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RÉSULTATS

Une attente stressante pour le diagnostic

Gabrielle Carle - Canada Soccer
Publié
Mise à jour

Depuis mon retour d'Australie il y a près de trois semaines, je n'ai pas encore pu disputer un match avec mon club.

 

Lors des dix dernières minutes de notre second match contre l'Australie, je me suis blessée en réalisant un mouvement qui est habituellement très facile à exécuter. Les blessures font partie du sport de haut niveau. Certaines sont moins sévères que d'autres, mais elles viennent toutes avec leur lot de frustration et d'angoisse. Chaque processus de retour au jeu est unique et présente ses propres défis et enjeux, en voici donc plus sur mon cheminement au cours des 3 dernières semaines.

 

Lorsque j'ai senti les os de mon pied d'appui s'entrechoquer telles des cymbales après avoir exécuté une simple passe, je n'ai pas immédiatement pensé au pire. Une minute plus tard, alors que la douleur était toujours aussi intense, j'étais un peu moins optimiste face à mes chances de sortir indemne du match. À court de substitutions, j'ai passé les 8 dernières minutes de la partie au poste d'attaquante centrale, avec une technique de course déplorable. Une heure après la fin du match, j'étais déjà assise dans la salle d'attente de l'urgence d'un hôpital australien, dans le but de passer une radiographie.

 

Je suis entrée dans la salle d'examen du médecin vers 1 h 30 du matin. Alors qu'il observait l'image de mes os sous tous ses angles, j'angoissais. Une fracture ne serait pas exactement un scénario idéal. Il m'a finalement indiqué qu'il n'y avait pas de fracture apparente. C'est donc rempli d'optimisme et le coeur léger que j'ai pris l'avion le jour suivant, convaincue que je serais en mesure d'enfiler mes crampons au cours de la semaine suivante.

 

Ces pensées optimistes furent de courte durée.

 

Le lendemain de mon retour à Kristianstad, allongée dans la clinique de physiothérapie, la docteure et la physiothérapeute de notre équipe examinent mon pied. Plus l'examen évolue, plus les points d'interrogation qui se forment dans leur regard s'agrandissent. Elles ne sont pas convaincues qu'il n'y ait aucune fracture, elles veulent que je passe un IRM. Elles prennent rendez-vous pour moi le jeudi suivant, un jour avant notre match important contre Hammarby.

 

Cette courte période entre mon IRM et le match devrait m'indiquer que mes chances de prendre part à la partie sont inexistantes, mais je m'accroche au brin d'espoir qu'il me reste. Cette goutte d'optimisme s'évapore à 13 h 20 jeudi suivant, lorsque le chirurgien orthopédique croit trouver une fracture sur l'image fournie par l'IRM. Pour être sur, il m'envoie passer un TDM le lendemain matin.

 

J'aimerais affirmer que je suis demeurée positive au cours de cette période d'incertitude, mais en vérité j'étais tout sauf. Il était très difficile pour moi de ne pas penser au fait que ma saison pourrait très bien être terminée, et aux conséquences que cela pourrait avoir à court et long terme.

 

C'est donc avec un sentiment d'impuissance que je m'installe à nouveau dans une machine circulaire qui coute très cher le lendemain. Une heure plus tard, alors que je suis au gym, mon téléphone sonne. C'est notre docteure. Je m'attends à ce qu'elle me confirme que mon pied est bel et bien fracturé, mais le « not » qu'elle prononce entre « is » et « broken » vient me prendre de court. Tellement que je laisse échapper un cri qui ressemble plus à celui d'un goéland qu'à celui d'une personne heureuse.

 

Un son qui ne fait pas l'unanimité parmi les autres utilisateurs du gym. La docteure m'explique par la suite que le temps de récupération est tout de même de 4 semaines, mais que je peux commencer mon processus de récupération dès maintenant en recommençant à marcher sans botte orthopédique.

 

Quelques heures après l'heureuse nouvelle, je me présente à notre match contre Hammarby portant deux chaussures identiques pour la première fois en 10 jours. Alors que je prends ma place derrière le banc de notre équipe dans les estrades, je tremble. Trop de café ou excès de nervosité? Probablement une combinaison des deux.

 

Assises à mes côtés sont deux autres joueuses habituellement sur notre 11 partant, également blessées. J'ai infiniment confiance en l'équipe qui s'apprête à jouer un des matchs les plus importants de notre saison, son résultat impactant grandement nos chances de nous retrouver à la tête du championnat, mais ça ne m'empêche pas de me sentir coupable de ne pas pouvoir être sur le terrain avec elles. Ce sentiment est apaisé une dizaine de minutes plus tard, alors que nous marquons un premier but.

 

L'atmosphère dans les estrades remplies est électrique, le contraste entre la nuit tombante et les lumières aveuglantes pointées sur le terrain ajoutant un côté dramatique au match. Un deuxième but, puis un troisième viennent s'ajouter à la feuille de match au cours de la seconde demie. Le score final de 3-1 nous permet de rester en très bonne position pour aller chercher la première place du championnat au cours des prochaines semaines.

 

Présentement, la seule chose que je peux contrôler, c'est ma discipline pour chaque étape du processus de retour au jeu. Donc, la semaine suivante notre triomphe contre Hammarby, mes journées ont été occupées par des entrainements au gym, sur le vélo stationnaire et dans la piscine. Des activités demandantes tant mentalement que physiquement, mais gratifiantes, chacune d'entre elles me permettant de rester en forme, et ainsi de faire en sorte que lorsqu'il sera temps de renfiler mes crampons, je serai prête.