MADRID - L'Espagne, championne d'Europe et du monde en titre, vise un triplé historique: si elle remporte l'Euro-2012 en Ukraine et Pologne, elle deviendra la première équipe de l'histoire à réussir la passe de trois avec deux Euros et un Mondial à la suite.

Mais la mission ne s'annonce pas si simple. Si elle peut toujours compter sur le fonds de jeu et le réservoir de talents des deux géants de la Liga, Real Madrid et Barça, l'Espagne devra surmonter un certain nombre d'obstacles.

A commencer par la fatigue. Cinq clubs espagnols ont atteint le dernier carré des coupes européennes: le Real et le Barça ont échoué en demi-finale de la Ligue des Champions, tandis que l'Atletico Madrid a battu l'Athletic Bilbao en finale de l'Europa League, dont Valence a été demi-finaliste.

Fatigue et blessures

Le sélectionneur Vicente Del Bosque était d'ailleurs le premier à l'admettre la semaine dernière: en cette fin de saison, la Roja tire quelque peu la langue.

"C'est vrai que la Liga et la Ligue des Champions ont été dures. Il se peut donc que nous ayons une baisse de régime physique dans les prochains jours, mais nous tenterons de nous remobiliser avant l'Euro", a expliqué Del Bosque juste après avoir donné une première liste de joueurs, en attendant celle définitive communiquée dimanche.

L'usure guette plus particulièrement les composantes d'un Barça qui a terminé la saison en claudiquant, après avoir perdu son titre de champion aux dépens du Real et sa Ligue des Champions, en échouant en demi-finale contre le futur vainqueur Chelsea.

Si le sélectionneur n'a toujours pas fermé la porte à une éventuelle convocation de Carles Puyol, opéré du genou droit mi-mai, il faut se rendre à l'évidence: le défenseur central aux 99 capes ne sera pas prêt. Il a besoin de six semaines de récupération, selon les services médicaux du Barça.

Son partenaire barcelonais David Villa, meilleur buteur de la Roja (51 buts), a lui déclaré forfait mardi, insuffisamment remis de sa fracture du tibia gauche subie en décembre.

Quatre défaites en amical

A ces indices d'usure s'ajoute le statut de l'Espagne, devenue le favori à battre.

Or, elle n'est plus invincible depuis le Mondial-2010, comme le démontrent ses quatre défaites en matches amicaux en deux ans, dont une contre l'Italie, son principal adversaire dans le groupe C de l'Euro, où elle affrontera aussi la Croatie et l'Eire.

Pour autant, l'Espagne reste l'Espagne: une équipe à la circulation de balle parfaitement huilée et d'un très haut niveau technique, avec le duo barcelonais Xavi-Iniesta à la baguette.

L'Armada n'a ainsi fait qu'une bouchée de ses adversaires en phase de qualification, remportant ses huit matches.

Elle peut aussi compter sur le gros moral affiché par les joueurs du Real, vainqueurs de la Liga cette saison aux dépens du Barça. L'ancien latéral droit Sergio Ramos a ainsi pris une autre dimension dans l'axe cette saison avec le club madrilène et devrait également se recentrer en sélection.

Enfin, le retour en forme de Torres, la bonne saison de Llorente avec Bilbao et celle de Soldado avec Valence devraient permettre de compenser l'absence de Villa devant.

En entamant la défense de leur titre contre l'Italie, l'un des outsiders de l'Euro, dès leur premier match de poule le 10 juin, les Espagnols seront en tout cas vite fixés.