Par Claudine Douville - L'Espagne a réussi. Après avoir fait un tournoi en demi-teinte, après avoir offert des prestations qui laissaient un goût d'inachevé, elle a trouvé son chemin vers la finale.

Vainqueur de l'Allemagne par le même score par lequel elle l'avait battue pour devenir championne d'Europe à l'Euro 2008, l'Espagne affrontera les Pays-Bas. Peu importe qui l'emportera, ce sera un nouveau champion du monde qui s'ajoutera à la liste des pays couronnés. L'Espagne n'a jamais été finaliste, les Pays-Bas l'ont été deux fois, en 1974 et en 1978. C'est donc dire avec quelle détermination et quelle envie ces deux équipes se retrouveront sur le terrain.

Le match de mercredi nous a montré en première mi-temps deux équipes égales à elles-mêmes. L'Espagne accaparait le ballon, grimpant les statistiques à 68% de possession, tandis que l'Allemagne restait plus statique et défendait. En fait, elle attendait l'erreur de l'autre, misant certainement sur les contre-attaques de Klose ou Podolski.

Et ce fut probablement là l'erreur des Allemands. Où était cette équipe qui avait marqué 13 buts au cours du tournoi? L'absence de Müller, pour accumulation de cartons, a probablement été plus lourde que prévue, lui qui apportait cette étincelle nécessaire pour mettre le feu aux poudres.

De son côté, l'Espagne peut certes remercier son infatigable travailleur qu'est Carles Puyol. Il est partout à la fois, aux semailles et à la moisson, au four et au moulin. Grand inspirateur, grand motivateur, il est celui qui a débloqué la situation à la 73e minute de jeu avec une reprise de la tête qui a déjoué Neuer, excellent jusque là. D'ailleurs, le gardien allemand ne peut s'en vouloir sur ce but, c'était imparable.

Vincente Del Bosque a pris le pari de ne pas inclure son joueur vedette dans sa formation partante. Fernando Torres, el Niño, n'a pas connu le tournoi qu'on attendait de lui. Revenant de blessure, il n'était entré qu'en deuxième mi-temps du premier match de l'Espagne, celui perdu contre toute attente devant la Suisse. Torres n'avait pu faire la différence, ni dans les autres matchs d'ailleurs. Pire, il alourdissait l'attaque espagnole qui semblait retrouver son allant quand on le remplaçait sur le jeu.

C'était donc la bonne décision à prendre, tout comme ce fut la bonne de le faire rentrer en cours de jeu à la 81e minute. Si Pedro ne s'était pas emmêlé les pieds dans la surface et avait su passer à Torres qui déboulait sur sa gauche, toute sa fraîcheur retrouvée, le match se serait certainement terminé 2 à 0. Une prédiction? Torres va débuter le prochain match et Pedro ne sera pas de la formation partante.

L'Allemagne part triste, mais pas déshonorée. Elle a fait l'un des parcours les plus intéressants de cette Coupe et s'est inclinée devant une équipe qui a bénéficié de l'expérience acquise au cours des dernières années…ce qu'elle pourra faire elle-même avec sa jeune équipe bourrée de talent. Une autre prédiction? Elle va remporter l'Euro 2012…

Ceci dit, entre les Pays-Bas et l'Espagne, nous devrions avoir tout un spectacle. Tout est en place pour une finale d'anthologie. Si les deux équipes laissent la peur au vestiaire. Si les attaquants foncent sans se poser de questions. Si personne n'attend l'erreur de l'autre. Si les deux gardiens sont au rendez-vous.

Ça donne presque le goût d'aller s'acheter une vuvuzela… Vivement dimanche!