Pour son grand retour sur le terrain moins de deux mois après le crash aérien qui a fait 71 victimes, l'équipe brésilienne de Chapecoense a mis du baume au cœur de ses partisans en tenant en échec le champion national Palmeiras 2-2.

La Chape a fait bonne figure, mais le résultat de ce match amical, joué samedi à l'Arena Conda de Chapeco (Sud), reste très anecdotique.

Le grand moment d'émotion de la journée a eu lieu environ une heure avant le coup d'envoi, lors de la remise du trophée de la Copa Sudamericana aux trois joueurs survivants du drame.

Le gardien Jackson Follman, dont une partie de la jambe droite a été amputée, est arrivé sur la pelouse en fauteuil roulant, aux côtés du défenseur Neto et le latéral Alan Ruschel, déclenchant un tonnerre d'applaudissements.

Tout le stade Arena Conda était debout et le public chantait à pleins poumons « les champions sont de retour » et « Vamos, Vamos Chape », le cri de guerre des partisans de ce petit club du sud du Brésil.

« Tous champions »

Autre moment poignant: l'entrée sur le terrain des épouses des joueurs, encadrées par une haie d'honneur d'enfants du club.

ChapecoenseChacune d'elles a reçu la médaille attribuée à leurs maris. La plupart pleuraient à chaudes larmes et recevaient de longues accolades sur le podium au moment où les dirigeants leur passaient les médailles autour du cou.

Ensuite, elles ont rejoint les trois survivants pour un tour d'honneur, mais certaines d'entre elles avaient du mal à marcher, écrasées sous le poids de l'émotion.

C'est en se rendant en Colombie pour disputer la finale aller de la Copa Sudamericana que le rêve de cette modeste équipe, qui faisait sensation, s'est brisé net, ainsi que celui de toute une ville du sud du Brésil, le 28 novembre dernier.

À la demande de l'Atletico National, l'autre finaliste, la Chape a été désignée championne par la Confédération sud-américaine (Conmebol).

Samedi, dans le stade, un groupe de amateurs a déployé une banderole avec le message : « Tous champions, du magasinier au président ».

Moins de 15 000 des 20 000 places disponibles ont trouvé preneur, sans doute en raison du prix élevé, 80 reais (environ 25 dollars) pour le tarif le moins cher.

La moitié du profit des ventes de billets sera reversée aux familles des victimes et l'autre servira à la reconstruction du club.

Solidarité et abnégation

Le coup d'envoi a été donné à 16 h 45 locales après les hymnes du Brésil et de l'État de Santa Catarina joués à l'accordéon, clins d'oeil à la culture de cette ville de 210 000 habitants très attachée aux valeurs du terroir.

L'enthousiasme des amateurs a été quelque peu douché par l'ouverture du score de Palmeiras sur une frappe molle de Raphael Veiga, qui a profité du temps de réaction un peu long d’Arthur Moraes, ancien gardien de Benfica (11e).

Même si l'équipe a été reconstruite de toutes pièces, la Chape a fait preuve de sa capacité de réaction quatre minutes plus tard, quand le défenseur Douglas Rolli a égalisé après un cafouillage dans la surface. Explosion de joie dans les tribunes.

Les partisans ont vibré à nouveau au retour des vestiaires, quand Amaral a donné l'avantage à Chapecoense sur un joli but de la tête dès la première minute de la seconde période.

Ironie du sort, Amaral a justement été prêté par Palmeiras pour contribuer à la reconstruction de la modeste équipe du sud du Brésil.

À la 71e minute de jeu, le match a été interrompu pour une salve d'applaudissements en honneur des 71 victimes du crash. Le stade s'est levé à l'unisson et beaucoup d'amateurs avaient les larmes aux yeux en tapant dans les mains.

Vitinho a égalisé pour Palmeiras (78e) d'une splendide frappe en pleine lucarne, mais le public n'a pas manquer de saluer la belle performance des siens.

Même si ces joueurs de la nouvelle Chape n'avaient jamais évolué ensemble, l'équipe a montré une belle cohésion et des valeurs de solidarité et d'abnégation ancrées depuis l'épopée de leurs prédécesseurs, faisant honneur au maillot vert, plus que jamais symbole de l'espérance.