osera plus s'attaquer à des innocentes ».

De nombreuses voix d'activistes de défense des droits des femmes s'étaient émues des violences sexuelles à l'égard des joueuses qui représentent le pays. 

Après la chute des talibans, le sport féminin avait été promu symbole d'un nouvel Afghanistan plus moderne et plus libéral. Un championnat national de football féminin avait été lancé il y a quatre ans, mais faute de financement il avait dû être annulé en 2017.

Etre joueuse de football représente un risque dans un pays où la menace talibane est omniprésente. Et élever sa voix contre les atteintes sexuelles est tabou dans un Afghanistan patriarcal.