HAMELN (AFP) - Pour David Trezeguet et Thierry Henry, qui devraient débuter côte à côte en attaque contre le Togo vendredi dans un match décisif pour la qualification de l'équipe de France de soccer en 8e de finale du Mondial-2006, c'est le moment où jamais.

Le moment de prouver que leur association est viable, plus de huit ans après leurs débuts en sélection. Le moment aussi, pour les deuxième et troisième meilleurs buteurs de l'histoire des Bleus, soit Henry, 34 buts, et Trezeguet, 32 buts, de faire enfin la preuve qu'ils sont faits l'un pour l'autre.

En huit ans, les deux gamins de Monaco, débarqués chez les Bleus à l'approche du Mondial-98, ont effectué beaucoup de route en sélection: 80 capes pour le joueur d'Arsenal et 64 pour celui de la Juventus Turin.

Mais les faux jumeaux, aux styles de jeu si différents, n'ont débuté que 22 fois ensemble sous le maillot bleu (deux fois seulement sous l'ère Domenech) pour un butin finalement assez maigre: six buts de Trezeguet sur passe décisive de Henry (un sous l'ère Domenech) et un but de Henry sur service de Trezeguet, qui montre surtout que Trezeguet a plus besoin de Henry que l'inverse quand ils évoluent ensemble.

Des chiffres qui, ajoutés à la mue progressive de Thierry Henry d'ailier en véritable pointe, sous l'impulsion d'Arsène Wenger à Arsenal, et au fait que Trezeguet n'a jamais vraiment accédé au statut de cadre en équipe nationale ni à celui de vedette dans son propre pays, ont amené à s'interroger sur la complémentarité des deux joueurs.

En club, les deux joueurs évoluent d'ailleurs dans des schémas très différents: Trezeguet avec Del Piero ou Ibrahimovic à ses côtés et des milieux qui débordent à la Juve. Henry absolument seul devant avec cinq milieux à son service à Arsenal.

"Solitude"

"Je suis l'avant-centre type, je me sens plus à l'aise avec quelqu'un qui tourne autour de moi, admettait Trezeguet peu avant un France-Suisse (0-0) qu'il n'a pas joué. Mais si vous demandez à +Titi+ (comment il préfère jouer), il dira: +avec une pointe+, c'est son système en club".

Devant les micros, Thierry Henry n'a jamais voulu avouer sa préférence pour un ou deux attaquants. Tout juste s'est-il borné à dire après France-Suisse qu'il ne savait pas s'il pourrait "faire toute la Coupe du monde tout seul devant" et qu'il avait éprouvé "un sentiment de solitude" en attaque.

Pour Patrick Vieira, ajouter un attaquant supplémentaire aux côtés de son ancien coéquipier chez les Gunners ne le perturberait pas. "Si +Titi+ venait à jouer avec David (Trezeguet) ou avec quelqu'un d'autre, je ne pense pas que ça changerait quelque chose pour lui. Il se créerait quand même des occasions", disait-il mercredi.

Quelques jours après le match amical France-Chine (3-1) où Henry lui avait adressé une passe décisive mais où leur entente n'avait encore une fois pas vraiment convaincu, Trezeguet était pourtant formel: "On a les qualités pour s'adapter l'un à l'autre!".

"On essaie de le faire, concédait +Monsieur 50%+, avec ses 32 buts en 64 sélections. Il y a des choses qui marchent, d'autres qui marchent moins bien."

Vendredi contre le Togo, il faudrait faire en sorte que ça marche, pour les Bleus comme pour lui. Car des deux, c'est bien le meilleur buteur étranger de l'histoire de la Juventus -seulement 3 minutes de jeu au compteur lors de cette Coupe du monde- qui jouera le plus gros.