NEW MALDEN, Angleterre (AFP) - Le coeur de la communauté coréenne de Londres battait mardi dans un petit pub de New Malden, au sud-ouest de la capitale anglaise, pendant la demi-finale de Coupe du monde de soccer entre la surprenante Corée du Sud et les favoris allemands.

Au pub The Fountain (La Fontaine), dans ce quartier-dortoir souvent tourné en dérision, les tables en bois, côté jardin, en plein soleil, étaient couvertes de chopes de bière et de drapeaux coréens, et trois écrans géants avaient été installés. Une décision prise avant même ce Mondial historique pour la sélection coréenne.

Dès que l'hymne coréen, puis le commentaire du match, ont succédé à la musique, les cris "Korea, Korea" et les salves d'applaudissements ont encore plus attiré l'attention des habitants du quartier, peu habitués à une telle excitation.

"C'est vraiment génial", s'exclame Sujin Ok, une étudiante de 22 ans, installée devant la télévision une heure avant le coup d'envoi. "Ca nous est égal de savoir qui va gagner, nous aimons tellement le soccer, c'est le plus important pour nous".

New Malden est en fait au centre de la plus importante communauté coréenne d'Europe, de 8.000 à 10.000 âmes selon l'ambassade, soit un tiers de tous les Coréens installés en Grande-Bretagne.

A l'origine, l'ambassade de Corée s'était installée tout près de là, à Wimbledon. Quand d'autres Coréens ont débarqué, dans les années 80, certains travaillant pour des sociétés comme Samsung, ils ont trouvé le quartier d'autant plus à leur goût qu'il leur était impossible de s'installer plus près du centre de Londres, vu les tarifs immobiliers pratiqués.

Chiffre d'affaires en hausse

A New Malden, il y a aussi quelques millionnaires, comme Gianfranco Zola, le joueur de soccer italien de Chelsea. Il y a surtout une vingtaine de restaurants et huit supermarchés coréens, selon Young Chough, le président de la Société des résidents coréens (KRS).

Young Chough était en Corée il y a 10 jours. Il raconte que cette Coupe du monde a donné un énorme coup de fouet à son pays.

"On ne peut pas comparer le public ici et en Corée: c'est complètement fou là-bas, mais ça nous donne l'occasion de nous réunir. Nous sommes ensemble", confie-t-il.

Quant aux récentes décisions d'arbitrage qui auraient favorisé son pays, Young Chough préfère ne pas rentrer dans le débat: "C'est le soccer, il y a toujours des polémiques. Nous gagnons, alors nous en profitons".

"Je pense que les arbitres sont humains et peuvent faire des erreurs, mais cela n'a rien à voir avec la Corée", ajoute Sujin Ok, l'étudiante "accro" au soccer. Quant à une théorie du complot, "c'est stupide", assène-t-elle.

"Ils ne peuvent pas accepter qu'un pays asiatique gagne contre eux", acquiesce son ami, Hyeryoung Jung, 20 ans, entre deux gorgées de Guinness.

Ce sera l'une des très nombreuses pintes de bière vendues ce mois-ci par Pat Moroney, le gérant de The Fountain.

Depuis le début du mois de juin, les jours de matches, le chiffre d'affaires triple. Quant au pari sur la Corée du Sud, annoncé bien avant le début du Mondial, il n'en finit plus de produire des bénéfices: 250 Coréens étaient là pour regarder le premier match et plus de 700 samedi pour la victoire aux tirs au but contre l'Espagne. A suivre?