STUTTGART (AFP) - Le "Titan" Oliver Kahn, autrefois considéré comme l'un des meilleurs gardiens du monde, a tiré sa révérence samedi, à 37 ans, après 86 sélections en équipe d'Allemagne sur une ultime victoire face au Portugal (3-1) en match pour la troisième place du Mondial-2006 de soccer.

"C'était mon dernier match international aujourd'hui, ça a été une belle aventure mais il faut savoir s'arrêter", a déclaré Kahn, 37 ans, qui avait été remplaçant de Jens Lehmann pendant les six premiers matches du Mondial, et n'a disputé que ce match de classement.

Depuis 1994, le portier du Bayern Munich a collectionné les titres nationaux, glané quelques lauriers continentaux mais il lui a manqué le couronnement suprême, le titre de champion du monde sur son sol.

Au faîte de sa gloire en 2002 quand il fut désigné meilleur joueur du Mondial asiatique, une première pour un gardien, il a vu son étoile pâlir lentement après la nomination de Jürgen Klinsmann au poste de sélectionneur en juillet 2004.
La faute à son âge, à quelques erreurs, ou à sa conviction d'être indéboulonnable. La faute aussi à Jens Lehmann, plus jeune de quelques mois, et qui a su s'expatrier, à Arsenal, pour montrer l'étendue de son talent.

Barbare

Né le 15 juin 1969 à Karlsruhe, Kahn intègre la sélection lors du Mondial-94 en étant le troisième gardien de la Mannschaft éliminée en quart de finale.

Il fête sa première titularisation contre la Suisse en juin 1995. Mais, barré par Köpke, il reste remplaçant lors de l'Euro-96, où il est sacré champion d'Europe sans jouer, puis au Mondial-98.

En juin 2000, c'est la consécration. Il débute l'Euro comme titulaire et capitaine de l'équipe allemande. Mais l'expérience est de courte durée et l'Allemagne est éliminée au premier tour après une défaite (0-3) face à l'équipe B du Portugal.

Mais Kahn, qui a déjà remporté une Coupe de l'UEFA (1996), une Ligue des champions (2001) et trois titres de champions d'Allemagne, devient l'indiscutable N.1. Sa "grande gueule" - il n'hésite pas à hurler sur ses coéquipiers ou ses adversaires - et son coup d'oeil font de "Kahn le Barbare" un gardien craint et respecté. Il est élu trois fois meilleur gardien du monde (1999, 2001, 2002), et meilleur portier d'Europe de 1999 à 2002.

Le 30 juin 2002, l'Allemagne croit à l'apothéose. Mais Kahn se "troue" face à Ronaldo et la Nationalmannschaft est battue par le Brésil (0-2) en finale du Mondial. Il est toutefois désigné meilleur joueur du tournoi.

Sur le banc, Lehmann piaffe d'impatience et étale son mal-être dans les journaux début 2004. La "guerre des gardiens" est déclarée. Kahn, fort du soutien du sélectionneur Rudi Völler, reste intouchable malgré un nouveau faux-pas contre le Real Madrid en Ligue des champions.

Réserviste modèle

Mais l'élimination de l'Allemagne au premier tour de l'Euro-2004 sonne l'heure du déclin. Klinsmann, qui veut être champion du monde en 2006, lui retire le capitanat et instaure la "rotation" entre Kahn et Lehmann.

Le 7 avril, deux mois avant le début du Mondial allemand, Klinsmann choisit Lehmann comme gardien titulaire. Après quelques jours de réflexion, Kahn accepte la place de N.2. Pendant le tournoi, le gardien irascible se mue en réserviste modèle et affirme ressentir "une forme de respect que l'on ne peut pas gagner avec un titre". Il fait même la paix avec son meilleur ennemi Lehmann.

Kahn est récompensé par une dernière cape et un dernier brassard contre le Portugal. Lui qui avait affirmé vouloir poursuivre sa carrière internationale après le 9 juillet, a finalement décidé de sortir par la grande porte, après onze ans de bons et loyaux services pour l'équipe nationale.