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RÉSULTATS

Le projet de la Super Ligue : trois divisions et 64 équipes

Des écussons de divers grands clubs de soccer européens. Des écussons de divers grands clubs de soccer européens. - Getty
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LAUSANNE, Suisse - Le nouveau projet de Super Ligue présenté jeudi pour concurrencer la Ligue des champions de l'UEFA se composerait de 64 équipes chez les hommes, réparties sur trois divisions, et de 32 équipes chez les femmes engagées sur deux divisions.

Pour la première année, les 64 équipes seraient recrutées « sur les performances », a dit le promoteur A22 Sports sans préciser ces critères ni le nombre de clubs envisagés par pays.

Star League

L'élite, baptisée Star League, regrouperait 16 clubs répartis en deux groupes de huit, chaque équipe disputant 14 matchs, sept à domicile et sept à l'extérieur, de septembre à avril.

Les quatre premiers de chaque groupe entreraient alors dans une phase à élimination directe à partir des quarts de finale, les deux derniers seraient relégués dans la division inférieure, appelée Gold League.

La finale se jouerait en un match sur terrain neutre.

Gold League

Le système est le même pour la deuxième division de la compétition proposée par A22 Sports, avec deux groupes de huit équipes et des éliminatoires.

Les deux finalistes monteraient en Star League et les deux derniers descendraient en troisième division, la Blue League.

Blue League

Le système est reproduit mais avec quatre groupes de huit au lieu de deux. Les deux premiers de chaque groupe rejoindraient les quarts de finale et les cinq derniers seraient exclus de la compétition puis remplacés par vingt nouveaux clubs.

L'accès à la Blue League se ferait par les championnats nationaux, mais A22 n'a pas précisé de quelle manière ni expliqué quels pays parmi les 55 membres de l'UEFA seraient exclus du système.

Compétitions féminines

Les tournois féminins seraient bâtis sur le même modèle, mais avec seulement 32 équipes en deux divisions de 16, la Star et la Gold League.

Revers en justice pour l'UEFA, mais la Super Ligue est encore loin
            
La justice européenne a désavoué jeudi l'UEFA en estimant que ses règles de 2021 visant à empêcher la Super Ligue, dissidente de la Ligue des champions, étaient contraires au droit mais l'émergence d'une compétition parallèle dans le football européen semble encore très hypothétique.

Pour la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), les règles de la Fifa et de l'UEFA « soumettant à leur autorisation préalable la création de tout projet de nouvelle compétition (...) et interdisant aux clubs et aux joueurs de participer à celle-ci, sous peine de sanctions » sont « illégales ».

Mais son arrêt ne valide pas pour autant la légalité de la Super Ligue, cette compétition privée lancée à l'époque par douze grands clubs, qui se heurte par ailleurs à la farouche opposition de nombreux fans du ballon rond. Elle offre toutefois une nouvelle ouverture aux promoteurs d'une sécession, malgré l'adoption par l'UEFA de nouvelles règles en 2022.

L'organisation A22, créée après l'échec du premier projet de Super Ligue, a salué « la fin du monopole de l'UEFA" et immédiatement proposé une nouvelle mouture très différente de la première compétition, puisque ne comportant "aucun membre permanent » et assortie d'un système de promotion-relégation et de solidarité financière.

Elle a évoqué « une nouvelle compétition européenne ouverte », avec 64 clubs répartis en trois ligues, promettant une diffusion gratuite sur une plateforme de streaming. Elle n'a cependant donné aucune précision ni sur le calendrier, ni sur le niveau d'approbation parmi les clubs européens.

Et pour cause: seuls le Real Madrid et le FC Barcelone ont affiché jeudi leur intention de continuer à défendre le projet.

La puissante Association européenne des clubs (ECA) a, elle, renouvelé son soutien à l'UEFA, assurant que le football européen était « plus uni que jamais contre les tentatives de quelques individus » de relancer des projets de tournois dissidents.

« Modèle égoïste et élitiste »

L'Atlético Madrid et Manchester United, favorables au projet initial, ont cette fois-ci clairement soutenu l'UEFA face au projet dissident.

« L'Allemagne, la France, l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne (à l'exception du Real Madrid et du FC Barcelone), etc... ne veulent pas de Super Ligue », a assuré dans un communiqué l'Atlético,

« J'espère qu'ils vont commencer leur fantastique compétition avec deux clubs, a ironisé le président de l'UEFA Aleksander Ceferin. Celui de la Fifa, Gianni Infantino, a relativisé la portée de la décision qui ne change rien ».

La CJUE, qui s'est prononcée sur les textes de la Fifa et de l'UEFA en vigueur au moment du lancement de cette procédure en 2021, estime en effet que les pouvoirs de ces deux instances n'étaient alors « encadrés par aucun critère assurant leur caractère transparent, objectif, non discriminatoire et proportionné ».

Mais l'UEFA estime avoir corrigé cette « lacune » dans l'intervalle, avec un nouveau règlement bien plus détaillé adopté en juin 2022. « Cet arrêt ne signifie pas une approbation ou une validation de la soi-disant +Super Ligue+ », a insisté l'organisation européenne.

La CJUE précise d'ailleurs que le projet de Super Ligue « ne doit pas pour autant être nécessairement autorisé », soulignant qu'elle ne se prononce pas sur ce projet spécifique.

« Ce n'est pas un arrêt Super Ligue, c'est un arrêt +règles de fonctionnement de l'UEFA+, résume Emmanuel Durand, avocat français spécialiste du droit du sport au cabinet DWF. Ce qui est critiqué ici, c'est que ces règles permettent à l'UEFA de s'opposer à l'entrée de tout concurrent sans justification », explique-t-il à l'AFP.

La ligue espagnole de football, LaLiga, a immédiatement rappelé sa vive opposition à tout projet dissident, dénonçant « un modèle égoïste et élitiste. »

« Tout ce qui n'est pas totalement ouvert, avec un accès direct seulement à travers les championnats nationaux, saison par saison, est un format fermé », a justifié l'instance sur X (ex-Twitter).

Real et Barça n'ont pas désarmé

L'association Football Supporters Europe estime que le projet « séparatiste (...) met en danger l'avenir du football européen", promettant que ses membres "continueront à se battre » pour l'empêcher.

En avril 2021, douze grands clubs avaient annoncé leur propre compétition privée, à l'énorme potentiel commercial, par une offensive lancée à minuit juste avant une vaste réforme de la Ligue des champions, frontalement concurrencée.

Attaquées par surprise, UEFA et Fifa avaient menacé de sanctions.

La communication désastreuse des mutins puis la forte opposition des supporters, en particulier en Angleterre, avaient incité plusieurs pays à envisager des mesures législatives, poussant neuf des clubs rebelles à jeter l'éponge. L'aventure dissidente avait capoté en moins de 48 heures.

Deux ans plus tard, seuls le Real Madrid et le FC Barcelone n'ont pas désarmé.

Le Barça a d'ailleurs salué la décision de la CJUE qui « ouvre la voie à une nouvelle compétition de football au plus haut niveau en Europe ».

Florentino Pérez, le président du Real, a estimé que « le football européen des clubs ne sera plus un monopole ».

Les frondeurs sont défendus par le cabinet d'avocats Dupont-Hissel, à l'origine du célèbre arrêt Bosman ayant consacré, en 1995, la liberté de circulation des joueurs au sein de l'UE et fait sauter les « quotas de nationalité ».