HAMELN, Allemagne (AFP) - Patrick Vieira et Claude Makelele ont enfin su faire la paire, mardi face à l'Espagne (3-1), pour faire régner la loi de l'équipe de France de football au milieu de terrain, un test plus que probant avant de devoir cadenasser le carré magique offensif du Brésil samedi.

Depuis le début du Mondial-2006, les deux milieux, qui ont remporté à eux deux les trois trophées de "Homme du match" attribués à des Français (Vieira deux, Makelele un), avaient jusqu'alors rayonné chacun de leur côté.

Makelele avait été éblouissant de sécurité et de sang froid contre la Suisse (0-0), puis encore très actif contre la Corée du Sud (1-1), alors que Vieira semblait traîner un certain déficit physique et sombrait à l'heure de jeu.

Changement de décor contre le Togo. Quand Makelele a connu une éclipse, très inhabituelle pour lui, Vieira, capitaine le jour de ses 30 ans en raison de la suspension de Zidane, a qualifié presqu'à lui seul les Bleus: un but du pied droit et une passe décisive de la tête.

Il a remis ça mardi, confirmant sa montée en puissance, mais dans l'ordre inverse: passe décisive du pied gauche (pour Ribéry) et but de la tête.

Pour la première fois du tournoi, cette fois, les deux milieux tricolores ont évolué au diapason, avec chacun son registre: bloqueur et récupérateur pour Makelele, posté plus bas, harceleur et relanceur pour Vieira, placé un cran plus haut, parfois presque même en meneur de jeu.

"Tout le monde sait que "Pat" et "Make", au milieu, sont pour l'instant les meilleurs de la compétition", avait assuré Eric Abidal deux jours avant Espagne-France, persuadé que les Bleus avaient le "meilleur milieu de terrain défensif du monde". Avant mardi, cela ne sautait pourtant pas aux yeux.

"Procès"

Makelele a donc eu raison de tonner, lorsque les critiques pleuvaient sur son coéquipier, que "l'équipe de France ne peut pas se passer de Vieira".

Une sentence aussi prémonitoire que celle de son sélectionneur, qui, le 10 juin, avant le premier match des Bleus en Allemagne affirmait que Vieira allait être "un des joueurs forts de ce Mondial" pour réagir au "procès intenté" à son son joueur.

"J'ai pris cette position, au moment où il était le plus attaqué, parce que ça me semblait utile pour le renforcer dans ce qu'il faisait de bien, expliquait Domenech mercredi. Je l'ai vu travailler, je savais que ça allait être payant. Vous (les journalistes) n'aviez pas toutes les données en main."

Vieira, dont la saison à la Juventus Turin a été perturbée par une pubalgie, lui a rendu ce soutien sous la forme d'une franche accolade, mardi soir à la sortie du terrain.

Les deux trentenaires, devenus la pierre angulaire du bloc défensif des Bleus, ont étouffé les "jeunots" catalans Fabregas et Xavi, finalistes de la Ligue des champions avec Arsenal et le FC Barcelone, gagnant les duels à la pelle et contrariant le jeu offensif rapide et au sol des Espagnols.

A Hanovre, Vieira et Makelele, bien aidés par une défense irréprochable, ont ainsi complètement annihilé, chloroformé l'équipe la plus offensive du premier tour (le plus de buts, de tirs et de tirs cadrés).

Samedi, ce duo d'enfer et d'airain n'aura donc pas forcément de quoi avoir peur d'un carré (Kaka, Ronaldo, Adriano, Ronaldinho) qui n'a encore rien montré de magique lors de ce Mondial.