ROME (AFP) - Les amateurs italiens de soccer se sont réveillés mercredi encore sous le choc après l'élimination cauchemardesque de leur équipe au 1er tour de l'Euro-2004, mais, en dépit des circonstances, se voulaient lucides en blâmant en premier lieu leurs propres joueurs et sélectionneur.

Certes, l'Italie n'a perdu aucun de ses trois matches, et a même remporté le dernier, mardi soir à Guimaraes (Portugal) contre la Bulgarie (2-1), dans le temps additionnel (but de Cassano à la 90e+4). Et c'est le match nul 2-2, dans le même temps, de la Suède et du Danemark, à Porto, qui l'a envoyée en enfer.

Un score idéal pour les Nordiques qui, dans les bars, les stations de métro ou aux arrêts d'autobus, ne laissait évidemment pas de marbre les tifosi.

Malgré tout, dans leurs commentaires, la plupart d'entre eux préféraient mettre l'accent sur les insuffisances jugées criantes de la formation de Giovanni Trapattoni et notamment sur la pauvreté présumée de son jeu.

"Vous savez, les Suédois et les Danois ont sûrement trouvé un accord, mais ils ne sont pas responsables de notre élimination, résumait Silvio, 35 ans, charcutier dans un quartier de la banlieue de Rome. Nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-même pour ne pas avoir su battre la Suède en prenant un but stupide à cinq minutes de la fin."

Laura, une vendeuse de 26 ans, affirmait en revanche ne pas croire "à un accord entre Danois et Suédois". "Ils ont effectué un match spectaculaire, où il était difficile de calculer", estimait-elle, avant d'admettre que l'échec italien était "logique".

"Alibi"

Matteo, 32 ans, directeur d'une maison de production cinématographique, se faisait lui plus précis. Trapattoni, dont la démission est annoncée pour vendredi, est le "seul coupable". "Il a commis des erreurs en série, et n'a pas su donner une identité à cette équipe, proclamait-il. Il (Trapattoni) a lamentablement échoué sur tous les plans et doit s'en aller."

Giulietta, 22 ans, jeune étudiante en pharmacie, estimait elle que l'Italie "avait mis beaucoup moins de coeur que d'autres équipes". "La motivation (...), voilà ce qui a manqué à notre formation", tranchait-elle.

Même ton critique chez les techniciens et observateurs traditionnels. "Il faut regarder les chiffres. En deux tournois officiels, à deux ans d'intervalle, Mondial-2002 et Euro-2004, l'Italie n'a remporté que 2 matches, cela veut bien dire quelque chose", relevait le Polonais Zbigniew Boniek, ancien joueur de la Juventus Turin.

Italo Cucci, ancien directeur du journal Corriere dello sport et aujourd'hui consultant à la RAI, se montrait plus lapidaire: "Nous devons rentrer à la maison et nous taire".

"Le Danemark et la Suède ont réussi leur coup, c'est évident. Mais nous n'aurions jamais dû nous mettre dans une telle situation", commentait Marco Mazzocchi, présentateur populaire de l'émission quotidienne spéciale Euro de la 2e chaîne de la RAI.

Seul l'ancien ailier gauche des années 1970, Luigi Riva, vainqueur de l'Euro avec l'Italie en 1968 pointait surtout du doigt les adversaires nordiques de l'Italie: "Danois et Suédois nous ont tourné un très beau film au scénario parfait. Je m'aperçois que les fédérations étrangères n'ont pas de leçon à nous donner".