Des deux derniers quarts-de-finale, Espagne-Paraguay était celui qui semblait le plus déséquilibré, l’avantage étant assez net pour les champions d’Europe en titre. Mais encore une fois, durant une bonne partie du match, l’Espagne inquiète. Elle se heurte à un Paraguay joueur qui réussi lui aussi à la contenir malgré sa possession de balle dominante. Le ballon circule, voyage, mais l’Espagne est incapable de marquer. Pire, le match s’enlise tranquillement….

Torres, qui une fois de plus n’est pas en jambes et en inspiration, cède sa place à Fabregas. Et à l’heure de jeu tout bascule, le match pépère devient complètement fou! Piqué fait une faute gigantesque dans la surface de réparation. Il happe le bras de Cardozo, le menotte, le tire tant et si bien que le Paragayen se retrouve au sol. Penalty! Si l’Espagne avait besoin de ça pour se réveiller, la dose est forte. Cardozo lui-même, ayant remis son bras en place, prend le tir…que Casillas arrête avec brio.

Secouée, l’Espagne réagit enfin. Elle s’élance à l’autre bout du terrain et cette fois-ci c’est David Villa qui est retenu. L’arbitre guatémaltèque Carlos Batres n’hésite même pas l’ombre d’une seconde. Penalty! Saluons au passage le courage de cet arbitre qui n’hésite pas à sévir quand besoin est. Et besoin était. Alonso s’installe et marque le penalty! Mais l’arbitre n’en a pas fini avec ce match qui continue de surprendre. Le tir doit être repris, un joueur espagnol est entré trop tôt dans la surface de réparation. Et ce deuxième tir est arrêté par Villar qui commet ensuite une faute sur Fabregas, une faute qui aurait pu être sanctionnée elle aussi. Mais trois pénaltys en cinq minutes? On en restera là.

Les deux équipes ont eu la même peur, puis la même déception. Le reste du match n’est pas banal, pas plus que le but décisif de David Villa. Iniesta, en formidable créateur de jeu qu’il est, amène le ballon en territoire adverse, passe à Pedro qui touche le poteau. Le ballon revient sur Villa, qui touche le poteau à son tour. Le ballon rebondit d’un poteau à l’autre et finit par enter dans le but! Il reste 7 minutes dans le match. Et à la toute fin, le Paraguay passe à un poil de souris d’égaliser quand Santa Cruz frappe droit sur Casillas et que son ballon repoussé se retrouve sur le pied de Barrios. C’est celui (le pied!) de Casillas qui aura le dernier mot.

L’Espagne l’emporte donc devant un Paraguay qui est loin d’avoir mal paru. Mais l’Espagne continue de gagner en demi-teinte. Jusqu’à maintenant, elle s’en tire bien, mais ne joue pas de façon éclatante, de façon convaincante. Il lui faudra faire beaucoup plus que ça si elle veut remporter ses deux prochains matches. Le siège du favori n’est pas le plus confortable. Et on a plutôt l’impression qu’elle est présentement installée sur un lit de fakir. D’autant plus que son futur adversaire a maîtrisé son match quart-de-finale du début à la fin…

C’était annoncé comme un combat de titans. Une rencontre au sommet entre deux adversaires qui avaient déjà eu à en découdre quatre fois en Coupe du Monde, dont en 2006 à cette même phase de jeu. L’Allemagne l’avait emporté aux tirs au but. L’Argentine arrivait en n’ayant connu aucun frémissement dans le tournoi : trois victoires en match de groupe et une prestation convaincante contre le Mexique en huitième de finale. De son côté, l’Allemagne arrivait confiante, mais avec cette méfiance de celui qui a connu des revers…cette défaite 1–0 contre la Serbie, cette remontée injustement refusée de l’Angleterre qu’elle menait par deux buts.

Dès les premiers instants, on a senti que les Allemands avaient compris les signes du destin. Très organisés, disciplinés, cartésiens même dans leur approche du jeu, ils ont envahi le territoire adverse et ne l’ont quitté qu’avec un but en poche. À trois minutes de jeu. Müller, qui se révèle être l’un des piliers de cette équipe, marque son 4e but du tournoi. On a senti les Argentins ébranlés. Un peu comme le Brésil après le but qu’on avait injustement donné à Felipe Melo contre son camp alors que c’était Sneijder qui le méritait sur un coup franc bien cadré, effleuré cependant par Melo.

Dès lors, la solution ne semble pas apparente pour les hommes de Maradona. Pour marquer il faut monter sur le but adverse et ce n’est pas facile de le faire. Les Allemands défendent bien et le gardien Neuer prend le relais lorsqu’on le lui demande, sur Di Maria et Higuain entre autres, mais pas sur Messi qui n’arrive pas à briller à cette Coupe du Monde. Encore là, il doit descendre beaucoup trop bas pour aller chercher des ballons qui n’arrivent pas. La deuxième mi-temps marquera la dégringolade de l’Argentine. Un but de Klose qui arrive comme un coup au plexus. Et six minutes plus tard, le jab au menton avec le but de Friedrich. L’Argentine titube. Ce n’est plus une leçon mais une correction. Et Klose donne le KO juste avant que la cloche sonne. Allemagne 4, Argentine 0. On ne s’attendait pas à ça!

Pas de baisers cette fois-ci pour les hommes de Maradona. De mines déconfites, des regards ahuris, des joueurs qui se demandent encore ce qui s’est passé. Ou ce qui ne s’est pas passé. En fait c’est l’un et l’autre. L’Allemagne qui a entrepris une marche impériale sur le terrain, l’Argentine qui n’a pas su réagir devant l’avance de l’envahisseur. Maradona qui a fait le spectacle sur le banc de cette équipe survivra-t-il à la débâcle? Rien n’est moins certain.

On aura donc en demi-finale un match revanche de l’Euro 2008, une finale qui avait été remportée 1 à 0 par l’Espagne sur un but de Torres qui n’en a toujours aucun jusqu’ici. Six partants de l’Allemagne l’étaient pour ce match : Friedrich, Schwensteiger, Klose, Lahm, Mertesacker, Podolski et Jansen rentré en cours de match; huit pour l’Espagne : Casillas, Puyol, Iniesta, Xavi, Torres, Fabregas, Capdevila, Sergio Ramos et Alonso venu en remplacement. Tous se souviendront. Et espérons que ce futur match entrera aussi dans nos souvenirs.

Le billet pour la finale apparaît moins cher pour les Pays-Bas qui affronteront l’Uruguay qui aura eu besoin des tirs aux buts pour se débarrasser du Ghana. Avec des fiches disciplinaires vierges, les néerlandais seront certainement plus vifs sur le terrain, ce qui n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour l’équipe adverse. Le ciel bleu de la Céleste aura peut-être des couleurs de soleil couchant…